B- L'INTERET PRATIQUE
Comme le soulignent plusieurs auteurs36 et
même la Cour internationale de Justice37, la fixattion d'une
frontière <<engage l'avenir ». C'est une
façon de mettre fin aux nombreuses contestations inhérentes
à l'imprécision sur la ligne de séparation des
sphères de compétence relevant de deux Etats voisins. Il est
alors question d'arrêter une <<solution stable et
définitive» afin de mettre fin aux éventuelles
revendications de souveraineté sur le territoire d'un autre Etat. C'est
dans cette logique stabilisante des relations camerouno- nigérianes que
réside l'intérêt pratique de notre étude.
Etant donné que la Cour internationale de Justice rend
des solutions impartiales sur les différends dont elle est
saisie38, et considérant surtout que l'opération de
précision de la frontière à laquelle devrait se livrer la
Cour avait une importance majeure puisqu'elle devait rétablir «
la paix », restaurer « l'indépendance »
ou la souveraineté de l'un ou de l'autre Etat dans les zones
contestées, et garantir « la sécurité »
des échanges internationaux dans cette
30 Le Nigeria pour sa part ne reconnaissait que quelques uns de
ces textes ; ou même seulement quelques sections:
- paragraphes 3-60, déclaration Thomson-Marchand
confirmée par l'échange de lettres du 09 janvier 1931
- paragraphes 13-21 , accord de démarcation anglo-allemand
du 12 avril 1913
- Articles XV à XVII, traité anglo-allemand du 11
Mars 1913
Voir à cet effet, C.I.J, Arrêt du 10 oct 2002,
op.cit., p. 27, paragraphe 26.
31 Voir D. RUZIE, Mementos de Droit International
public, Paris, Dalloz, 16e édition, 2002, p. 260.
32 Z. NGNIMAN, Nigeria Cameroun la guerre
permanente?, op.cit.
33 P.H. GAILLARD, Le Cameroun, Paris,
l'harmattan, tome 2, 1989, p.198 ; cité par MGBALE MGBATOU, thèse
de doctorat, op. cit, p. 36. Le Nigeria est aussi « la plus grande
colonie britannique de l'Afrique occidentale ».Voir à cet
effet, C. BARBIER, A. DAVEAU, et Alii, op. cit., p. 40.
34 La frontière avec le Nigeria étant la
plus longue de toutes les frontières camerounaises ( 1700km selon T.L
WEIS in « Migration et conflit» cité par MGBALLE MGBATOU, idem
.
Et 1600 km d'après Zacharie NGNIMAN, op.cit., p. 7.
35 Voir la résolution AGH 16-I de l'O.U.A, le
Caire, juillet 1964. In R. YAKEMTCHOUK, << les frontières
africaines », R.G.D.I.P, op. cit, p. 55.
36 N. QUOC DINH, P. DAILLIER, A. PELLET, idem.
37 Voir C.I.J, différend territorial
Libye-Tchad, rec.1994, p. 37.
38 Voir ABC des Nations Unies, New-York, 2001,
p. 300.
zone d'Afrique, il nous semble que l'interêt pratique de
notre étude est assez justifié. Au total, l'arrêt du 10
octobre 2002 devait nous informer sur l'Etat titulaire de la
souveraineté dans la zone contestée du Lac Tchad et dans la
presqu'île pétrolifère de Bakasssi39 et
parallèlement sur le sort des populations de ces zones. Encore que cette
décision est «définitive et sans recours
»40. L'intérêt de notre étude
étant si vaste, sa compréhension ne pourra s'établir
qu'à travers l'élaboration d'une problématique
appropriée.
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