IV-2-5 Conclusion
La production laitière intensive d'une étable
laitière spécialisée de 70 vaches Holstein en zone
pluviale présente une grande variation annuelle de ses résultats
économiques (bénéfice annuel par vache variant du simple
au double). Ces changements reflètent principalement les effets des
fluctuations climatiques, du moment que le rendement moyen annuel en lait par
vache s'est accru régulièrement (de 4 497 à
5 461 kg vache). En effet, suite à un épisode de
sécheresse marqué, les stocks fourragers engrangés sont
médiocres, et la production laitière affiche des résultats
économiques décevants, suite aux achats massifs de
concentrés pour pallier les manques de fourrages. Dans le cas d'une
très forte sécheresse (1994/1995), l'éleveur peut
même être amené à décapitaliser son cheptel,
pour sauvegarder ses vaches les plus performantes et maintenir le niveau de
production par vache. D'où la relative indépendance de la
productivité du troupeau (moyenne économique) vis-à-vis de
la variabilité annuelle du climat, au prix d'un sacrifice
économique très pesant. Ainsi, l'aléa climatique exacerbe
les carences d'élevage (dépendance vis-à-vis des
concentrés, intervalle vêlage-vêlage supérieur
à 390 jours, mortalité des veaux supérieure à
10 %,...) habituellement rencontrées dans d'autres ateliers
laitiers du Maroc, ce qui rend les éleveurs très
vulnérables. L'ensemble de ces facteurs remet en question le
schéma global de développement de la production laitière
intensive en zone pluviale au Maroc. La situation devrait être encore
plus délicate pour les plus petits élevages (moins de 5 vaches),
en raison de leurs moyens de trésorerie limités pour faire face
au déficit de pluviosité, et qui sont majoritaires dans la
structure du cheptel bovin. Ces considérations devraient interpeller les
décideurs à repenser la vocation d'élevage laitier des
régions d'agriculture pluviale, et d'y envisager de nouveaux
systèmes de production plus adaptés à cette
variabilité climatique, afin de conserver une activité agricole
génératrice d'emplois et parer aux risques d'un exode rural
massif.
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