1.3.
Les soubassements de la théorie sociocritique
Pour que notre méthode fût solidifié et
pût être appliquée sur notre corpus, il y eut le concours de
beaucoup de théoriciens dont nous allons voir dans la ligne de l'analyse
littéraire. Nous citons quelques oeuvres à ce propos :
Le Dieu caché (1965) et Pour une sociologie du roman
(1964), de Lucien Goldmann et Théorie du roman (1963) de
Georges Lukács qui nous semblent pertinents dans le liminaire de ce
parcours.
1.3.1
Georges
Lukács
Dans l'analyse du roman, nous avons beaucoup de
théories de Georges Lukács. Selon Lucien Goldmann,
« La forme du roman qu'étudie Lukács est celle que
caractérise l'existence d'un héros romanesque qu'il a très
heureusement défini sous le terme de héros
problématique » (1964 : 23).
Pour cela, les analyses de Lukács permettent
d'entreprendre une étude sociologique sérieuse de la forme
romanesque. En tous cas pour Georges Lukács, le roman reste une
histoire d'une recherche « dégradée » et
Lukács appelle ça une « histoire
démoniaque » car il y a en cela, la recherche de valeurs
authentiques dans un monde dégradé lui aussi mais à un
niveau autrement avancé et sur un monde différent.
Ainsi, tout lecteur devrait être capable de
repérer la présence de ce héros (démoniaque) dans
un roman. Mais la sociologie du littéraire comme celle de la
réception au sens strict du terme se révèlent
partiellement étrangères à l'essentiel de ce qui a lieu
dans le texte. Ainsi, la sociocritique chez Lukács semble pouvoir les
intégrer. Entre les déterminations et les conséquences,
le texte est important pour les attirer dans sa lecture.
Dans les romans réalistes, Lukács insiste sur
les concepts de totalité et de type où il
construit un contraste manichéen entre le roman réaliste et le
roman naturaliste.
Bergez et al, nous expliquent que dans cette entité
typique et totale du roman,
« On n'oubliera pas que le projet sociocritique fut
un projet précis et daté, mais aussi, par définition, un
projet ouvert et qu'il le demeure, alors que la sociologie de
« l'amont » comme celle de « l'aval »
sont constamment guettées par le réductionnisme.»
(1999 : 123).
Pour Georges Lukács, la situation problématique
dans laquelle se trouve le héros est exhumée sous forme de ce
qu'il appelle « ironie » dans une oeuvre romanesque.
Lukács lui-même se montre le plus cohérent en ses
propos :
« Une fois apparue la société de
classes, la grande poésie épique ne peut plus tirer sa grandeur
épique que de la profondeur typique des oppositions de classes dans leur
totalité mouvante. Pour la nouvelle figuration épique, ces
oppositions s'incarnent en tant que lutte entre des individus dans la
société soulignée dans le texte ». (Le roman, in
Ecrit de Moscou, cité par Bergez et al 1999 : 136).
Les personnages problématiques font donc irruption dans
la société écrasée par l'intense production pour le
marché, faisant naître des classes bien dessinées :
les prolétaires et les producteurs. C'est pourquoi il fustige aussi un
réalisme régressif dans son Roman historique (1964).
Il n'est donc pas étonnant que Georges Lukács a
été le grand théoricien de la théorie
sociocritique. Ses théories sont bien importantes parce qu'il fait
(Lukács) ressortir du roman, ce qui nuit à la
société moderne en provoquant l'essoufflement des valeurs
traditionnelles.
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