Dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero( Télécharger le fichier original )par January KASEREKA KOMBI Université catholique du Graben - Licence 2008 |
III.3.2. Caractéristiques des agents économiques (des entrepreneurs enquêtés)1. Sexe des enquêtés. Par rapport au genre, nous voulons faire la part des choses en établissant la part de responsabilité des femmes et des hommes dans la dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero. Pour les activités de survie et de croissance, les caractéristiques des entrepreneurs par rapport au sexe sont synthétisés dans le tableau ci-après : Tableau n°16 : Caractéristiques selon le sexe.
Source : services de l'IPME et de l'économie territoire de Lubero Source : Nos enquêtes Par rapport au sexe, la dernière colonne montre que les femmes créent des activités économiques plus que les hommes soit 89,1 % contre 10,9 %. Toute fois, la création féminine est encore faible dans « le formel »99(*) car pour les micro et petites entreprises de croissance on a seulement 29 femmes contre 107 hommes. Cependant dans l'informalité (activités de survie) on retrouve plus des femmes que d'hommes soit 5,1% seulement d'hommes. Ceci est le fait que les femmes du monde rural sont surchargées par le travail ménager et par l'agriculture. Elles ont difficile à créer une activité permanente suite aux activités champêtres qu'elles entreprennent. Elles s'occupent ainsi de la vente de produits provenant de leurs champs. Le développement des micro entreprises de survie est particulièrement important pour les femmes car elles y trouvent des revenus additionnels dont elles ont cruellement besoin pour assurer la survie de leur famille et de leurs enfants. En dehors des travaux d'exploitation agricole, les activités de survie des femmes correspondent à des surcroîts de travail et donc de revenu. Les hommes sont plus visibles dans les micro et petites entreprises de croissance du fait que ces activités exigent un peu de déplacement pour acquérir les biens ou pour s'approvisionner en marchandises. Bref, l'entrepreneuriat en territoire de Lubero est le fait des hommes et des femmes. Celles-ci sont plus créatrices d'activités de survie que les hommes qui eux s'en donnent plus à des activités de croissance. La présence féminine est plus manifeste dans le domaine commercial (de survie) où les femmes s'activent le plus dans les activités de la restauration, dans la vente des légumes et condiments et des produits maraîchers,... 2. Age des entrepreneurs enquêtés Les caractéristiques de nos enquêtés par rapport à l'âge sont présentées dans le tableau ci-dessous. Tableau n°17 : Caractéristiques par rapport à l'âge100(*)
Source : service IPME Le groupe d'entrepreneurs se caractérise par une prédominance des créateurs des micros et petites entreprises de croissance, compris entre 30 et 40 ans, soit 49 % des effectifs. Ceux ayant moins de 20 ans ne représentent que 2 % alors que ceux ayant dépassé 50 ans ne sont que 5 soit 6 %. Donc, la plupart d'entrepreneurs ont l'âge compris entre 20 et 50 ans soit 93 % des effectifs. C'est dans les activités de survie qu'on retrouve des enfants de moins de 10 ans dans la vente de beignets, d'arachides grillées... et des gens ayant dépassé l'âge de retraite (60 ans) surtout dans l'artisanat (vente casseroles traditionnelles)101(*). Bref, l'entrepreneuriat en territoire de Lubero est l'oeuvre des jeunes et des adultes dans les micro et petites entreprises de croissance mais aussi des enfants, des jeunes, des adultes, et des vieillards dans les activités des survie. Les adultes sont très biens représentés. 3. Par rapport au niveau d'instruction Le tableau ci-après, représente les différentes modalités par rapport au niveau d'instruction.
Source : service IPME En Lubero, le taux d'alphabétisation des entrepreneurs est faible. Plus de 83,5 % de nos enquêtés n'ont aucun niveau d'étude. Ils n'ont pas eu une quelconque formation technique ou professionnelle. Ce qui est normal car l'exercice du petit commerce, du travail indépendant n'exige pas un niveau d'instruction nécessairement élevé. Il suffit de savoir compter. Mais, ces derniers éprouvent des difficultés pour l'exercice de leurs métiers quand il faut payer certaines taxes de l'Etat. Pour pallier à cette lacune, on donne à son frère ou à son enfant tous les documents écrits ou à écrire. Un commerçant nous a confié : « bien que je n'ai pas étudié, je ferai tout mon mieux pour que mon enfant aille poursuivre les études universitaires »102(*). Ceci prouve que le fait de n'avoir pas étudié n'est pas bon pour cet entrepreneur. On remarque de même que 9 seulement soit 7,1 % ont fréquenté l'école primaire et non pas eu la chance de l'achevée suite au manque des frais scolaires et d'autres raisons. Un boutiquier nous a dit : « si je n'ai pas étudié, c'est parce que mon père voulait que j'aille garder toujours ses chèvres au champ ». Aucun entrepreneur n'a achevée l'école primaire alors que 3 seulement ont pu avoir leur diplôme d'étude secondaire soit 7,1% des effectifs. On constate que l'entrepreneuriat est le fait des intellectuels comme de non intellectuels. Et en territoire de Lubero, il ressort que ce sont les gens n'ayant pas étudié qui sont plus entrepreneurs que les intellectuels. Alors, pouvons-nous affirmer que les intellectuels manquent d'esprit d'entreprise ! Peut-être non car les intellectuels ou les gens ayant étudié peuvent aussi faire plus d'activités. 4. Situation matrimoniale Pour les variables qui vont suivre, nous n'avons pas eu des données au service de l'IPME. C'est pourquoi, nous avons tiré une échantillon de 425 entrepreneurs dont 31 pour les activités de croissance et 394 entrepreneurs pour les activités de survie103(*). Ainsi, le tableau ci-dessous permet de visualiser la situation familiale des entrepreneurs. Tableau n°18 : Situation matrimoniale des enquêtés.
Source : Nos enquêtes auprès des entrepreneurs En général, les créateurs d'entreprises en milieu rural sont mariés (78 % des effectifs). Que ça soit pour les micro et petites entreprises de croissance ou les activités de survie, les mariés représentent une forte proportion (soit respectivement 84 % et 77 %). Ceci est dit au fait qu'en milieu rural, les gens se marient avec un très jeune âge soit 15 ans ou 18 ans. De même, on a vu par rapport à l'âge, que les entrepreneurs étaient plus des adultes que d'enfants. Les célibataires sont surtout des enfants et des jeunes et représentent au total 21 % de nos enquêtés. Les veufs quant à eux représentent 1 %. On constate que les divorcés ne représentent aucun effectif. Bref, en milieu rural et plus précisément en territoire de Lubero, l'entrepreneuriat est l'oeuvre des mariés. L'esprit entrepreneurial est prédominant chez les mariés du fait qu'ils ont une charge familiale lourde : satisfaire les besoins familiaux (besoins alimentaires, vestimentaires, scolarisation des enfants). Le mariage est souvent assimilé à la prise de responsabilité de l'individu dans la société. Cela s'expliquerait par le fait que le mariage dépend entre autres causes de l'obtention d'un travail rémunéré. Nous avons pu demander à nos enquêtés, s'ils ont des enfants. La question concerne donc ici les mariés et les veuves. Nous avons constaté que 79 % de nos enquêtés avaient des enfants alors que 21 % n'en ont pas. Ces résultats sont présentés dans le tableau ci-après : Tableau n°19 : Nombre d'enquêtés ayant d'enfants
Source : Nos enquêtes On constate que trois créateurs sur quatre ont des enfants. L'esprit entrepreneurial a devancé, souvent, la création d'entreprise. 5. L'origine des entrepreneurs Cette question est une question ouverte auprès des créateurs d'entreprises : Tableau n°20 : Par rapport à l'origine de l'entrepreneur
Source : nos enquêtes Il ressort que plus de deux entrepreneurs sur trois ont créé dans leur milieu d'origine qui est la cité de Lubero. Malgré tout, un créateur sur trois n'hésite pas à créer hors de son milieu d'origine. Dans cette dernière catégorie, on retrouve les entrepreneurs provenant des villages environnants la cité de Lubero comme KASUGHO, KANYABAYONGA. Ils cherchent à sécuriser leur investissement du fait que leurs milieux d'origine sont en perpétuelle insécurité suite à des forces négatives (rebelles) qui restent dans la forêt. L'entrepreneuriat est donc majoritairement le fait des originaires du milieu rural mais aussi de non originaires comme des nationaux (les gens des villages environnants, les églises, associations et syndicats...) ainsi que des étrangers surtout les ONG internationales (Cfr. les acteurs entrepreneuriaux). Les parents ou sa famille peuvent aussi influencer ou être une opportunité pour un créateur d'entreprise. Ainsi, nous avons cherché à connaître qu'elle était la profession des parents des acteurs entrepreneuriaux en territoire de Lubero. Tableau n°21 : Profession des parents des entrepreneurs.
Source : nos enquêtes On constate que l'appartenance à des couches de population agricultrices et commerçantes ou artisanales prédisposent à la création d'entreprise. Près d'un créateur sur deux en est issu (82 % des effectifs). Nombreux entrepreneurs sont de fils ou filles des agriculteurs (63%) et des commerçants ou artisans 19 %. Ce qui est normal car ces deux activités, et surtout l'agriculture, sont les plus actives en territoire de Lubero. L'appartenance à des couches privilégiées (profession libérales, cadres supérieurs...), ne semble pas prédisposer à la création d'entreprises. En milieu rural, ces types d'activités sont moins pratiqués. Après cet aperçu sur le profil des entrepreneurs du territoire de Lubero, nous pouvons dès lors analyser les modes de financement de l'entrepreneuriat en territoire de Lubero. * 99 Nous empruntons ce terme dans cette phrase pour considérer les micro et petites entreprises de croissance et non dans le vrai sens d'une entreprise formelle. * 100 Ici, nous ne prenons que les micro et petites entreprises de croissance enregistrées à l'IPME * 101 Selon nos investigations * 102 Entretien avec un commerçant de Lubero * 103 Nous avons tiré un échantillon de la population avec une base de sondage de 25 % (cfr. chapitre deuxième). |
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