Tableau N°14:
Difficultés d'accès au refinancement de FOREDEM par les IMF
IMF
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Difficultés
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Garantie
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Taux d'intérêt
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Durée d'étude dossier
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Gouvernance
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SIG
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Qualité Portefeuille
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Mauvaise organisation°
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Fonds propres insuffisants
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Professionnalisme faible
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Zigama CSS
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X
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-
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X
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-
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-
|
-
|
-
|
-
|
-
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RIM S.A.
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X
|
X
|
X
|
-
|
X
|
X
|
-
|
-
|
X
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VFC S.A
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X
|
X
|
|
-
|
-
|
X
|
-
|
-
|
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COMICOKA
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X
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X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
-
|
X
|
X
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Union COOPEC Jyambere
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
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Union COOPEC Ejoheza
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Union CLECAM Wisigara
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Total
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7
|
6
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7
|
4
|
5
|
6
|
3
|
4
|
5
|
Source: notre enquête
juillet Août 2008
Lorsqu'on fait l'analyse de ce tableau à travers les
difficultés rencontrées par les IMF lors de l'introduction de
leurs dossiers de refinancement (échantillon de 7 IMF), deux constats se
dégagent: les difficultés observables dans toutes les IMF et les
difficultés observables uniquement dans les IMF à statut
coopératif.
- Difficultés liés à
l'accès au refinancement observables presque à toutes les
IMF: Il s'agit d`exigences au niveau de la constitution de garanties,
de la longue durée de traitement de dossiers et de réalisation du
refinancement, du taux d'intérêt élevé, du SIG
encore peu fiable, de la qualité du portefeuille et du faible
professionnalisme des IMF
*Constitution des garanties: Toutes les IMF
interrogées ont eu des difficultés pour constituer des garanties.
Malgré la disponibilité du fonds de garantie agricole de la
Banque centrale qui couvre 50% du prêt et le fonds de garantie BRD/PME,
les IMF ne sont pas éligibles. Elles sont encore jeunes avec une faible
capitalisation de départ et n'ont pas des immobilisations comme les
maisons ou autres biens. Certains membres du conseil d'administration sont
obligés d'hypothéquer leurs maisons pour le compte de l'IMF et
dans la plupart des cas, ces patrimoines ne remplissent pas les conditions
exigées telles que les actes de propriété ou titres de
propriété des maisons. Ce processus occasionne des frais
énormes qui gonflent le coût réel du crédit. Une
autre conséquence issue de l'apport de garantie pour les clients de
FOREDEM est qu'après avoir bénéficié du
refinancement, l'institution devient la propriété privée
du groupe qui a donné son patrimoine en guise d'hypothèque. Suite
à ce vice rendu, la gabegie, la mauvaise gestion et gouvernance
apparaissent et génèrent des conflits qui bloquent le
développement de l'institution freinant ainsi le développement de
l'institution.
*Durée très longue de traitement du dossier
et de réalisation du refinancement: cette préoccupation
apparaît chez toutes les IMF interrogées qui sont certes
conscientes de leur responsabilité mais qui accusent la lenteur du
FOREDEM dans le traitement des dossiers. Pour les IMF, leur
responsabilité se situe au niveau de la non disponibilité des
informations nécessaires à l'analyse de leurs dossiers, à
la recherche des signatures auprès des autorités pour certains
documents et à l'incapacité de leurs agents à comprendre
et à fournir les documents demandés par FOREDEM. Elles ont
reproché à FOREDEM les retards pour réagir aux demandes et
aux informations fournies par les clients. Les agents de la BRD reconnaissent
ces retards et remettent en cause les étapes et procédures
à franchir pour arriver à la dernière décision. Le
schéma suivant explique les étapes à parcourir pour
arriver au refinancement effectif.
Graphique N°3: Schéma de
présentation du processus d'analyse des dossiers de refinancement
Conseil d'administration
7
6
5
Direction Générale
BRD
1
CGRC
IMF clientes
2
8
4
CI
3
Direction FOREDEM
: Relations de transmission du
dossier
: Relations de transmission des
dossiers et d'échange d'informations.
Etape 1: Introduction du dossier au niveau de
la banque (BRD).
Etape 2: Affectation du dossier à la
direction de FOREDEM qui va se charger des analyses nécessaires. A ce
stade, la demande peut être rejetée si les conditions
d'éligibilité ne sont pas remplies. A ce stade
s'établissent des échanges entre les analystes de FOREDEM et le
client. Ici, les capacités institutionnelles des IMF influencent la
rapidité des analyses selon qu'il y ait des informations ou documents
demandés par les analystes.
Etape 3: Soumission du dossier au
comité inter départemental pour l'analyse critique. A ce
niveau, il y a l'échange d'explication et d'information entre le CI et
FOREDEM mais aussi entre FOREDEM et le client.
Etape 4: Soumission du dossier au
comité de gestion du risque de crédit (CGRC) pour
proposition de décision. Le directeur du FOREDEM et l'analyste
défendent les dossiers devant les autres membres du comité
(CGRC).
Etape 5: Renvoi du dossier au niveau de la
direction générale pour la prise de décision concernant
les demandes de financement d'une valeur inférieure à 250
millions de Francs Rwandais. La direction générale peut
décider d'accepter ou non l'octroi du crédit. Lorsqu'elle accepte
le crédit, les étapes 6 et 7 peuvent donc être
sautées, le dossier passe alors à l'étape 8 qui est
l'envoi de la lettre de notification ou de rejet.
Etape 6: Transmission des dossiers de demande
d'un montant de plus 250 millions de Frw au conseil d'administration par la
direction générale de la BRD pour la prise de décision.
Etape 7: Renvoi du dossier par le Conseil
d'Administration après décision d'approbation ou de rejet
à la direction générale.
Etape 8: Envoi de la lettre de notification
du refinancement ou une lettre de rejet de demande par la direction
générale de la BRD.
Ces étapes paraissent très longues pour les IMF
qui ont des besoins pressant de liquidités.
Rappelons que selon notre enquête, la durée
moyenne de traitement du dossier de refinancement et la prise de
décision est de deux mois et deux semaines et après notification
du refinancement, il y a encore un mois pour remplir les conditions de
signature du contrat et la constitution des garanties demandées.
*Taux d'intérêt élevé: 6
IMF sur 7 interrogées affirment que le taux d'intérêt du
refinancement est élevé lorsqu'il faut considérer tous les
frais occasionnés par le dossier. FOREDEM a un taux
d'intérêt nominal de refinancement se situant entre 8 à 12%
l'an. Quand on considère les frais de service (0,75%) plus la TVA (18%),
les différents frais de constitution de garanties et de suivi du
dossier, le coût réel du refinancement ou le taux
d'intérêt effectif de refinancement de l'IMF dépasse 12%.
Ceci devient grave lorsque FOREDEM exige le taux d'intérêt
à appliquer sur les projets bénéficiaires du refinancement
dans les IMF; les IMF ne doivent pas dépasser le taux de 16% l'an. En
effet la grande partie de ces IMF sont encore jeunes et n'ont pas encore
atteint un niveau d'autonomie opérationnelle et financière
satisfaisant, leur permettant de diminuer leur taux d'intérêt en
dessous du taux débiteur des banques commerciales qui varie entre 16 et
18%. Il convient de souligner que le taux interbancaire au Rwanda oscille
entre 6,75 et 9,25% et que le taux de refinancement au niveau de la banque
centrale est égal au taux interbancaire plus 2%.
*Qualité du portefeuille: 6 IMF sur 7 clientes
interrogées ont eu des difficultés pour maintenir le taux de
remboursement à plus de 10%. Ce critère est très important
et encourage les IMF à maîtriser leurs portefeuilles. Nous pensons
que ce critère est raisonnable en référence au taux de
retard acceptable universellement qui est de 5%. Ici FOREDEM a
été large mais les besoins en formation sont identifiables au
niveau de la maîtrise du portefeuille dans toutes les IMF
* Système d'information de gestion (SIG) peu
fiable: Sur 7 IMF clientes interrogées, 3 ont un système
d'information informatisé et les informations comptables ou statistiques
demandées par FOREDEM n'étaient pas difficiles à trouver.
Il faut encore rappeler que pour l'ensemble des 14 IMF enquêtées
dans le cadre de cette étude, 3 seulement avaient un système
d'information informatisé. Ceci traduit la faiblesse du niveau
d'équipement, la faible maîtrise des nouvelles technologies
liées probablement au coût élevé de ce dispositif
(SIG).
* Professionnalisme: le faible professionnalisme des
IMF englobe plusieurs aspects institutionnels liés au savoir, au savoir
faire et au savoir être dans l'institution. Cette faiblesse a
été relevée dans 5 IMF clientes sur 7 interrogées.
Ceci est dû au manque du personnel ayant une expertise et une
connaissance dans les activités bancaires, au manque de formation du
personnel sur les bonnes pratiques de la microfinance et à la
mobilité du personnel formé par les IMF vers le secteur
bancaire.
- Difficultés observables uniquement aux IMF de
statut coopératif: il s'agit de la mauvaise gouvernance, de la
mauvaise gestion et des fonds propres insuffisants.
* Mauvaise gouvernance et mauvaise gestion: le
secteur de la microfinance souffre actuellement de la mauvaise gouvernance
accompagnée d'une mauvaise gestion. Cette situation est observable au
niveau de 4 IMF clientes sur 7 interrogées pour la mauvaise gouvernance
et 3 IMF sur 7 pour la mauvaise gestion toutes des COOPEC dans les deux cas. En
général, elle se manifeste à travers l'absence de
transparence (gonflement des actifs, dissimulation des pertes, provisionnement
insuffisants etc.), l'appropriation de la COOPEC par un groupe
d'administrateurs appuyé par le directeur ou par un groupe de
techniciens. Cette observation fait appel au besoin d'accompagnement technique
et de renforcement des capacités spécifiques des COOPEC et
constitue un risque important pour la banque.
*Fonds propres insuffisants: sur 7 IMF clientes
interrogées, 4 ont eu des difficultés à réunir des
fonds propres suffisants. Cette situation est très accentuée au
niveau des COOPEC et est due à la pauvreté de leurs membres et
à leur statut coopératif. La plupart des COOPEC sont des
initiatives locales et les membres sont des personnes à faibles revenus.
Ils ne viennent pas pour investir mais accéder aux services financiers.
Des contraintes juridiques peuvent également être
soulignées: premièrement au niveau de l'interdiction des
associations, coopératives ou groupements à devenir membres des
COOPEC alors que dans certains milieux ce sont eux qui détiennent de
gros moyens. Deuxièmement, la loi régissant les
coopératives interdit la détention de plusieurs actions par un
seul membre. Cette loi agit sur les fonds propres à trois niveaux:
d'abord, tous les membres sont obligés de posséder une part pour
tout le monde, ensuite, la coopérative est obligée de maintenir
la valeur de la part sociale au niveau acceptable par tous les membres et enfin
les investisseurs étrangers (fonds spécialisés
d'investissement dans la microfinance sont bloqués d'entrée pour
prendre des participations) à durée déterminée avec
l'assistance technique en gestion.
En somme, ces difficultés sont seulement l'expression
des IMF interrogées qui ont pu introduire leurs dossiers de demande de
refinancement au sein du FOREDEM. Nous avons constaté que l'ensemble de
ces difficultés est en majorité lié aux insuffisances des
capacités institutionnelles des IMF clientes potentielles du FOREDEM
et à la politique de refinancement du FOREDEM/BRD.
3.2.4. Synthèse de
l'analyse des capacités institutionnelles des IMF et vérification
de l'hypothèse N°2.
L'analyse des capacités institutionnelles et techniques
des IMF, à travers le niveau d'expérience des IMF dans la
microfinance, le niveau de capitalisation dans les IMF, le niveau de
développement du SIG et les principaux problèmes actuels des IMF
Rwandaises, montre l'existence des difficultés pour remplir les
conditions imposées par les banques en général et le
FOREDEM/ BRD en particulier. En analysant les difficultés
rencontrées par les IMF clientes de FOREDEM, nous avons remarqué
que presque toutes n'ont pas des moyens pour constituer des garanties
réelles. De plus, elles n'ont pas les capacités de
maîtriser leur portefeuille et d'assurer un système d'information
de gestion performante. Spécifiquement dans les COOPEC, on y trouve des
problèmes de mauvaise gouvernance et de mauvaise gestion qui diminuent
la confiance du FOREDEM/BRD envers ces institutions. Le problème de
professionnalisme encore faible dans les IMF Rwandaise constitue un frein
important vers l'accès au refinancement de nature commerciale. Tous ces
constats permettent de déduire que l'hypothèse n°2
selon laquelle l'insuffisance des capacités institutionnelles des IMF
est à l'origine du non accès au FOREDEM est
confirmée.
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