1.5 Aspirine
1.5.1 Introduction
L'aspirine ou acide acétylsalicylique
(CH3COOC6H4COOH) est un médicament
utilisé comme, analgésique antipyrétique,
anti-inflammatoire. En effet, grippe, rhume, fièvre, migraine, douleurs
diverses sont les maux que depuis plus de 100 ans elle permet de soulager. Ce
médicament, déjà ancien, reste le plus vendu dans le monde
(Lechat et al, 1982). Il se présente sous forme d'un solide blanc, de
point de fusion 133°C. La préparation de l'aspirine est
présentée sous forme essentiellement de comprimés ou
sachets (Lechat et al, 1982).
1.5.2 Historique
Le nom acide salicylique donné à l'aspirine
vient du latin salix, qui signifie saule. C'est en effet à
partir de l'écorce du saule que l'on obtient la salicyline, substance
très proche de l'acide acétylsalicylique contenu dans l'aspirine.
La salicyline est donc le « principe actif » du saule,
c'est-à-dire la substance responsable des propriétés
curatives de la plante. Naguère, on tirait la salicyline de morceaux
d'écorce séchés et on s'en servait comme remède
contre les accès de fièvre. Aujourd'hui, ce principe actif peut
être obtenu par synthèse en laboratoire (Lechat et al, 1982).
C'est au XIXe siècle que les progrès
réalisés en chimie d'extraction et d'analyse permettent d'isoler
et d'identifier les principes actifs responsables des propriétés
thérapeutiques de ces remèdes. En 1825, Fontana, chercheur
italien, isole le principe actif du saule blanc et le nomme salicine. En 1829,
le français Leroux réalise l'analyse de la salicine. En 1838,
Pira prépare à partir de la salicine l'acide salicylique, plus
efficace que la salicine. En 1853, Gerhardt, chimiste français,
synthétise à partir de l'acide salicylique l'acide
acétylsalicylique. En 1897, Hoffmann, chimiste allemand, invente un
procédé de synthèse et synthétise de l'acide
acétylsalicylique : c'est la naissance de l'Aspirine, mise sur le
marché le 1er février 1899 (Lechat et al, 1982).
1.5.3. Chimie de
l'aspirine
L'aspirine est l'acide ortho-hydroxybenzoïque ou acide
acétylsalicylique (figure 1.2). Il est obtenu par
l'estérification de l'acide salicylique et l'acide acétique.
Figure 1. 2: Structure
chimique de l'aspirine
1.5.4 Pharmacologie de
l'aspirine
1.5.4.1
Pharmacodynamie de l'aspirine
a) Action analgésique, antipyrétique et
anti-inflammatoire
L'aspirine, comme les autres AINS, présente la
propriété de diminuer la perception de la douleur par un
mécanisme central encore mal connu. L'aspirine présente en outre,
une action périphérique se soldant par une réduction de
l'inflammation, très souvent doublée d'une activité
antipyrétique. Cette dernière est parfois présente dans
quelques antalgiques non AINS. Elle est en fait caractérisée par
la possibilité qu'ont ces substances de ramener à la normale une
température qui s'est élevée suite à une agression
de l'organisme (infection virale ou bactérienne par exemple). Les
antipyrétiques sont sans effet sur le sujet dont la température
est normale. Quant à l'effet anti-inflammatoire proprement dit, avant
d'aborder les modes d'action éventuels, il nous paraît utile de
redéfinir le problème au moins schématiquement.
L'inflammation apparaît comme la réponse normale de l'organisme
à toute une série de lésions tissulaires d'origines fort
variées. Le foyer inflammatoire est ainsi la somme des effets de la
lésion (processus causal) et de la riposte endogène. Les
symptômes de l'inflammation sont la douleur, la rougeur, la
chaleur, l'oedème. Ces symptômes sont accompagnés
éventuellement de la perte de la fonction de l'organe affecté. Il
est bien établi que ce n'est pas le processus causal (quelque soit son
origine) mais le foyer inflammatoire lui-même qui détermine les
altérations vasculaires dont il est le siège. Cela se fait par
l'intermédiaire des médiateurs chimiques endogènes (des
autacoïdes) via leur fixation sur des récepteurs spécifiques
que l'on peut éventuellement bloquer avec des antagonistes
adéquats (Kadima, 2004). L'action analgésique de l'aspirine
s'exerce à la fois au niveau périphérique et au niveau
central, mais les effets périphériques prédominent. Son
action analgésique est habituellement associée à son effet
anti-inflammatoire et l'action antipyrétique. Toutes ces actions sont
produites par l'inhibition de l'action des cyclooxygénases, responsables
de la production des prostaglandines (Neal, 2003).
b) Action antiagrégante
plaquettaire
Avec de petites doses (par exemple de 500 mg pouvant agir
pendant 2 jours), on peut bloquer la formation de thromboxane A2. A
fortes doses au contraire, le même effet pourrait être
inversé en raison d'une inhibition concomitante de la production de
prostacycline (Lechat et al, 1982 ; Rang et Dale, 1991).
c) Action uricosurique
A faibles doses, l'aspirine inhibe la sécrétion
de l'acide urique au niveau du tubule distal, et a donc un effet
uricorétenteur d'une part et d'autre part, elle antagonise l'effet
uricosurique du probénécide et de la sulfinpyrazone. A doses
moyennes ou fortes, l'aspirine inhibe la réabsorption de l'acide urique
au niveau du tubule proximal, favorisant donc son élimination, et peut
ainsi déclencher une crise de colique néphrétique par
lithiase urique (Lechat et al, 1982 ; Rang et Dale, 1991).
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