IV - 2 Résultats économiques et
techniques d'une unité de production laitière dans la
région d'agriculture pluviale de Ben Slimane
IV-2-1 Introduction
L'engouement pour la production laitière intensive qu'a
généré le Plan Laitier de 1975 s'est aussi
manifesté dans les zones d'agriculture pluviale avec des étables
qui s'y sont installées bénéficiant d'une conjoncture
économique favorable. Près de 25 ans plus tard, la situation
économique au Maroc a évolué, ajustement structurel
oblige. Et les aides à l'agriculture ont été revues
à la baisse, voire supprimées. Dans ce nouveau contexte, il est
intéressant d'étudier les pratiques adoptées par les
éleveurs de bovins laitiers dans les zones non irriguées,
à la merci des aléas climatiques, afin de situer leur niveau de
production et leurs résultats économiques. C'est l'objectif du
présent travail, réalisé sur trois campagnes agricoles
(septembre 1994 - août 1995, jusqu'à septembre 1996 - août
1997), dans une unité de 70 vaches Holstein dans la province de Ben
Slimane (centre-ouest du Maroc).
IV-2-2 Présentation générale de la
région de Ben Slimane et de l'exploitation étudiée
Limitrophe à la Wilaya du Grand Casablanca,
première concentration urbaine du Royaume du Maroc, la province de Ben
Slimane a été depuis longtemps associée à
l'approvisionnement alimentaire des citadins de la mégalopole de
Casablanca (5 millions d'habitants) [FOSSET, 1968]. Le climat y est de type
méditerranéen semi-aride à hiver tempéré et
doux et à été chaud et sec. Les températures
moyennes oscillent de 10,3°C en hiver à 23,7°C en
été. La pluviosité connaît des
irrégularités inter et intra-annuelles prononcées. La
moyenne est de 397 mm par an depuis la campagne agricole 1978/1979, et les
années étudiées au cours de ce travail ont affiché
419 ; 147 et 515 mm respectivement en 1993/1994, 1994/1995 et 1995/1996. Les
précipitations des années précédent la
période d'étude ont été rapportées, car dans
ces régions d'agriculture pluviale, les stocks de foin engrangés
au cours d'une année déterminent largement les performances du
cheptel lors de la campagne qui suit [AMINE et BAGHATI, 1997].
La situation géographique de cette exploitation est
rapportée dans la figure 24.
L'élevage étudié, classé par les
pouvoirs publics dans la catégorie des unités
pépinières, constitue un modèle pour les agriculteurs de
la région, en tant que pôle régional d'amélioration
génétique. A cet égard, il est intensivement
associé à la diffusion de bovins de type laitier auprès
des petits éleveurs proches. L'analyse sur une période de trois
années se justifie par l'intérêt des bilans de longue
durée pour porter un jugement fiable sur un système
d'élevage [BEBIN et al., 1995]. Les données relatives
à l'activité quotidienne de l'unité de production
(production par vache, actes d'insémination, vêlages,
mortalités, achats d'aliments, emblavures en cultures
fourragères...) ont été saisies dans les fiches internes
tenues par l'éleveur, ainsi que dans les documents officiels du
contrôle laitier et de l'unité industrielle preneuse du lait.
Nord
Ouest
Rabat - Salé
Province de Ben Slimane
Rabat - Salé
Kénitra .
Mer Méditerranée
Océan Atlantique
Echelle : 1/20 000 000
Figure 24. Situation de l'exploitation laitière
étudiée en zone d'agriculture pluviale.
L'exploitation, avec une superficie de 100 ha, se situe dans
l'ensemble des exploitations agricoles de très grande taille au Maroc
(moins de 5 % des exploitations marocaines ont une assise foncière
supérieure à 50 ha) [MADRPM, 1999]. Les productions
végétales sont basées essentiellement sur les cultures
fourragères (vesce-avoine, maïs, orge) et les
céréales dont les résidus (paille) sont destinés
à l'alimentation du bétail. La place réservée
à chaque catégorie diffère d'une année à une
autre, en relation avec l'ampleur des premières pluies d'automne,
garantes des possibilités d'installation avec succès des cultures
fourragères [JOUVE, 1993]. Le maïs, tenté à titre
expérimental (3,1 ha, en 1996/1997) pour disposer d'un fourrage de
qualité lors de la soudure estivale, n'a pas donné le
succès escompté, en raison du stress hydrique qui l'a
affecté conjugué à l'impossibilité de l'irriguer
à cause de l'absence d'une nappe phréatique accessible.
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