1.4.6 Toxicité du
paracétamol
Il n'est pas toujours évident de déceler une
intoxication au paracétamol. Dans les heures qui suivent l'intoxication,
il y a parfois des troubles digestifs, des anorexies, nausées,
vomissements, diarrhées et sueurs, mais le plus souvent les
intoxiqués ne se plaignent de rien. Il faut faire attention car
l'absence de symptôme pendant les 24 premières heures ne
préjuge en rien de la bénignité ou de la gravité de
l'intoxication. Le foie peut en effet se détruire silencieusement et au
bout de trois jours et quand les signes sont patents, il est souvent trop
tard. Si les intoxications par le paracétamol sont
fréquentes et potentiellement fatales, leur gravité a
été très limitée par l'utilisation de
N-acétylcystéine comme antidote (Garrec et al, 1994).
a. Hépatotoxicité
Quatre pour cent du paracétamol
métabolisé par le foie sont oxydés en un métabolite
toxique, le N-acétyl-p-benzoquinone-imine. Ce métabolite est
détoxiqué par le glutathion. En cas de surdosage la
déviation du métabolisme vers une oxydation hépatique
accroît la formation du métabolite hépatotoxique et
épuise le stock limité de glutathion. Le NAPQI non
détoxiqué se lie alors aux protéines hépatiques
induisant une nécrose hépatique (Garrec et al, 1994).
L'hépatotoxicité, risque majeur des intoxications par le
paracétamol, est fortement réduite aux doses
thérapeutiques mais s'accroît lors de surdosage. On admet en
général que chez l'adulte, des problèmes sont
prévisibles lors d'une prise supérieure à 10 g. Une
toxicité est cependant déjà observée à des
doses moindres, chez les adultes, parfois déjà à partir de
4 g ou même à des doses thérapeutiques, notamment chez les
alcooliques, en cas d'atteinte hépatique et après un jeûne
prolongé ; chez les enfants, à partir de 150mg/kg (Centre
Belge d'information pharmacothérapeutique, 2000 ;
http://www.uwc.ac.za/ics/default.asp?webPageID...).
b. Néphrotoxicité
A dose thérapeutique le paracétamol seul n'est
pas néphrotoxique. En revanche, en association avec d'autres
médicaments analgésiques et antipyrétiques, une
insuffisance rénale chronique peut être observée. Le
métabolite du paracétamol néphrotoxique n'est pas
clairement identifié : il s'agirait d'un métabolite
rénal qui provoquerait une nécrose tubulaire (Garrec et al,
1994).
c. Pouvoir cancérigène,
tératogène et mutagène
Les études effectuées chez l'animal n'ont pas
mis en évidence d'effet tératogène ou foetotoxique du
paracétamol. Dans l'espèce humaine, les résultats des
études épidémiologiques n'ont pas mis en évidence
l'augmentation du risque malformatif ou foetotoxique. De ce fait, le
paracétamol, dans les conditions usuelles d'utilisation, peut être
prescrit pendant toute la durée de la grossesse (Garrec et al, 1994).
Les expériences ont montré aussi que le paracétamol n'a
pas des effets cancérogènes ni mutagènes (Garrec et al,
1994).
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