Dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero( Télécharger le fichier original )par January KASEREKA KOMBI Université catholique du Graben - Licence 2008 |
III.4. MODES DE FINANCEMENT DE L'ENTREPRENEURIAT ET GESTION FINANCIEREComment finance-t-on le démarrage ou la création des micro et petites entreprises rurales ? Les activités de survie sont généralement financées par l'épargne personnelle en 100 %, d'autres ne n'exigent pas un capital financier ou une mise de fonds pour leur démarrage (vente des légumes pour un agriculteur par exemple). Ainsi, après enquêtes, nous pouvons synthétiser le résultat dans le tableau ci-après : Tableau n°22 : Modes de financement de l'entrepreneuriat
Source : Nos enquêtes Au vu de ce tableau, nous constatons que l'entourage du créateur d'entreprises intervient ou s'engage financièrement à aider le promoteur d'entreprise (famille, amis,...). 61 % des micro et petites entreprises sont financées par l'épargne personnelle et 19% par l'épargne familiale. C'est donc ce mode de financement par l'épargne personnelle qui prédomine. Aide-toi, le ciel t'aidera ! Telle est la maxime du micro entrepreneur qui doit dans les deux tiers des cas trouver seul le financement de son entreprise avant d'espérer compléter sa mise par un apport familial, éventuellement tontinier ou un don ou encore un héritage. C'est ainsi que l'environnement familial joue un rôle dans la décision de créer une entreprise (Cfr rôle de la famille dans l'entrepreneuriat). On constate aussi que l'héritage intervient comme source de financement en troisième position soit 9 % des effectifs. C'est surtout pour les champs de quinquina où pour récolter il faut 7 à 8 ans. Ainsi, un père de famille qui aurait planter du quinquina et rendre l'âme avant la récolte, ses enfants ou sa famille pourront jouir de cet héritage. Les aides et dons des époux représentent 5 % des effectifs. Ici, un mari peut donner une certaine somme à sa femme pour qu'elle fasse une activité entrepreneuriale en vue de subvenir aux besoins ménagers et donc contribuer au budget ménage. Les prêts auprès de certaines personnes (les amis) et les tontines, sont aussi parmi les modes de financement des activités entrepreneuriales en territoire de Lubero, soit respectivement 1 % et 3 % des effectifs. Notons que les prêts se font sans garantie, tout est fondé sur la confiance. On note cependant le rôle quasi-inexistant des banques dans la création des micros entreprises (0%) et le rôle mineur de la tontine (3 %). En Lubero, il n'existe aucune banque commerciale, on a que 2 coopératives d'épargne et de crédit et une institution de micro finance. Ces dernières interviennent dans la plupart de cas pour le transfert de fonds et moins dans l'octroi de crédit à des fins commerciales ou de création d'entreprises. Souvent le promoteur se prépare pendant plusieurs années en accumulant l'épargne nécessaire au démarrage d'une micro entreprise de croissance. On est d'abord agriculteur, puis commerçant pour redevenir agriculteur-planteur du quinquina. Il y a donc interaction entre le commerce et l'agriculture (mais on sacrifie les cultures vivrières au profit des produits d'exportation). Nous avons cherché à connaître entre le commerce et l'agriculture, quelle est l'activité la plus préférée. Le tableau ci-dessous permet de montrer cette situation :
Source : Nos enquêtes Nous constatons que la plupart de nos enquêtés préfèrent exercer le commerce que l'agriculture. 9 entrepreneur sur 10 veulent être commerçants et pas agriculteurs. Ces derniers sont vus et considérés comme pauvres ; est riche celui qui fait le commerce. Or cette conception n'est pas bonne car même les pays développés ont démarré à partir de l'agriculture pour arriver à l'industrialisation. En cité de Lubero, le capital initial moyen de démarrage d'une activité entrepreneuriale de survie peut être nul comme dit précédemment mais pour les micro et petites entreprises de croissance, ce capital se situe entre 150 $ et 2000 $, soit entre 127 500 Fc et 1700 000 fc104(*). Le montant dépend de l'activité entrepreneuriale exercée par l'entrepreneur. Tableau n°23 : Fonds de démarrage pour quelques micro et petites entreprises à Lubero
Source : service de l'IPME, territoire de Lubero Il ressort de ce tableau que pour les micro entreprises rurales de Lubero, les moulins demandent un capital initial variant de 600 $ à 1000 $ ; les pharmacies peuvent démarrer avec 500 $, les kiosques entre 150 $ et 850 $ alors que les boutiques peuvent démarrer avec un capital qui se situe entre 300 $ et 2000 $. Un secrétariat public démarre avec 1000 $. Quant à la gestion financière, quelle soit à court ou à la long-terme, n'est pas d'application dans les micro entreprises du territoire de Lubero. D'ailleurs la structure organique n'y existe pas. Les notions de fonds de roulement, des rations, de solvabilité, rentabilité, liquidité,... sont inexistantes dans ces micro entreprises. Il n' y a pas subdivision des fonctions financières, le comptable, le caissier ne sont pas centré sur le propriétaire de l'entreprise. Il est l'home orchestre et pour la plupart de cas, ce propriétaire d'entreprise n'est pas un spécialiste de la comptabilité, de même, il est rarement aidé d'un spécialiste. Les documents comptables comme le bilan, le tableau d'exploitation, le tableau de formation du résultat et autres sont étranges dans les micro-entreprises de Lubero. En bref, la gestion financière n'est pas d'application dans les micro et petites entreprises du territoire de Lubero. Tout se fait sans document comptable. Le calcul du résultat est souvent confondu au calcul des recettes. Les décisions d'investissement sont prises sans étude financière de faisabilité et dépendent de la volonté du seul propriétaire de l'activité. Il n'y a pas de gestion des stocks, de trésorerie des créances... Il sied maintenant d'analyser le marché de ces micro et petites entreprises de Lubero. * 104 1$ = 850 Fc, en période de nos enquêtes. |
|