V-3-2 Discussion des résultats de l'objectif 2
L'analyse bivariée montre une association entre la
stigmatisation et l'adhérence à Ouagadougou mais pas à
Bamako. À Ouagadougou, Les personnes qui ne sont pas stigmatisées
sont plus adhérentes. Après avoir contrôlé pour les
autres variables, on constate que le manque de scolarisation est l'unique
déterminant de la non adhérence à Bamako.
Notre résultat cadre aussi avec la littérature
en ce qui concerne l'association entre la scolarisation et l'adhérence.
Dans une étude menée sur l'adhérence aux ARV au
Brésil, Nemes et al. (2004) trouvent après ajustement pour le
sexe, le revenu, l'âge que par rapport à ceux qui cumulaient 10
à 15 années de scolarité, ceux qui n'en totalisaient que 0
à 2 étaient non adhérents (OR =1.51 ; 95% IC=1.12 - 2.02).
En Espagne, Gordillo et al. (1999) ont constaté que l'adhérence
aux traitements ARV chez les PvVIH diminuait graduellement avec le niveau de
scolarité. Par rapport à ceux qui n'avaient jamais
été à l'école, ceux qui avaient atteint
l'université avaient 4.0 plus de chance d'être observants (95% IC
=1.10 -14.5) et chez ceux qui avaient un niveau secondaire, on notait un risque
égal 3.69 (95% IC= 1.03-13.20).
V-4 Limites de l'étude et question de la
généralisation des résultats à
d'autres villes de l'Afrique occidentale
Même si nos objectifs de départ ont
été atteints et notre hypothèse centrale
vérifiée, il n'en demeure pas moins que notre étude
possède des faiblesses susceptibles de limiter sa portée.
Utilisant des données secondaires, la qualité métrologique
de notre instrument de mesure de la stigmatisation ne peut prétendre
à une application future sans révision profonde, elle ne peut
prétendre assurer une validité de prédiction. Une
deuxième enquête avec le même questionnaire sur la
même population serait utile pour confirmer notre instrument de mesure la
stigmatisation.
En outre, le fait que les enquêteurs soient
appelés à déclarer eux-mêmes leur adhérence
au traitement aurait pu causer des biais de mémoires ou de
désirabilité sociale. Au fait, les patients pouvaient
déclarés avoir pris tous leurs médicaments juste pour
faire plaisir à l'enquêteur et à son médecin. Dans
un tel cas, on aurait sur estimer la bonne adhérence à cause d'un
biais de classification. D'un autre côté, il serait aussi
sensé d'imaginer que les patients auraient déclarés avoir
sauter des prises faute d'argent pour payer leur transport jusqu'au centre de
santé et ainsi, espérer attirer de la sympathie pour une
quelconque aide financière. Dans un tel cas, on aurait plutôt une
sous estimation du de l'adhérence. Toutefois, il s'agit des biais qui
étaient hors de notre contrôle.
En dehors de ces difficultés d'ordre technique, on
pourrait s'attaquer aux variables à l'étude. Il est reconnu que
le revenu est une variable importante dans toute étude d'accès
aux soins. On pourrait arguer que le remplacement de la variable revenu par la
favorisation matérielle est inadéquat. Néanmoins, nous
avons expliqué plus haut les raisons qui nous ont poussés
à faire ce choix.
Mais ce qui manque d'explication c'est l'absence de la
variable liée au coût du traitement. Cette variable est reconnue
par la plupart des études sur l'adhérence comme étant un
déterminant majeure de la non adhérence. Malheureusement, cette
variable était absente de notre base de données. L'absence d'une
variable aussi pertinente peu introduire un biais significatif dans le
modèle d'analyse.
La durée du traitement nous aurait aussi permis
d'évaluer l'effet dose-réponse. A savoir, déterminer si
plus on suivait le traitement et plus on était adhérent ou le
contraire.
72 Bien que cette variable fût prévue dans le
questionnaire, nous ne l'avons pas utilisée parce que beaucoup de
malades déclaraient ne pas s'en souvenir.
Mais quoiqu'il en soit, ces imperfections ne sauraient miner
profondément la crédibilité de notre étude.
Malgré tout, l'instrument de mesure de la stigmatisation utilisée
ici démontre quelques qualités d'ajustement appréciables.
Il ne demande qu'à être amélioré dans une
étude ultérieure visant spécifiquement à valider un
outil de mesure de la stigmatisation chez les PvVIH. Dès lors, afin de
peaufiner l'instrument ultérieurement, il serait intéressant de
procéder à des études de validité de
concomitante. Cette étude permettrait d'apprécier la
validité de la structure du questionnaire. Par ailleurs, une
étude utilisant des méthodes multi niveaux permettrait de
déterminer l'influence du contexte sur la stigmatisation et
l'adhérence.
La cohérence entre les items est appréciable. De
plus, la validation de l'instrument a été assurée par une
démarche classique rigoureuse. Ainsi donc, nos résultats
pourraient être généralisées aux autres villes de
l'Afrique de l'ouest.
|