II- Méthodologie de la recherche
Rappel de l'hypothèse :
Grâce à l'accompagnement du
médiateur familial au long du processus de médiation, la
rédaction d'accords écrits en médiation familiale est un
gage de durée de ces accords dans le temps.
La première partie attachée à recouvrir
les champs théoriques autour de cette question a montré de quelle
façon la médiation permet en effet de construire des accords
entre les parents. Il m'apparaît que la recherche doit
s'intéresser à l'intérêt réel qu'ont les
acteurs concernés de tenter de mesurer concrètement l'impact d'un
accord écrit sur les suites d'une séparation.
- Pour les magistrats, un intérêt émerge
fortement ; ils s'interrogent : la médiation permet-elle aux personnes
de redevenir responsables de leurs choix et parviennent elles à
décider seules de leurs choix familiaux ? La médiation
permet-elle de limiter les retours procéduraux ? Ils en ont l'intuition
mais pas de chiffres puisque aucune étude n'est encore entreprise.
- Pour les médiés eux-mêmes, qui ont
demandé plein d'inquiétudes et d'espoirs à un tiers de les
aider à sortir de leur incommunication et sont, souvent douloureusement,
parvenus à des accords ; ont-ils pu mesurer la solidité de ces
accords dans la pratique et dans le temps ?
- Et aussi, celui des médiateurs, encore que leur
destin professionnel (et c'est encore là leur éthique), les voue
à ignorer presque toujours quelles seront les suites de la
médiation.
Mon travail s'est appuyé sur trois outils de
prospection: la recherche de données quantitatives par une enquête
dans une chambre de la famille, des informations plus qualitatives avec un
questionnaire adressé à des parents médiés et
l'observation participante par laquelle il a été possible de
suivre des médiateurs accompagnant ce travail jusqu'aux
écrits.
A- Exploration
En amont de la recherche proprement dite, J'ai pu suivre en
stage plusieurs médiations et assister à des colloques, des
conférences et des débats autour de la médiation
familiale. J'ai rencontré également des personnes «
ressources » qui m'ont soutenue et éclairée pour
élaborer ma réflexion.
1- Formation
Ma formation de plus de deux années m'a permis,
à travers les cours dispensés en droit, sociologie, psychologie
et en unité de médiation de me forger une vision
générale de la médiation familiale, de son histoire, de
ses champs d'application. J'ai parallèlement complété cet
enseignement par de multiples lectures, tant d'ouvrages recommandés par
nos formateurs que de lectures personnelles, livres témoignages ou
essais et également recherche de documents variés sur
internet.
Ces apports divers m'ont permis progressivement de me forger
ma réflexion personnelle et de cette réflexion ont
émergé des questions. Parmi elles, celle que je pose ici est
apparue et bien que je m'en sois plusieurs fois défendue pour aller vers
d'autres centres d'intérêt, elle est revenue et s'est
imposée à moi.
Je suis alors allée vers des lectures autour des
écrits en général, leur histoire et leur symbolique qui
m'ont permis de m'imprégner de références très
diverses sur le sujet.
J'ai ensuite concentré et filtré par l'objet de
mon mémoire des informations plus précisément axées
vers la pratique de l'écrit en médiation familiale, et encore
plus spécifiquement au final vers les accords écrits de
médiation. Cette bibliographie est présentée à la
fin du mémoire.
2- Stages
L'intérêt et le positionnement des acteurs de la
médiation autour des écrits me sont apparus rapidement. En tant
que stagiaire médiateur en observation, j'ai suivi le travail de
magistrats (juges aux affaires familiales) en immersion pendant une semaine
à la chambre de la famille de Toulouse. Des échanges avec les
magistrats autour de l'homologation des accords ont amorcé ma
réflexion.
Puis, au cours du stage de formation qui se pratique pour
l'apprenti médiateur dans un service de médiation familiale, j'ai
pu observer, chercher à comprendre, participer dans le sens où le
stage que j'ai effectué s'est déroulé pendant plus de huit
mois avec une implication croissante. J'ai pu ainsi avoir une vision des
pratiques, des échanges et des discussions autour du thème des
accords écrits qui m'a permis d'en préciser les contours et d'en
percevoir les limites.
Les colloques et conférences autour du thème de
la médiation auxquels j'ai pu assister70 ont également
apporté de multiples éclairages à mon questionnement en
m'aidant à l'ancrer dans la réalité sociale
d'aujourd'hui.
3- Personnes « ressources »
Au delà de l'apport important de mes formateurs et de
mes « guidants » de recherche qui m'ont soutenue dans
l'évolution de ma problématique, j'ai eu des entretiens
décisifs avec Jocelyne DAHAN qui m'a encouragée dès le
début de ma recherche, m'indiquant que « ce travail relatif aux
écrits permet un travail d'analyse
70 - Colloque UDAF « Familles en mouvement, Professionnels
en action » (Cahors novembre 2007)
- Journée d'information sur la médiation familiale,
film et débat APMF (Tournefeuille, novembre 2007) - Conférence
« Médiation et Post-modernité », Jacques FAGET
février 2008 (St Simon février 2008)
- Conférence « Le tiers pesant » Edith GOLBETER
(Toulouse, février 2008)
- Conférence CAF, présentation de la
médiation familiale à des professionnels (Colomiers avril
2008)
- Conférence «La résidence alternée,
comment, pour qui, à quel âge», Gérard POUSSIN(Tlse,
mai 2008) - Conférence « L'enfant et la séparation de ses
parents », Jocelyne DAHAN (Toulouse, octobre 2008)
- Colloque « Crises de couple » M. ELKAIM, R.NEUBERGER,
E TRAPPENIERS (Toulouse, nov. 2008) - Conférence «Autour de
l'enfant victime », Boris Cyrulnik, Roland Coutanceau (Toulouse, janvier
2009)
qui s'articule bien entre théorie et pratique ». La
richesse du stage réalisé au C.ER.ME m'a donné une vision
concrète et un matériau précieux d'expériences.
J'ai également rencontré et
échangé avec des magistrats, qui, très demandeurs de
données sur ce thème, m'ont fait part de leurs interrogations et
m'ont concrètement ouvert la porte de leurs archives à la chambre
de la famille de Toulouse, pour que j'y trouve mon matériel. Marc
Juston, Président du tribunal de Tarascon, à qui j'avais
écrit sur le sujet, a manifesté son intérêt pour une
recherche autour du volume de retours contentieux après
médiation, indiquant que dans sa propre juridiction, cette recherche
paraissait difficile à mettre en oeuvre en pratique.
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