v Le centre d'accueil de Port-Leucate : les premiers
apprentissages
Le centre de réfugiés fonctionne dans les locaux
d'un centre de vacances situé sur la plage à Port-Leucate,
station balnéaire construite dans le cadre de l'aménagement
du littoral du Languedoc-Roussillon, entre Narbonne et Perpignan. Les locaux
sont loués par la Fédération Audoise des Oeuvres
Laïques (FAOL) grâce à un budget de la DDASS. Sur place,
oeuvrent des travailleurs sociaux, dont une jeune femme hmong, et un
interprète. Les réfugiés sont logés dans de petits
appartements de vacances réunis en « hameaux » avec
des cours intérieures communes à 3 ou 4 appartements. Rapidement,
ils vont s'approprier cet espace pour en faire un lieu de regroupement et
reconstituer un semblant de lieu de vie communautaire : c'est là
qu'ils se retrouvent, les hommes pour fumer leur pipe à eau, les femmes
pour surveiller les enfants. Toutefois ces appartements ne sont pas
équipés de cuisine, ce que regrettent les femmes qui cuisinent
quand même parfois, en cachette, ce qui ne va pas sans poser des
problèmes d'hygiène et de cohabitation avec la direction du
centre et d'autres résidents.
La prise en charge immédiate est à la fois
administrative et médicale. Les réfugiés ont souvent
passé plusieurs années dans des camps thaïlandais de Ban Nam
Yao ou Ban Vinai. Aucun n'est vacciné, il y a de nombreux enfants en bas
âge et les femmes, souvent en mauvaise santé, souffrent de
parasitoses, de problèmes dentaires, de maladies des yeux... Mais c'est
surtout par l'apprentissage de la langue et des normes économiques que
se fait l'aide à l'insertion dans la société d'accueil.
Les adultes suivent une formation, essentiellement consacrée à
l'apprentissage du français alternant avec des séances pratiques
sur l'entretien d'une maison, des vêtements, et sur des notions
d'hygiène... L'apprentissage du français par les Hmong est
généralement plus lent que celui des autres Asiatiques car la
majorité d'entre eux sont analphabètes et ne peuvent compter que
sur leur mémoire pour progresser, avec l'aide de quelques cassettes. Les
plus jeunes qui ont été scolarisés et écrivaient
hmong ou même lao progressent plus rapidement. Des cours de cuisine
constituent un support d'apprentissage différent et servent de
prétexte à l'acquisition du vocabulaire des produits alimentaires
de base et des appareils ménagers. Ils permettent aussi de
découvrir de nombreux produits dont ils ignorent tout, et d'apprendre
à les cuisiner... Un petit pécule de 10 à 12 fr. par jour
est versé aux réfugiés, normalement
thésaurisé pour leur installation à la sortie du centre,
mais sur lequel ils peuvent obtenir des avances et ainsi se familiariser avec
la monnaie et se rendre compte du coût de la vie. Enfin, compte tenu de
l'isolement du centre, des sorties en bus sont organisées vers Narbonne
ou Perpignan dans le cadre de la formation afin de leur montrer la
réalité de la vie en France.
L'aide à l'insertion repose donc sur deux piliers
essentiels que sont les apprentissages linguistiques et économiques,
indispensables pour prétendre à une insertion professionnelle et
sociale dans la société d'accueil. Pendant les 2 ou 3 mois de
séjour dans le centre, les réfugiés capitalisent le
maximum de ressources qui doivent leur assurer rapidement une certaine
autonomie.
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