WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'attitude des états de la CEMAC face au conflit de Bakassi et ses effets sur l'institution

( Télécharger le fichier original )
par Sali Aliyou
Université de Dschand - D E A  2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Paragraphe II : Les justifications de l'attitude de la Guinée

Plusieurs raisons ont été avancées pour essayer de justifier la coopération active de la Guinée Equatoriale et du Nigeria dans l'affaire Bakassi. Tantôt on a avancé le nouveau statut de la Guinée Equatoriale considérée comme un nouvel Etat riche, tantôt la Guinée Equatoriale voulait déclasser le Cameroun, tantôt elle voulait sanctionner le comportement condescendant du Cameroun à son égard134(*).

A notre sens, la position de la Guinée Equatoriale se justifie par des raisons à la fois stratégiques (A) et Politiques (B).

A- Les raisons stratégiques

Sur le plan stratégique, l'attitude de la Guinée Equatoriale pourrait se comprendre de deux manières. D'une part, on peut penser que son alliance avec le Nigeria constituait un comportement préventif destiné à empêcher une action militaire nigériane unilatérale à la frontière commune entre les deux Etats. La Guinée Equatoriale tentait ainsi d'endiguer la reproduction du syndrome de Bakassi sur son territoire135(*). D'où son appui diplomaticostratégique au Nigeria.

D'autre part, la Guinée Equatoriale prédisait une probable victoire juridique du Nigeria et semblait ainsi s'allier avec le bon camp. En outre, nous pensons que l'alliance de la Guinée Equatoriale au Nigeria était une stratégie qui permettait de résoudre le conflit qui les opposait (conflit de Zafiro). Il fallait donc gagner la confiance du Nigeria en l'aidant à récupérer Bakassi afin d'abandonner Zafiro.

Stratégiquement, le choix de Malabo était judicieux car il neutralisait en quelque sorte le géant Nigéria quelque soit l'issue du conflit.136(*) La Guinée Equatoriale a donc opéré un rapprochement calculé avec le Nigeria137(*) qui n'occulte pas cependant les raisons politiques.

B- Les raisons politiques

L'intervention138(*) de la Guinée Equatoriale dans le conflit de Bakassi en faveur du Nigéria trouve sa justification aussi sur le plan politique. En effet, les relations entre la Guinée Equatoriale et ses voisins francophones (le Cameroun et le Gabon) ont toujours été tendues. La tension entre ces Etats avait entraîné l'interruption de la coopération entre la Guinée Equatoriale et ses voisins de 1976 à 1979139(*).

De même la Guinée Equatoriale s'est toujours montrée hostile aux intérêts de la franceafrique. De 1936 à 1988, elle s'est rapprochée du Nigeria qui était très montée contre l'influence française et qui était ravi de briser l'encerclement des pays francophones. Ce rapprochement entre la Guinée Equatoriale et le Nigeria se manifestait par la multiplication des offres de coopération en direction de Malabo avec un personnel technique d'entraînement et la proposition d'un pacte de non agression et de défense avec le Nigeria en février 1987.

En outre, la coopération politique entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale n'a pas toujours été au beau fixe. Il a existé des divergences sur la gestion du dossier des réfugiés politiques. La Guinée Equatoriale a condamné le Cameroun d'avoir accueilli sous l'ère M. Macias Nguema, premier président du pays, 60 000 réfugiés politiques équato-guinéens, en redoutant l'insécurité réelle ou supposée générée par ces réfugiés140(*).

Les problèmes politiques entre la Guinée Equatoriale et le Cameroun se manifestent aussi par l'attitude de plus en plus empreinte de méfiance de la Guinée Equatoriale à l'égard du Cameroun, qui se matérialise par son soupçon de complot et de déstabilisation politique de la part du Cameroun. Ce qui s'est accompagné par l'adoption de la part de Guinée Equatoriale, d'une politique anticamerounaise marquée par une série d'expulsions des camerounais résidents en Guinée Equatoriale.141(*)

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Le conflit de Bakassi a duré neuf années. Pendant cette période, les parties en conflit se sont retrouvées dans une rivalité diplomaticostratégique reposant sur un face à face militaire sur le terrain et sur une vaste négociation diplomatique, et sur un long et houleux échange des arguments devant la Cour Internationale de Justice. Durant cette difficile épreuve, mus par un souci de prudence d'une part, se fondant sur l'état de relations et parfois sur la défense des intérêts d'autre part, les Etats de la CEMAC ont laissé le Cameroun seul face au grand voisin le Nigeria.

Collectivement, les Etats de la CEMAC se sont abstenus, individuellement la plupart a préféré la neutralité. Seule la Guinée Equatoriale a participé au conflit en faveur du Nigeria. Si l'attitude collective et celle adoptée par la majorité ne sont pas bénéfiques au Cameroun, celle de la Guinée Equatoriale lui est préjudiciable. Cette dernière a d'ailleurs fait l'objet de nombreuses critiques142(*).

De manière panoramique, l'attitude des Etats de la CEMAC pendant le conflit de Bakassi a remis en cause la solidarité sous régionale qui sera heureusement renforcée après le conflit.

DEUXIEME PARTIE : L'ATTITUDE DES ETATS DE LA CEMAC APRES LE CONFLIT DE BAKASSI

Le conflit de Bakassi a pris officiellement fin en 2002 avec l'arrêt rendu par la CIJ le 10 octobre 2002143(*). Depuis cette date se pose la question de savoir si les Etats de la CEMAC ont tiré les leçons de ce conflit qui vient de s'achever. La réponse à cette question n'est pas évidente. Si les Etats n'ont pas explicitement évoqué le conflit de Bakassi pour l'amélioration de la politique sécuritaire dans la CEMAC, il est permis de penser que le conflit de Bakassi est pour beaucoup dans le changement de leur attitude en matière de politique sécuritaire tant dans les Etats membres qu'au delà de leurs frontières144(*). En parlant de l'insécurité aux frontières, le président camerounais affirmait :

« Nous ne devons pas laisser se développer le long du Littoral, du Golfe de Guinée des zones où des bandes armées font la loi, comme on l'a vu récemment à Bakassi »145(*). Il s'agit ici des actes de rebelles liés aux conséquences du conflit de Bakassi.

Le conflit de Bakassi a-t-il influencé la politique sécuritaire de la CEMAC ? De manière générale, nous pensons que la réponse à cette question est positive, car tôt en 2003, il y a eu un revirement de l'attitude des Etats de la communauté en ce qui concerne la sécurité dans la sous région146(*). Désormais les Etats se préoccupent de la sécurité non seulement dans les frontières nationales mais aussi et surtout au-delà de ces frontières. Cette préoccupation traduit l'éveil des Etats de la CEMAC sur les questions de sécurité dans la sous région (chapitre 1). Mais les politiques adoptées par les Etats de manière générale ne concourent pas à éradiquer définitivement l'insécurité dans la sous région. L'attitude des Etats de la CEMAC en faveur de la sécurité et la paix dans la zone CEMAC s'avère donc limitée (chapitre 2).

* 134 Le Cameroun s'est toujours montré comme le supérieur de la Guinée Equatoriale.

* 135 Chouala (Y.A) Op.Cit p.6.

* 136 Ibidem.

* 137 Ewangue (J.L) in enjeux n° 10, janvier-mars 2002 p.36.

* 138 L'intervention est définie en droit international comme «  un incident de procédure par lequel une personne juridique souhaite prendre part à une instance arbitrale ou judiciaire engagée entre deux personnes juridiques parties à cette instance », V. Salmon (J), Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001, p.612, cité par Mohamadou Awal, Op. Cit, p.6.

* 139 Konfan Menkene, Tchudjin (c) Op Cit pp. 333-334.

* 140 Ibid. p.341.

* 141 Chouala (Y.A) Op Cit p.7.

* 142 Chouala (Y.A) et Ngogang (T) Op.Cit p.3.

* 143 Nous utilisons l'expression officiellement parce qu'en juin 2005, le Cameroun a été victime d'une agression des troupes nigérianes qui a fait un mort du côté des soldats camerounais.

* 144 En 2002, la paix et la sécurité ont été érigées en priorité par la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), une organisation sous-régionale en charge de l'intégration dans cette partie du continent, V. Ngouyamsa Méfire ( M .B), La Force multinationale de la CEMAC dans le processus d'intégration sous-régionale en Afrique Centrale, Mémoire DEA, FSJP/Université de Yaoundé II-SOA, 2005-2006,p. 25.

* 145 V. discours du président de la République du Cameroun Paul Biya à l'ouverture du sommet des Chefs d'Etat du 23 au 25 juin 2008 à Yaoundé.

* 146 V. communiqué final de la 4ème session ordinaire de la conférence des Chefs d'Etat du 23 janvier 2003 à Libreville.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus