Les médiations esthétiques et d'appartenance sociale de Vodacom Congo RDC. Etude des stratégies de sublimation du public par les expressions symboliques et le mythe d'organisation( Télécharger le fichier original )par Issa ISSANTU TEMBE Université de Kinshasa - 2003 |
4. LA PRESENCE DANS LES FANTASMES, LES RUMEURS ET LA MYTHOLOGIE SOCIALELa présence la plus remarquable de Vodacom Congo RDC reste par-dessus tout celle qui le fait exister dans les rumeurs, les fantasmes et la mythologie populaire. Rien n'explique la vitesse avec laquelle cette firme s'est taillée une place aussi confirmée dans l'imaginaire collectif des congolais. Commençons par dire que l'avènement de Vodacom a été accompagné d'une sublimation qui a généré des fantasmes sociaux au sein de la société congolaise. Les plus folles rumeurs autour, par exemple, des salaires des agents de Vodacom, autour du chiffre d'affaires de cette entreprise, de ses recettes quotidiennes, etc. ont envahi les conversations. C'est là une nouvelle façon d'être présent dans l'espace social. Ces rumeurs et ces fantasmes infusent les grands registres de communication de la marque et du produit136(*). Ceci est à considérer, selon nous, comme une injonction esthétique moderne d'autant plus qu'il existe désormais une manière d'alimenter ces fantasmes et ces rumeurs dans le but de contrôler l'imaginaire des consommateurs. Si Vodacom offre une telle sublimation, un tel niveau de séduction, il est vrai que ceux qui s'y attachent à cause de cette attirance l'ont été de la manière décrite par Fonagy lorsqu'il parle « du paradis perdu que l'enfant retrouve sur le sein de la mère »137(*) . A eux seuls, ces fantasmes et ces rumeurs ont la capacité de produire une hypnose sociale qui séduit et pousse à l'adhésion. Les beaux bureaux de Vodacom, l'architecture des tous les shops de Vodacom, les géants panneaux publicitaires, la présence du logo et des étendards dans tous les quartiers de la ville ajoutent quelque chose à ces rumeurs et ces fantasmes. Cela est visible quand l'on remarque déjà l'engouement aux portes de Vodacom lors des offres d'emploi ou autres avis d'appel d'offre. Dans le contexte de concurrence tel que celui de la RDC qui compte trois ou quatre groupes pourvoyant des services de téléphonie cellulaire, cette présence au niveau imaginaire est un atout dont dispose déjà Vodacom par rapport à ses concurrents comme Celtel Congo RDC, Oasis et CCT. Cette dimension communicationnelle par le biais de l'expérience esthétique souligne déjà bien la relation qui existe entre Vodacom et la grande famille de ses abonnés directs et indirects. « En donnant un corps imaginaire à son existence dans les fantasmes et les rumeurs, les mythes de l'organisation confèrent à cette dernière une dimension imaginaire qui la fait exister dans ce qu'on peut appeler l'autre scène138(*) de l'espace public »139(*) L'imaginaire des organisations est comparé par certains auteurs comme Lamizet à « l'imaginaire utopique du progrès ». Il remonte du dix-neuvième siècle à partir des récits et des représentations symboliques qui donnaient du sens à l'activité des premières entreprises, soutient ce même Bernard Lamizet. Si on reste dans la vision de cet auteur, on pourrait abonder dans le même sens que lui lorsqu'il soutient que l'organisation ne s'institue pleinement et ne devient une institution dans le sens plein du terme que quand « elle s'inscrit dans les formes d'une médiation symbolique : d'un langage, d'un système de signes et d'un système des pratiques symboliques (rituels, mise en scène, aménagement de l'espace), qui lui assure une signification interprétable par les sujets de la sociabilité140(*) Pour Habermas, c'est « cette existence qui rend possible l'instauration d'un contrôle social, et qui par conséquent donne naissance à la plénitude du fait institutionnel. »141(*)
* 136 Ph. Schwebig, Les communications d'entreprise, Paris, Mac Graw-Hill, 1988, p.45 * 137E. Kasongo, Notes du cours de Théories du langage audio-scripto-visuel et paralangage, Unikin/G2 Communication, 2001, p. 13 (Inédit) * 138 Relire à la page 8 les détails sur le cadre théorique et la division de l'espace en trois dimensions différentes : le réel (immédiat), l'irréel (l'imaginaire) et le virtuel (la toile du Web) * 139 B. Lamizet, op. cit. p. 19 * 140 B. Lamizet, op. cit, p.19 * 141 J. Habermas, op. cit, 1993, p 83 |
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