CONCLUSION GENERALE
Il serait une présomption de dire que cette
étude a touché tous les coins nécessaires que l'analyse
critique de cette oeuvre Noces sacrées peut permettre. La
raison est que notre sujet était essentiellement limité à
l'étude du manichéisme discursif en passant par les avatars du
passage souvent dramatique de la tradition à la modernité.
Pour y arriver, nous avons d'abord procédé
à l'explication de la méthode sociocritique comme outil d'analyse
littéraire. Ce premier chapitre nous a aidé à montrer que
toute oeuvre littéraire est ancrée dans la société
qui lui a donné naissance. C'est pourquoi avec Delcroix et
Hallyn « la socialité du littéraire s'est de plus
en plus mesurée d'après un matériau déjà
textualisé, de caractère symbolique ou
sémantique » (1987 : 294). Par différents
théoriciens de la sociocritique, nous avons montré qu'une
connaissance de la formation sociale impliquée par les oeuvres est le
préalable à toute démarche explicative.
Ensuite, nous avons passé à l'analyse
littéraire de Noces sacrées comme une oeuvre faisant
partie du thésaurus des textes de la littérature mondiale. Le
parcours narratif de N'tomo a montré qu'il est un héros
exceptionnel, « un héros fétiche » qui
conduit souverainement toutes les principales actions du roman. Il impose des
tourments à son offenseur et le châtiment devient tout
éternel.
L'étude de temps est de l'espace a été
plus importante, car elle a montré que l'inscription des
références aux éléments esthétiques de
l'oralité et leur mise en narration romanesque constitue des
éléments constitutifs de la conservation de la tradition
africaine.
Au niveau des thèmes, la trans-culture montre que
Badian puise dans le mythe grec pour écrire son roman. Les thèmes
du sacré et la permanence de la tradition en général
restent les plus importants.
Avec cette analyse, il a été aussi montré
que «toute science véritable doit être un
secret » comme le dit Djibril Tamsir Niane dans son Epopée
mandingue. Tout cela constituait le propos du deuxième chapitre.
Le troisième chapitre a été le plus
important, car toutes les analyses précédentes devaient
déboucher à l'analyse du manichéisme discursif dans
Noces sacrées. Nous avons d'abord montré que la
notion de manichéisme a été d'abord du domaine religieux
surtout chez les Perses et était une philosophie qui opposait le bien et
le mal comme deux forces régissant le monde. C'est par après que
la critique littéraire s'est emparée du terme. Dans une ironie
aiguë, nous avons montrée avec les concrétions discursives,
que les discours antagoniques courent dans tout le roman.
Toute la société du roman est composée
des êtres différents : les dieux, les déesses, les
humains, les ancêtres qui font fantastiquement irruption dans la vie
courante et veulent tout faire pour que le patrimoine culturel soit
retrouvé. Noces sacrées est donc construit autour d'un
schéma manichéen qui oppose, de façon directe ou
détournée sous l'ironie et l'humour, l'Europe et l'Afrique, la
tradition et la modernité, le bien (africain) et le mal (colonial).
Par ici, nous avons atteint notre objectif et
vérifié nos hypothèses avec ce point final du
manichéisme discursif ancré dans la narration soit
ultérieure, soit postérieure dans la pleine culture africaine
menacée par la culture occidentale.
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