2.4.2.
Le temps romanesque
« Les romans sont toujours des machines à
explorer le temps » (Georges Jean, 1971 : 49). Les raisons qui
ont milité pour l'étude du temps romanesque à
côté de la spatialité sont nombreuses, mais la principale
est que tout roman se construit autour d'une narration soit ultérieure,
soit postérieure. Dans ce sens, la narration dans Noces
sacrées concerne souvent le retour dans le passé
d'où la narration analeptique ou ultérieure, et « les
histoires enchâssées servent comme arguments.» (Todorov,
1978 : 37).
Dans tout cela, tout personnage, comme le dit Georges Bataille
dans Le Bleu du ciel (1976 : 11), « est
suspendu aux récits, aux romans, qui lui révèlent la
vérité multiple de sa vie ».
« J'avais mis la main sur le secret de Soret.
Il était membre d'une secte secrète » (N.S. :
11). Cette forme de narration est analeptique et les exemples ne manquent pas
dans le roman : « j'étais furieux parce qu'il ne m'avait
rien dit de ces choses. » (N.S. :11).
Concernant la narration proleptique, les exemples sont aussi
nombreux : « André, tu sera plus jamais l'homme
que tu a été » (N.S. : 14). « Approche
un seul sanctuaire...tu le regretteras toute ta vie.» (N.S. : 12).
Nous disons sans grand risque de nous tromper que tout roman
obéit à ces principes narratifs. Selon Gérard Genette,
dans Figure II (1969), il peut s'agir de la narration
ultérieure, antérieure [...]. D'où le temps s'appuie sur
ces deux sortes de narration déjà mentionnées. Pour
Todorov, « les aspects apparemment chaotiques et contradictoires
[...] trouvent leur cohésion » (1978 : 156).
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