IV-1-3-e Facteurs explicatifs des performances des
vaches par unité de production
L'analyse de la covariance a confirmé l'effet
prédominant des facteurs de conduite des vaches laitières sur les
variations de leurs performances, comme cela a déjà
été mis en évidence par AGABRIEL et al.
[1993].
Ainsi, l'analyse statistique a révélé que
les vaches de la SODEA les plus fortes productrices exigent au litre de lait
moins d'UFL des concentrés par rapport aux mauvaises laitières.
Ce résultat concorde parfaitement avec les observations de WOLTER [1994]
qui indique une dilution des frais fixes d'élevage et d'entretien
rapportés au kg de lait chez les vaches fortes productrices (figure
20).
Figure 20. Effets des quantités de concentrés
par kg de lait sur la moyenne économique dans les étables
étatiques.
Dans ce même ordre d'idées, nous avons pu
observer que lorsque la ME évolue de 4 650 (UP 3) à
6 942 kg/v/an (UP 4), il apparaît une baisse des UFL cc/ kg lait de
0,28. Toutefois, cette affirmation doit être nuancée par la
remarque suivante : les moyennes économiques de 4 650 kg/v/an et de
6 943 kg/v/an correspondent respectivement aux vaches de race Fleckvieh et
Holstein. Or, les vaches de race Fleckvieh ont de moins bonnes aptitudes de
production laitière que les vaches de PN ou des vaches croisées
PN X H, mais en contrepartie elles présentent une meilleure
qualité bouchère [TOUCHBERRY, 1992].
A l'opposé de l'UFL cc/kg lait, le critère UFL
cc/v/an évolue dans le même sens que la ME (fig. 21). Des apports
annuels par vache plus élevés en énergie issue des
concentrés sont donc associés à des performances plus
importantes (P = 0,001). Ces résultats rejoignent nos observations dans
d'autres étables marocaines, où la faiblesse des apports en
fourrages conjuguée au zéro-pâturage, font que les
performances des vaches sont tributaires de leurs consommations en
concentrés [SRAÏRI, 1999a]. Toutefois des tendances contradictoires
ont pu être observées (UP 2 et 4), comme le montre la figure 20,
ce qui a pour conséquence un coefficient de détermination faible
(7%). Ceci pourrait être mis en relation avec la nature et la
qualité du fourrage et des concentrés [COULON et al.,
1989], ou avec les variations des niveaux d'apports azotés qui exercent
des effets prépondérants sur les performances de production
laitière [CLARK et DAVIS, 1980].
Figure 21. Relation entre la moyenne économique et la
consommation moyenne annuelle de concentrés par vache dans les
étables étatiques.
Quant à la corrélation établie entre la
ME et l'UP, elle peut être expliquée par le fait qu'il existe des
facteurs propres à l'UP (race animale, technicité de la
main-d'oeuvre,...) qui font que les potentiels génétiques
s'expriment différemment d'une UP à une autre.
Conditionnée par un ensemble de facteurs liés à l'individu
(sens de responsabilité, conscience professionnelle, savoir-faire...) et
à l'environnement (installations d'élevage qui sont à la
fois le cadre et le support de l'activité animale...), la manière
d'opérer et de conduire le troupeau est à l'origine des
différences de la ME.
Concernant la reproduction, l'analyse statistique a
révélé qu'elle n'était significativement
liée qu'à l'année (P = 0,0108). Ceci rejoint les
observations de BERBIGIER [1988] qui a indiqué qu'en élevage
bovin laitier dans des zones à aléa climatique prononcé
(sécheresse, stress thermique estival), les performances de reproduction
sont liées au climat et à ses variations annuelles, de par leurs
effets directs sur l'animal et indirects sur la production
fourragère.
Lors de l'analyse des facteurs de variation des performances
économiques, il s'est avéré que l'effectif moyen de vaches
présentes et le pourcentage de vaches dans l'effectif étaient
corrélés positivement au bénéfice par vache. Par
ailleurs, la marge brute par vache décroissait avec l'augmentation de la
consommation de d'énergie issue des concentrés par kg de lait
comme le montre la figure 22.
UP 4
UP 1
UP 6
UP 5
UP 3
UP 2
Ces résultats rejoignent ainsi les recommandations de
WOLTER [1994 qui prônent de satisfaire au moins les besoins d'entretien
des vaches laitières par des fourrages produits sur l'exploitation.
Figure 22. Incidence de la consommation de concentrés
par kg de lait sur le bénéfice moyen par vache dans les
étables étatiques.
De plus, une diminution de marge brute moyenne par vache
s'observe lorsque le nombre de jours de travail par UGB augmente (fig. 23), ce
qui concorde avec les résultats de LIGERO-TORO et al. [1990 qui
ont affirmé que la gestion de la main-d'oeuvre constitue l'un des
problèmes les plus épineux à résoudre dans un
atelier laitier. Plusieurs autres auteurs ont relevé cette même
corrélation négative entre durée du travail et
rentabilité par vache [NOTT et al., 1981.
Figure 23. Effet de la durée du travail (en jours) par
Unité Gros Bétail bovine sur le bénéfice par vache
dans les étables étatiques.
|