V-2 Les facteurs associés à
l'adhérence aux ARV chez les PvVIH
Notre étude confirme ce qui était
déjà connu à savoir que l'adhérence aux traitements
est un problème si complexe que parfois on n'arrive pas à cerner
ses contours. Il serait pourtant intéressant que d'autres études
se penchent sérieusement sur la question surtout en
69 Afrique où peu a déjà
été fait alors que le continent fait face à une crise
sanitaire. Les analyses bivariées montrent par exemple que à
Bamako ou à Ouagadougou, les analphabètes, c'est-à-dire
ceux qui ne savent ni lire ni écrire sont plus adhérents que ceux
qui savent lire et écrire. Ce qui n'est pas retrouvé par d'autres
auteurs.
Dans leur étude, Tusiime et al. (2005) n'ont aussi
trouvé aucune association entre le support social et l'adhérence
aux traitements ARV chez les PvVIH en Ouganda.
Les personnes les plus stigmatisées qui sont les moins
adhérentes. Hinkin (2004) ; Nemes et al. (2004) ; Orrell et al. (2003)
font le même constat dans leurs études. On se serait attendu
qu'avec la stigmatisation, ils prennent des mesures nécessaires pour se
soigner et éviter d'être encore plus stigmatisés.
Il paraît aussi surprenant que les personnes les plus
impliquées dans les associations de PvVIH soient les pires
adhérents aux traitements ARV. On pourrait s'imaginer qu'à force
de connaître l'histoire des malades, de constater que les non
adhérents n'ont pas de graves conséquentes apparentes, elles
tendent à négliger le traitement. Mais en vérité,
nos résultats sur l'adhérence semblent a priori aller à
l'encontre de la littérature mais, a priori seulement car a posteriori,
la réalité africaine est ailleurs. Les études faites en
Afrique sont révélatrices de comportements inobservés dans
les pays développés, là où s'est
réalisée la majorité des études sur
l'adhérence jusqu'à aujourd'hui. L'auto médication et la
médecine traditionnelle sont les modes de recours aux soins les plus
prisés dans ce continent (Ela, 1983 ; Ngamini et al. 2004 ; Priso,
1995). En cas de maladie, on consulte les guérisseurs traditionnels,
invoque souvent les esprits ancestraux à telle enseigne que le nombre de
personnes qui se fient à la médecine moderne est
dérisoire. Cette pratique concerne même l'élite
intellectuelle (Ela, 1983).
Par ailleurs, dans les pays d'obédience islamique
où les rapports sexuels avant le mariage sont interdits, beaucoup de
jeunes filles refusent de se faire dépister craignant d'être
bannies par la société en cas de séroprévalence
avérée (Sow et al. 2002). Dans une telle situation, on
préfère s'en tenir aux diagnostiques du marabout pour soutenir
que le mal est d'origine maléfique. Finalement, le petit nombre de
malades qui se fait dépister et qui suit le traitement tend à
avoir un profil similaire.
V-3 Résumé et discussion de l'association
entre la stigmatisation et l'adhérence aux traitements ARV (Objectif
2)
V-3-1 Résumé de l'association entre la
stigmatisation et l'adhérence aux traitements ARV (Objectif
2)
Le deuxième objectif de notre étude était
de rechercher s'il existait une association entre la stigmatisation des PvVIH
et leur adhérence aux traitements ARV et si cette association persistait
en contrôlant pour les variables associées à la
stigmatisation.
D'après nos résultats d'analyses
bivariées, il existe effectivement une association entre la
stigmatisation et l'adhérence aux traitements ARV chez les PvVIH surtout
à Ouagadougou. Une telle association n'est pas constatée à
Bamako.
Les analyses multivariées ne modifient pas
l'association entre la stigmatisation et l'adhérence aux traitements ARV
chez les PvVIH à Ouagadougou. A Bamako, seul la scolarisation se trouve
associée à l'adhérence.
|