WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La conférence de rédaction comme outil d'auto-régulation et espace de communication organisationnelle

( Télécharger le fichier original )
par Anicet Laurent QUENUM
Université Cheickh Anta Diop de Dakar - UCAD - DESS 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II

II. QUELQUES FONDEMENTS ETHIQUES DE L'AUTOREGULATION

La pratique professionnelle fait appel à un certain nombre de règles morales. Ce métier, écrit Gérard Ponthieu, ne saurait se justifier en dehors d'une éthique. Le développement d'une presse responsable et de qualité accompagne la vie démocratique ; l'une et l'autre cheminent de pair; elles ne peuvent grandir l'une sans l'autre »31 Raison pour laquelle, la plupart des confrères sont d'accord pour que soit intégré à tout projet d'assainissement de la profession, une action de réhabilitation de quelques valeurs cardinales que sont : la promotion de la rigueur et de l'honnêteté par l'exemple, l'équité, la probité intellectuelle, l'objectivité, la responsabilité sociale, l'esprit d'équipe, la juste motivation, etc.

2.1 La ponctualité

L'adage bien connu nous apprend que la ponctualité est la politesse des rois. Qui donnera le bon exemple ? Les ministres chargés de prononcer les discours d'ouverture des nombreux séminaires qui se succèdent au quotidien ? Et pourquoi pas le chef de l'Etat attendu à la cérémonie d'ouverture d'un colloque international ? Serait-ce trop lui demander? A force d'être des témoins de la ponctualité au sommet, il est possible que les journalistes qui sont tributaires du programme des officiels finissent eux aussi par prendre le bon pli dans l'hypothèse que la ponctualité puisse être aussi contagieuse que le retard. Mais, entre-temps, peut-être faudra-t-il penser à instituer dans les Rédactions, des primes à la ponctualité.

31 G. PONTHIEU, Le métier de journaliste en 30 questions-réponses, GRET, 1998, p. 17

2.2 L'honnêteté

Pouvoir dire les choses telles qu'elles sont. Tel est le minimum à exiger d'un journaliste. Si l'objectivité est un idéal hors de portée comme l'on semble l'admettre désormais sous tous les cieux, les journalistes devraient en revanche tenir l'honnêteté pour une valeur élevée dans leur pratique professionnelle. A certains égards, elle paraît d'ailleurs moins abstraite que l'objectivité et pourrait dans l'entendement d'un professionnel de l'Information, correspondre au respect du principe du caractère sacré des faits. Restituer les faits sans état d'âme, sans parti pris et ne pas chercher à donner à un événement plus ou moins de valeur qu'il n'en a, constituerait en tout cas de bonnes prémices pour la pratique de l'honnêteté.

Ainsi, l'honnêteté dans le métier voudrait qu'un journaliste chargé d'assurer la couverture médiatique d'un meeting politique ne soit jamais tenté de faire croire à l'opinion publique le contraire de ce dont il a été témoin parce qu'il serait d'un bord politique adverse. S'il a découvert une salle comble, qu'il ne tente pas de faire croire à l'opinion publique que cette salle en question a eu du mal à se remplir. L'honnêteté lui recommande en pareille circonstance, de ne pas faire des omissions volontaires sur des détails significatifs et de ne pas occulter à dessein des déclarations supposées contraires à ses intérêts ou convictions à lui tout seul.

De même, s'il arrive que pour une raison ou pour une autre, un journaliste nourrisse quelque antipathie à l'endroit d'un acteur de la vie politique nationale, il se doit de ne pas en faire porter le préjudice à ce dernier à travers le traitement qu'il fera de l'information recueillie.

S'il se trouve aussi que le reportage qu'est appelé à couvrir un journaliste est commandité par un personnage avec qui il a des relations conflictuelles, il est hors de question qu'il veuille se servir de cette contingence comme une occasion de vengeance. L'honnêteté, entre autres exemples, serait aussi la faculté qu'aurait un journaliste de reproduire un réquisitoire fait à l'occasion d'une conférence de presse contre sa corporation. Il laissera le soin à ses confrères et à ses auditeurs de s'en faire une opinion. Cette dimension de l'honnêteté renvoie le journaliste à son code de déontologie qui lui interdit d'user de sa plume, de son micro ou encore de sa position de faiseur d'opinions pour régler des comptes ou pour se faire justice.

Toujours en vertu de l'honnêteté, un élément d'archives ne sera pas présenté comme un élément d'actualité. De même, un journaliste honnête ne passera pas outre la volonté d'un interviewé en restituant dans les colonnes de son journal ou dans une émission radiotélévisée, une information obtenue « off the record » (hors micro).

2.3 Le sens de la responsabilité sociale

Cette notion de la responsabilité sociale du journaliste semble avoir été bien campée par le journaliste sénégalais Mame Less Camara à qui nous empruntons la métaphore que voici: «les médias sont comparables à des routes et peuvent, à ce titre, servir aussi bien de lieux de passage à des bus d'écoliers qu'à des chars de combat. En clair, les médias incarnent une neutralité telle que leur usage appelle de la part des journalistes une bonne dose de conscience morale» 32De cette métaphore, on peut retenir cette vérité bien établie selon laquelle les médias ne sont bons ou mauvais que par rapport à l'usage qu'on en fait et par rapport aussi à la conscience de ceux qui les manipulent.

Raison pour laquelle, l'autorégulation est une option pleine de risques si l'on n'est pas sûr d'avoir affaire à des journalistes mûrs et pénétrés d'une certaine éthique de la communication qui préserve les meurs, la dignité, les droits humains, la stabilité sociale, le droit à la différence, la paix collective, etc. Car, si la communication a pour vocation première d'informer, il est important que cette information puisse permettre à chacun de conserver et de faire agir sa liberté d'appréciation par rapport à une situation. Le cas de la Radio « mille collines » lors du génocide rwandais est encore frais dans nos mémoires pour nous convaincre de la nécessité d'une démarcation radicale à opérer entre l'information tout court et l'information à des fins de mobilisation, de manipulation ou de subversion.

Et c'est justement à ce sens du discernement qu'invite le professeur Oumar DIAGNE, directeur du CESTI, qui plaide pour un journalisme qui donne du sens à l'activité informationnelle : « quand une information, bien que vraie, vérifiée et vérifiable, risque de déstabiliser la nation au sens profond du terme, ou de compromettre fatalement l'ordre républicain, il serait inintelligent de la livrer en toute légèreté... »33. De même que toute connaissance n'est pas profitable, toute vérité n'est également pas bonne à dire. Il y a d'abord la façon dont elle est dite et ensuite l'intentionnalité de la personne qui l'a dit par rapport au bien de la société. A ce sujet, Communio et progressio signale que « la bonne volonté et les intentions pures, bien qu'indispensables à la morale journalistique, ne suffisent pas. Les communicateurs sociaux doivent traiter l'information en se préoccupant avec la même rigueur de son contenu que de la manière dont elle est transmise au public. Les différences de cultures, de traditions, de sensibilités

33 Article sur « Journalisme et Développement » in Quaderni, n° 36, 1998, p.39

doivent être respectées.» 34 Car, en définitive, à quoi servirait l'information la plus croustillante si elle doit finalement mettre en péril la République?

C'est sûrement là l'un des plus gros défis de l'autorégulation qui, a priori, se fonde sur le principe que les journalistes, au sein de leurs Rédactions, seront assez sages et perspicaces pour choisir et décider ce qui est bon à savoir par l'opinion publique et qui, par ailleurs, protège les équilibres institutionnels et sociaux ainsi que les intérêts de la République et du citoyen.

2.4 Quid de l'intégrité morale?

C'est sûrement la solution la plus simple que de faire comme tout le monde pour ne pas avoir à trop déranger les autres. Du moins, cela est tentant. Mais, heureusement, les modèles d'intégrité, même s'ils sont assez rares existent encore et l'on peut citer l'exemple de cet ancien rédacteur en chef de Radio-Bénin (1998) qui a su retourner à l'envoyeur un billet de 5000 FCFA qui accompagnait un communiqué de presse dans le but d'en faciliter la diffusion. Il l'aurait accepté qu'il aurait non seulement trahi son code d'éthique mais il aurait également créé un manque à gagner à l'Office de Radio et Télévision du Bénin (ORTB) qui dispose d'un service de Relations Publiques chargé de facturer et d'encaisser les bénéfices générés par certaines prestations de Radio-Bénin.

Seulement, à un moment où tous les repères sont en péril, il est difficile de prêcher la vertu, même si les esprits les plus sages enseignent qu'il n'y a du mérite que dans ce qui est hors du commun. Alors, refuser un perdiem sur le lieu d'un reportage doit-il entraîner pour son auteur railleries, inimitiés et menaces? Si oui, faut-il aller vers la solution conventionnelle qui consiste à faire comme tout le monde? Autrement, que

34 UCIP, Pour une société de communication, Editions Cana, 1981, p.55

faire si le droit à la différence heurte trop de sensibilités et vous met en quarantaine dans votre propre corporation ? A ces questions, il ne saurait avoir de réponses écrites. A chacun selon sa conscience!

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote