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Stigmatisation et adhérence aux traitements anti rétroviraux (ARV) dans deux populations de patients séropositifs à  Bamako et à  Ouagadougou

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par André Ngamini Ngui
Université de Montréal - Msc. En Santé Communautaire 2006
  

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II-1-2 Déterminants de la stigmatisation

La stigmatisation a suscité depuis longtemps un intérêt particulier en sciences sociales surtout chez les psychologues. C'est d'ailleurs au sociologue Erwin Goffman que l'on doit la première étude significative sur cette problématique (Kuzban et Leary, 2001 ; Perrot et al. 2000).

Dans une étude comparative sur la stigmatisation des PvVIH en Russie et Aux EtatsUnis d'Amérique, McCare et al. (2006) constatent que la stigmatisation était plus prononcée en Russie qu'aux Etats-Unis. Leur étude était menée auprès de 635 américains (356 femmes et 279 hommes âgés entre 21 et 91 ans) et 200 russes (103 femmes et 97 hommes âgés entre 16 et 83 ans). 67% des russes s'opposent à ce que la séropositivité d'un membre de leur famille soit dévoilée publiquement contre 17,8% d'américains. Par ailleurs, 35,5% des russes soutiennent que les PvVIH devraient recevoir moins de soins de santé que les autres malades alors que chez les américains, cette proportion tombait à 8,5%. En Russie, c'est l'entourage immédiat de la PvVIH qui est le premier à rejeter le malade dès les premiers soupçons de sa séropositivité.

Dans une étude menée au Burkina Faso, Taverne (1996) soutient que dans ce pays, les migrants et les prostituées sont indexés comme responsables de la propagation du SIDA. Suivant cette logique, on accepte volontiers que seul ceux qui migrent à l'étranger s'exposent à la maladie et que tous ceux qui ne sont jamais partis sont certains de ne pas être concernés par le VIH. Ainsi donc, note-t-il, de plus en plus souvent les migrants de Côte d'Ivoire sont mis en observation par leurs proches, voire en quarantaine.

Toutes les études sont unanimes à l'effet que la stigmatisation a des conséquences néfastes sur les efforts de lutte contre le SIDA. D'une part, la peur d'être stigmatisé peut retarder le traitement et influencer le pronostic (Micollier, 2005 ; Stuart, 2003) ou aussi empêcher ceux qui auraient besoin de soins de chercher à les obtenir. D'autre part, la stigmatisation a des conséquences psychologiques importantes sur la manière dont les personnes infectées par le VIH/SIDA se considèrent, entraînant dans certains cas la dépression, la perte de l'estime de soi et le désespoir (Acuña et al, 2005 ; Vidal, 2002) . Elle sape aussi les efforts de prévention car les individus ont peur de découvrir s'ils sont ou non infectés et de chercher à se faire soigner, par crainte des réactions des autres (ONUSIDA, 2002).

II-2 L'adhérence aux traitements II-2-1 Définitions

De nombreux problèmes de terminologie et de représentations tendent à obscurcir le débat sur la question de l'adhérence aux traitements. Bien souvent, on utilise des expressions différentes pour décrire la même réalité. Parler d'adhérence demande donc une clarification du vocabulaire et une définition des termes connexes.

L'observance peut se définir comme étant le degré auquel le comportement du patient coïncide avec les recommandations du médecin (Le Gal et al. 2003). Ou encore la disposition du patient à suivre les prescriptions médicales nécessaires à la maîtrise individuelle de la maladie (Chrétien, 1995).

La compliance- que Le Gal et al. (2003) conseillent d'éviter- est en elle-même controversée puisque étymologiquement, elle rejetait le blâme de la mauvaise adhérence au patient seul en faisant fi de la responsabilité du médecin ou prescripteur (Barber, 2002). L'expression est empruntée à la physique et définit les caractéristiques des corps élastiques. La médecine l'a donc emprunté pour désigner la plus ou moins grande obéissance du malade et son désir de se conformer aux directives médicales.

Selon le CRESIF (2001), cette transposition de la notion de compliance dans le domaine de la santé est peu satisfaisante et même humiliante pour plusieurs raisons : le malade est comparé à un objet, la relation médecin-patient se réduit à un rapport de force et implique la soumission du patient aux directives du médecin.

L'adhérence correspond à l'ensemble des conditions (motivation, acceptation, information, ...) qui permettent l'observance en reposant sur la participation du patient (CRESIF, 2001).

Pour nous, il s'agit du terme le plus satisfaisant dans la mesure où il implique activement le patient dans sa prise en charge thérapeutique et nécessite de sa part un libre choix. Il implique le fait d'entreprendre ou de poursuivre un traitement, de venir aux rendezvous de consultation, de prendre les médicaments tels qu'ils sont prescrits, de suivre des recommandations impliquant des changements de vie (régime, exercice physique), d'éviter des comportements à risque (drogues, tabac, alcool...).Néanmoins, la distinction entre observance et adhérence n'est pas assez claire dans la littérature. Pour nous, il s'agit de deux synomymes que nous utiliserons de façon interchangeable.

Certains auteurs (Blackwell, 1976 ; Dahan et al. 1985) soutiennent que la non adhérence peut être : une absence de prise médicamenteuse, une prise injustifiée, une erreur de dose, une erreur dans l'horaire de la prise ou la prise de médicaments non prescrits par le médecin. Au-delà de la définition de l'observance (ou adhérence), se pose le problème du seuil en deçà duquel on considère le patient comme étant un non observant et de la méthode de mesure puisqu'il n'existe aucun gold standard. Costagliola et al. (2001) identifient dix méthodes de mesure ayant chacune ses limites comme le montre le tableau suivant :

Tableau II : Les différentes méthodes de mesure de l'adhérence

Méthode

Avantage

Inconvénient

Dosage du/des

médicaments

Vérification de l'utilisation récente

Limité à l'utilisation récente. Variation de la cinétique intra-et inter-patient

Marqueur biologique

Vérification de l'utilisation récente

Limité à l'utilisation récente. Variation de la cinétique intra-et inter-patient

Observation directe du patient

Vérification de l'utilisation

Impraticable en ambulatoire

Entretien

Facile à utiliser

Influencer par la façon de poser les questions

Auto-questionnaire

Facile à utiliser, validé, peut

permettre d'expliquer le
comportement du patient

Pas de données quantitatives. La précision dépend de l'outil

Dénombrement

Facile à utiliser, peu coûteux

Pas de données sur le rythme des prises, le patient peut oublier ou modifier les médicaments restants

Registre de

délivrance manuel

Non invasif

Limité par les possibilités locales

Registre de

délivrance électronique

Non invasif, données à long terme, échantillon de grande taille

Connaissance de la base de

données indispensable,

pertinence des variables
enregistrées

Carnet

Seules données dont la source est le patient apportant es informations sur le rythme des prises

Registre de surestimation. Le

patient doit penser à remplir et ramener son carnet

Pilulier électronique

Données précises sur le rythme des prises

Coûteux, abondance de données, intrusif

Source : Costagliola et al. 2001. pp.33-42.

Quant au seuil, on le fixe généralement entre 90 et 95% de la prise totale idéale (Barber, 2002). Mais ce seuil peut varier selon le type de traitement et dans le cas du SIDA, on le situe généralement au dessus de 90% (Le Gal et al. 2003).

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry