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Impact de la gestion participative sur les densités et effectifs des populations animales dans l'unité technique opérationnelle de la Benoue au Nord-Cameroun: Cas des ZIC N?°1 et 4 et du Parc National.

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par Maurice MENDJEMO
Université de Liège - Master Complémentaire en Gestion des Ressources Animales et Végétales en Milieux Tropicaux 2009
  

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2.1.7. Historique de l'UTO de la Bénoué

A l'époque précoloniale, la zone actuellement occupée par le PNBé et sa périphérie était utilisée par le Lamido (autorité traditionnelle suprême) de Rey-Bouba comme son domaine privé de chasse. Sous l'impulsion de l'administrateur colonial Pierre Flizot, une partie de ce domaine fut classée "réserve de la faune de la Bénoué" suivant l'arrêté N° 341/32 du 11 novembre 1932 du haut commissaire de la république française au Cameroun. Afin de limiter la pression sur les ressources naturelles, l'arrêté N° 120/SEDR du 5 décembre 1968 érigea ce domaine en "Parc National de la Bénoué". L'UNESCO classa en 1981, le PNBé dans la liste des réserves de la Biosphère en raison de la présence humaine autour du parc et son premier plan d'aménagement fut élaboré en 2002 (Tsakem, 2006). Les zones d'intérêt cynégétique 1 et 4 comme toutes les autres ZIC de la province ont été

créées autour du parc par l'arrêté N° 86/SEDR/DEFC du 21 octobre 1969. Ce sont les zones vouées à la protection et à l'exploitation de la faune par la chasse moyennant paiement de droits et taxes tels que prévus par la réglementation en vigueur.

L'unité technique opérationnelle (UTO) de la Bénoué est l'unique aire protégée de première catégorie dans la région septentrionale du Cameroun. Bien qu'elle soit classée parmi les plus riches du pays en termes de diversité biologique, cette aire protégée, tout comme les zones banales environnantes, sont exposées à la chasse illégale ou braconnage; les populations locales appréciant bien le gibier (WWF, 2004).

2.1.8. Caractéristiques socioculturelles et démographique de la zone d'étude

· Groupes ethniques et migrations des populations

Plusieurs ethnies composent la population vivant dans l'UTO de la Bénoué. Les groupes autochtones sont composés des Haoussas essentiellement commerçants, des Foulbés particulièrement éleveurs, des Fali, Kangou, Mboum, Laka, Dourou, Veré, Tchamba, Bata qui sont des agriculteurs. L'ethnie majoritaire est constituée par les Dourou pour la plupart des agriculteurs.

Les allogènes sont représentés par les immigrants venus de l'Extrême-Nord et du Tchad: il s'agit des Toupouris, Massa, Matakam, Moundang, Guiziga, Laka, Mada qui pratiquent pour la plupart la culture du coton (WWF et al, 2002). Ils sont fortement impliqués dans l'exploitation et la vente de bois de chauffage ; activités qui contribuent substantiellement à la destruction du couvert végétal, et donc de l'habitat pour la faune.

La population de la région du Nord est à la fois moins dense et moins bien repartie (73% de la population y occupe seulement 26% de la superficie) (DNSC, 2007). L'UTO s'étend sur un seul département et est peuplée d'environ 176708 habitants (Endamana et al., 2006).

· Organisation sociale et régime foncier

La société dans la Région du Nord Cameroun est organisée autour de la chefferie localement appelée Lamidat à la tête duquel se trouve un Lamido qui constitue l'autorité traditionnelle ; celui-ci est le véritable gardien des traditions ancestrales. Les ZIC 1 et 4 comptent prêt de 9 villages tous sous l'autorité du Lamidat du Rey-Bouba. Les Lawans sont les chefs de quartiers tandis que les djaoros sont les chefs du village. Ceux-ci constituent les relais du Lamido au niveau des villages et des quartiers.

Le système politique traditionnel y est de type féodal où le Lamido est considérée comme l'intermédiaire entre Dieu et les hommes ; cette autorité est décentralisée au niveau des relais locaux; ainsi le lamido confie une partie de la gestion du territoire aux lawans et aux djaoros qui ont

respectivement le statut de chef de deuxième et troisième degré. Les régimes fonciers traditionnels en

vigueur valorisent soit une gestion collective, soit une gestion individuelle des terres (Nanko, 2009) :

- Chez les populations non islamisées ou Kirdi de la plaine (Koma, Moundang, Toupouri, Massa) et des montagnes (Mafa, Mofou), le régime foncier privilégie les droits de l'individu par rapport à la collectivité ; chaque chef de famille dispose d'une portion de terre sur laquelle il exerce des droits (agriculture, élevage, etc.). La notion de propriété collective ne s'applique qu'à des pâturages communs forts limités. Dans ces communautés, chaque paysan peut louer, vendre ou acheter des terres sans en référer à une autorité supérieure, à la seule condition de ne pas vendre au profit d'un étranger au village.

- Chez les peuples musulmans des plaines de la Bénoué, du Diamaré et du Logone, le Lamido est le maître des terres. La gestion et l'administration effective et quotidienne du territoire incombent aux autorités vassales. Le rôle et les prérogatives coutumières des chefs de village (Lawan, Djaoro, Ardo, Boualma) sur les terres se sont accrus du fait de l'installation des migrants kirdi dans les plaines, dans le cadre des projets de développement ou des périmètres de colonisation. Le droit d'usage des terres ne peut être qu'une concession du Lamido ou de ses suzerains moyennant certaines redevances, notamment la zakkat ou aumône légale. Les étrangers notamment les éleveurs nomades et les cultivateurs kirdi sont soumis à une taxe d'utilisation de la terre ou du pâturage.

D'après le droit coutumier « Peuhl », toutes les terres, y compris celles des habitations, appartiennent au « Lamido ». A ce titre, la création d'un nouveau champ est subordonnée à l'autorisation préalable et inconditionnelle du « Lamido » au demandeur. La pratique dans les ZIC N°1 et 4 semble s'écarter de ce principe général, sans doute en raison de sa situation excentrique par rapport au « Lamidat ». En effet, l'acquisition d'un terrain de culture varie du libre accès (défrichement d'un terrain vierge ou cession d'un champ familial) pour la population locale à l'autorisation préalable du « Djaoro » (chef de village) pour le demandeur.

Les conflits dans l'UTO de la Bénoué sont nombreux et de plusieurs types :

- Conflits agriculteurs- éleveurs nomades dans les zones de pâturages et sur les pistes à bétail ; - Conflits pêcheurs - éleveurs sur les zones de pêche ;

- Conflits agriculteurs - éleveurs autour des points d'eau (mares, AEP, etc.) ;

- Conflits entre les populations musulmanes qui veulent conserver leur hégémonie sur les terres et les migrants animistes ou chrétiens en conquête permanente des surfaces cultivables.

La gestion de ces conflits est assurée en premier ressort par les chefs traditionnels et, en cas de

persistance, par diverses instances d'arbitrage créées par le gouvernement au niveau local.


· Genre et groupes à risques ou marginaux

La situation sociale de la femme dans tous les groupes sociaux dans cette région est caractérisée par les mariages précoces et la sous-scolarisation. Les femmes sont généralement défavorisées par

rapport à l'accès à la propriété foncière, aux facteurs de production et aux postes de responsabilités dans les groupes d'initiatives communes (GIC) de producteurs de coton et de riz, surtout dans les sociétés islamisées. Cependant elles sont les actrices principales dans les systèmes de production vivrière dont elles gèrent l'essentiel des revenus. Par ailleurs elles disposent de leurs propres groupements (Cheumani, 2009).

Malgré leur forte implication dans les activités agricoles (production vivrière) et dans les travaux ménagers, les femmes restent défavorisées dans le processus de prises de décision et de participation à la vie publique. Elles participent de façon très discrète aux prises de décision au sein du ménage. C'est l'homme qui prend les décisions tant au niveau familial qu'au sein de la communauté. On note de plus en plus une évolution des mentalités avec un élan d'émancipation chez les femmes qui commencent déjà à développer des attitudes d'autonomie et se montrent assez dynamiques dans le mouvement associatif où elles mettent en exergue leur leadership.

Les Bororos constituent un autre groupe marginal à cause de leur genre de vie nomade et de leur instabilité sur plusieurs terroirs. Quant aux jeunes, ils participent à tous les systèmes de production sans avoir accès aux revenus qui sont gérés par les chefs de famille. Le travail des enfants est généralisé dans tous les secteurs de production et principalement dans les communautés d'éleveurs ; ce qui est un facteur limitant à leur scolarisation.

Les groupes à risques sont représentés par les migrants lors de leur arrivée dans les zones d'installation et par des ménages pauvres contraints de vendre à bas prix leurs céréales à la récolte et qui ne peuvent plus ensuite satisfaire leurs besoins alimentaires au moment de la soudure.

La gestion des faibles revenus familiaux est mal assurée par la plupart des chefs de famille et les périodes de soudure sont souvent très difficiles pour la majorité des agriculteurs. Une partie non négligeable des revenus est prélevée par les autorités traditionnelles sous forme de Zakkat ou de loyer des terres souvent affermées pour une période déterminée.

2.1.9. Caractéristiques économiques de la zone d'étude

Les principales activités économiques des populations de l'UTO sont l'agriculture, l'élevage, la pêche, le petit commerce, l'artisanat. Les principaux produits de l'agriculture sont le sorgho, le mil, le coton, le maïs, le riz, l'arachide, le niébé et les cultures maraîchères. Les principaux produits d'élevage sont les bovins, les caprins, et la volaille. La pêche est pratiquée dans la Bénoué et dans les mayo (cours d'eaux saisonniers dans la région). Le petit commerce se résume à la petite restauration, à la vente des produits manufacturés.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams