I -2 Pertinence de l'étude
15 l'histoire de la santé publique. L'Afrique
subsaharienne compte un peu plus de 10% de la population mondiale, mais elle
abrite plus de 60% de toutes les PvVIH soit en moyenne 25,8 millions de
personnes. Selon l'OMS, 3,2 millions de personnes auraient contracté une
infection dans cette partie du monde en 2005 et 2,4 millions d'adultes et
d'enfants seraient décédés du SIDA.
Face à cette situation, la communauté
internationale s'est mobilisée pour barrer la voie à cette
pandémie grâce aux traitements ARV. En 2001 par exemple, l'ONU
estimait que les besoins mondiaux en ressources pour lutter contre le VIH /
SIDA étaient de 9,2 milliards US $ par an. Cette estimation
prévoyait la nécessité d'élargir l'accès aux
traitements ARV pour passer d'environ 800 000 personnes à la fin de 2002
à quelques 3 millions fin 2005 (initiative 3 by 5). L'ONUSIDA estimait
de son côté que les dépenses mondiales annuelles pour le
VIH / SIDA atteignaient pratiquement 3 milliards US $ en 2002, contre 300
millions US $ à peine trois ans auparavant (Grubb et al. 2004). Depuis
lors, il y a eu des mobilisations de fonds par les gouvernements et des
donateurs publics ou privés pour chercher à atteindre l'objectif
du « 3 by 5 ».
Même si le traitement par les ARV donne des
résultats remarquables dans les pays riches et certains pays à
revenu intermédiaire comme le Brésil, beaucoup d'obstacles
restent à surmonter dans les pays en voie de développement
notamment en Afrique subsaharienne.
Etudiant une cohorte de 80 PvVIH au Burkina Faso, Christopher,
J. et al. (2005) trouve que la mauvaise adhérence touche 70% des
participants. Il y'a donc un grand risque que la réponse à la
catastrophe humanitaire que constitue le SIDA se transforme en gouffre
financier si les investissements pour faciliter l'accessibilité aux
traitements n'améliore pas la situation à cause d'un manque
d'adhérence aux traitements par les PvVIH. Déjà lors de la
campagne mondiale contre le SIDA 2002-2003 qui était axée sur la
stigmatisation, la discrimination et les droits de la personne humaine,
l'ONUSIDA faisait remarquer qu'il est essentiel de mieux comprendre toutes ces
questions ainsi que les normes sociales qu'elles renforcent si l'on veut
réagir d'une manière appropriée à la lutte contre
le VIH/SIDA.
La présente étude se veut opérationnelle,
c'est-à-dire qu'elle devra permettre d'agir sur la réalité
existante en matière de l'adhérence aux traitements ARV. Il
faudrait dès lors, identifier les déterminants de la
stigmatisation des PvVIH d'une part, d'autre part l'influence de la
stigmatisation sur l'adhérence aux traitements ARV. Cette
décomposition des déterminants de l'adhérence aux
traitements ARV cherche à déboucher sur une politique à
16 mettre en oeuvre grâce à une mise en
évidence des stratégies et actions qu'il faudrait entreprendre
pour encourager ou inverser les tendances actuelles de l'adhérence aux
traitements ARV chez les PvVIH. C'est lorsqu'on aura compris ces
mécanismes que l'on pourra agir sur tel ou tel facteur des objectifs
visés en matière d'accès et d'adhérence aux
traitements ARV dans les pays touchés par le SIDA.
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