I-3-2 Un profil sanitaire déplorable, reflet du
marasme économique
Le Burkina Faso, nous l'avons dit, est l'un des pays les plus
pauvres au monde. Cette situation d'extrême pauvreté a des
répercussions importantes sur la santé de la population en
général. En 2002, les dépenses de santé en
pourcentage du PIB s'élevaient à 4,3(OMS, 2005). Avec un ratio de
1 médecin pour 29 000 habitants, un infirmier pour 8 500 personnes et
une sage femme pour 28 000 femmes en âge de procréer, il n'est pas
étonnant que le pays soit confronté à une urgence
sanitaire qu'on pourrait d'ailleurs qualifier de catastrophique. Selon l'OMS
(2003), le taux de mortalité des moins de 5 ans était de 207 pour
1000 naissances vivantes. La mortalité maternelle quant à elle
était passée de 566 pour 100 000 naissances en 1993 à 484
pour 100 000 naissances en 1998.
cas cumuless
Ces statistiques sont le prélude à une autre
menace plus grave qui est la montée des maladies émergeantes
comme le SIDA. En effet, les burkinabé vivent dans une situations de
cumul des déterminants des IST : pauvreté, carences des
équipements de santé, manque de personnel de santé,
analphabétisation.
2500
25000
0
0
Nombre de nouveaux cas
2000
1500
1000
500
20000
5000
15000
10000
Année
nouveaux cas cas cumulés
Figure 1 : Evolution du nombre de cas de SIDA
notifiés au Burkina Faso de 1986 au 30 juin 2002
Source : Conseil National de Lutte contre le SIDA et les IST
(CNLSIDA/IST). Cadre stratégique de lutte contre le VIH / SIDA
2001-2005. Ouagadougou, 2001,60 p.
I-3-3 A propos du Mali
Avec ses 12 millions d'habitants en 2004, le Mali quant
à lui n'a pas une situation plus réjouissante. Selon l'OMS
(2005), le taux de mortalité infantile y est de 229 pour 1000 naissances
vivantes. ; la mortalité maternelle est d'environ 1200 pour 100 000
naissances vivantes et on estime a environ 5 médecins légistes
pour 100 000 habitants.
Quant à la question du VIH, le premier cas du SIDA a
été identifié en 1985 et deux années plus tard, une
enquête révélait que 7% des tuberculeux de Bamako
étaient séropositifs et 40% des prostituées de la
même ville étaient porteuses de VIH. En 2000, le programme
national de lutte contre le SIDA (PNLS) donnait les statistiques de
séroprévalence suivantes :
29,7% chez les prostituées ;
6,7% chez les vendeuses ambulantes ;
5,7% chez les vendeurs de billets dans gares routières
;
4,1% chez les camionneurs et
1,7% chez les femmes domestiques (aidant familial).
Les résultats des études Démographiques de
santé Mali III réalisées en 2001 ont mis en
évidence une prévalence du SIDA a 1,7%.
Selon le US Census Bureau, le Mali aurait un taux de
croissance de la population avec le SIDA de 2,5 et sans le SIDA ce taux serait
de 2,9 ; une espérance de vie à la naissance de 44,3 ans avec le
SIDA et 50,5 ans sans le SIDA ; un taux brut de mortalité de 18,8 / 100
000 habitants avec le SIDA et 15,3 /100 000 sans le SIDA ; un taux de
mortalité infantile de 110,1 / 1000 naissances vivantes avec le SIDA et
105,1 / 1000 naissances vivantes sans le SIDA.
Depuis le dépistage du premier cas de SIDA au Mali
jusqu'en 1990, le nombre de cas déclarés aurait aussi
évolué de façon exponentielle selon une étude
réalisée en 1992 par Tounkar et al.
1985 1986 1987 1988 1989 1990
Cas dedar4
250
200
300
150
100
50
0
Années
Figure 2 : Evolution de la situation
épidémiologique du SIDA entre 1985 et 1992 au Mali
Source : Tounkar et al. 1992
Les figures 1 et 2 nous montrent que dans les deux pays,
l'évolution de la pandémie du SIDA est croissante mais, elle est
plus accélérée au Burkina Faso comparativement au Mali. Si
dans le premier pays il n'y a pas de répit depuis la découverte
du premier cas de SIDA dans le pays, l'évolution au mali présente
une stabilité de la maladie entre 1988 et 1989. Ceci pourrait
s'expliquer par le fait que contrairement au Burkina Faso, le Mali dispose d'un
programme national de Lutte contre le SIDA (PNLS) qui est géré
par le gouvernement. Cependant, cette explication a elle seule ne saurait
expliquer la situation dans les deux pays. Un suivi rigoureux du traitement par
les malades contribuerait à la réduction de la prévalence
du SIDA. Pour nous, si la croissance de la prévalence ne ralentit pas,
c'est une preuve que le traitement n'est pas respecté. Qu'est ce qui
pourrait expliquer ce non respect par les patients ?
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