II-2-2 Les déterminants de l'adhérence
Bien que les traitements ARV ne datent que depuis deux
décades environ, plusieurs études ont déjà
été réalisées sur l'observance à ces
traitements. Sans prétendre à l'exhaustivité,
quelques-unes méritent d'être mentionnées. Mais bien avant
il conviendrait de présenter quelques études faites sur cette
thématique en Afrique pour pouvoir mieux faire la comparaison avec les
études américaines et européennes. On mentionnera de ce
fait, deux études.
Benjaber et al. (2005) ont mené une étude sur
l'adhérence du traitement antirétroviral à Casablanca
(Maroc). Dans leur étude, le seuil de la bonne adhérence a
été fixé a 90%. L'objectif de leur étude
était de mettre en évidence les obstacles à une bonne
adhérence et de recenser les solutions possibles. Pour y parvenir, ils
ont conduit une enquête transversale à partir d'un questionnaire
semi-directif, auprès de 92 personnes âgées de 21 à
65 ans. Ils ont aussi recueilli l'avis du médecin et de
l'éducateur sur l'adhérence des patients. Le taux de
participation chez les patients était de 96,73%. Selon les
résultats de l'étude, l'adhérence était bonne chez
85% des patients. Les déterminants de la mauvaise adhérence
retrouvés sont l'empêchement (maladie, ramadan), la
difficulté liée au changement d'horaire de travail ou de repas et
l'omission involontaire. La distance entre le lieu de résidence et le
centre de traitement est un handicap pour les patients vivant loin des centres
de santé.
Une autre étude a été menée sur
l'adhérence aux traitements ARV en Ouganda par Byakika-Tusiime et
al.(2005) avec un devis transversal suivi d'une enquête qualitative et un
seuil de la bonne adhérence situé à 95% de prise totale
des médicaments. Selon cette étude, la bonne adhérence
touchait 68% de patients. Les auteurs trouvent après ajustement, une
association entre le statut matrimonial et l'observance(OR=2,93 ; 95%
IC=1,39-6,50) ; le revenu et l'observance avant et après ajustement :
(avant OR=2,42 ; 95%IC=1,42-4,00 ; après, OR= 2,77 ; 95% IC= 1,64-4,67)
et ne trouvent aucune association entre le support social et l'adhérence
(avant ajustement, ils obtiennent un OR=0,93 ; 95% IC= 0,57-1,53 ;
après, les résultats deviennent OR=1,01 ; 95% IC=0,99-1,02).
Cette étude paraît pertinente pour notre travail.
Sa démarche est féconde mais, elle comporte quelques lacunes
fondamentales. Elle ne définit pas ce qu'elle entend par « support
social ». L'enquêté peut détourner une question ou
l'enquêteur peut soit oublier une question, soit ne pas pouvoir
l'expliquer de la même façon à tous les
enquêtés. Néanmoins, il s'agit d'une étude
qualitative qui nous permet de comprendre certains aspects de la question de
l'adhérence mais, nous ne pouvons cependant pas comparer
quantitativement les bons adhérents et les non adhérents.
Ces études et bien d'autres montrent la
complexité des études sur l'adhérence. Au fait, pour
comprendre les déterminants de l'adhérence il faut rechercher
plusieurs facteurs : facteurs liés aux services de santé
(distance par rapport au centre de soins, relation médecin/ patient,
disponibilité des médicaments, manque de formation du personnel
soignant, manque de suivi du patient par le personnel soignant) ; les facteurs
liés au patient et au traitement (âge, niveau d'éducation,
sexe, absence de logement fixe ; l'absence de régularité des
repas, santé perçue, coût du traitement, revenu du patient,
effets secondaires des médicaments, volonté du patient de cacher
sa séropositivité à ses collègues de travail,
à ses amis où à sa famille) ; les facteurs culturels et
environnementaux (croyances et perceptions des causes de la maladie, absence de
soutien social, stigmate) . Mais de quelle manière alors ?
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