IV - 3 Suivi continu d'élevages laitiers
suburbains : résultats de sept étables
IV-3-1 Introduction
Un approfondissement des modes d'élevage laitier
suburbains a été mené dans la région de
Rabat-Salé, en poursuivant pendant deux années agricoles
(2000/2001 et 2001/2002) des suivis d'étables dans 7 fermes
représentatives de la région. Ces unités laitières
ont été sélectionnées à partir des
catégories distinguées au cours de l'établissement de la
typologie des élevages suburbains (Partie III.2). Le suivi a
délibérément été étendu sur plus
d'une seule campagne agricole, dans une application directe des
préceptes de l'approche systémique : disposer de valeurs
relatives à plusieurs exercices pour affiner le diagnostic et tenir
compte de la variabilité annuelle des performances [BÉBIN et
al., 1995].
IV-3-2 Méthodologie de l'étude
Les sept étables retenues illustrent le cas de fermes
d'élevage bovin aux caractéristiques fort disparates, à
l'image des résultats obtenues à l'issue de
l'établissement de la typologie des étables suburbaines :
- une ferme appartenant au groupe gaspillant des aliments
concentrés sans gain économique, avec un rendement laitier moyen
inférieur à 2 750 kg par vache (groupe 1 de la
typologie de Rabat - Salé) ;
- deux étables du type spécialisé et qui
se caractérisent par un rendement laitier par vache supérieur
à 4 000 kg et une bonne valorisation des aliments concentrés
conjugués à des ventes de bovins réduites (groupe 2
de la typologie des étables de Rabat - Salé) ;
- une ferme qui relève du groupe dont les
résultats économiques étaient excédentaires
grâce à une alimentation des bovins basés sur les
fourrages (groupe 3 de la typologie de Rabat - Salé) ;
- deux exploitations appartenant au groupe avec des
résultats économiques par vache tout juste positifs grâce
à une distribution de intensive concentrés alimentaires, mais
avec un rendement laitier inférieur à 3 500 kg de
lait (groupe 4 de la typologie).
La dernière exploitation de l'échantillon
consistait en une étable étatique de la SODEA qui avait
été exclue de l'élaboration de la typologie
d'étables, en raison de ses paramètres tant techniques
qu'économiques largement décalés par rapport au reste des
fermes. Toutefois, en raison de ses caractéristiques frappantes de
conduite du cheptel bovin, nous l'avons maintenue dans le suivi annuel, car
elle illustre un modèle de production laitière intensive
singulier par rapport aux réalités de l'élevage au Maroc
(variabilité climatique, absence de « culture »
fourragère - le mot culture devant être considéré
ici dans sa dimension humaine et non seulement agricole -, longue tradition
d'élevage bovin allaitant plutôt que laitier...). Dans le premier
chapitre de cette quatrième partie du doctorat, un large aperçu
sur les pratiques en vigueur et les performances qui en sont issues, dans ce
type d'étables, a été présenté.
Au cours des deux campagnes agricoles où le suivi s'est
déroulé, une visite mensuelle a été
réalisée afin de noter les éléments liés aux
changements de rations alimentaires, aux ventes et achats d'animaux, aux
rendements laitiers globaux de l'étable, aux évènements de
la reproduction et aux pratiques culturales appliquées aux
différents fourrages.
Par la suite, les résultats économiques par
vache et par campagne agricole ont été déduits.
Une monographie d'étable a été
élaborée pour chaque exploitation, en veillant à consigner
les évènements les plus saillants pour en comprendre le
fonctionnement : paramètres structurels, calendrier alimentaire,
main-d'oeuvre employée, type de gestion ...
En vue de mieux exploiter les résultats issus de la
diversité des exploitations suivies, il a été
procédé à la détermination d'un modèle de
prédiction du rendement moyen annuel en lait par vache pour chaque ferme
par rapport aux variables reflétant l'alimentation du cheptel.
L'idée est de créer un outil prédictif fiable de la
productivité moyenne par vache et par étable en conditions
suburbaines. Ceci pourrait pallier l'actuelle carence en données issues
du terrain (rareté du contrôle de performances) et d'aider par
conséquent à planifier des programmes d'appui technique pour les
éleveurs.
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