1.2.
Cadre méthodologique
1.2.1.
Problématique
1.2.1.1. Justification de
l'étude
Au début des années 90, les expériences
pratiques ont montré l'importance du secteur de la microfinance dans le
développement des pays. C'est ainsi qu'une attention particulière
a été portée sur l'offre des Services Financiers
Décentralisés. La réduction à long terme de la
pauvreté étant un objectif général des programmes
de développement de plusieurs pays en développement, la recherche
des moyens pour l'atteindre reste encore posée.
Selon Africap (2003), «Il y a environ
1,2 milliards de personnes à travers le monde qui vivent avec moins d'un
dollar par jour, il y a peut être un demi milliard d'entre eux qui
auraient besoin d'avoir accès à des services financiers pour
avoir des chances d'accroître leurs revenus afin de les porter
au-delà d'un dollar par jour ». Cette estimation explique la
portée du problème de la pauvreté dans le monde surtout
dans les pays en développement et le rôle du secteur financier
accessible à tous dans l'amélioration des conditions de vie des
populations.
L'accès des pauvres aux services financiers peut leur
permettre de participer activement à la vie économique de leur
communauté. Le rôle des services financiers dans le processus de
réduction de la pauvreté a été reconnu par les
chefs d'Etat et les gouvernements lors du sommet mondial du micro crédit
en 2005.
Pour DID (2005) «l'accès à
la ressource financière est considéré comme un
élément clé dans la réduction de la
pauvreté, puisqu'il offre aux clients, grâce à
l'entrepreneuriat dans le cas spécifique du crédit productif, des
occasions de devenir autonomes financièrement et leur procure un
gagne-pain stable pendant des périodes difficiles». L'accès
au crédit diminue la vulnérabilité de la clientèle
pauvre et lui permet d'améliorer ses conditions de vie. La microfinance
apparaît comme un moyen sûr pour offrir des services financiers aux
plus démunis. Pour jouer pleinement son rôle et contribuer au
développement des pays, le secteur de la microfinance devrait
s'étendre plus qu'il ne l'est présentement. Cette démarche
nécessite plusieurs conditions entres autres le professionnalisme et
l'accès à des fonds supplémentaires. Pour assurer leur
croissance, les IMF ont besoin de moyens financiers complémentaires afin
d'élargir leur portefeuille de crédit, de créer de
nouveaux produits et des agences dans les zones les plus reculées, de
former leur personnel, d'acquérir de nouvelles technologies
d'information, etc.
Le financement du secteur de la microfinance, s'effectuait
principalement par les bailleurs de fonds à travers des dons ou
subventions. Mais, cette source de financement est devenue de plus en plus
limitée en fonction de la croissance des activités du secteur et
de la nouvelle orientation commerciale des IMF. Selon Pride Africa (2002), les
actifs du secteur sont estimés à 7 milliards de dollars
américains, détenus par plus de 8000 IMF à travers le
monde, alors que la demande totale de micro crédits
s'élèverait à plus de 100 milliards de dollars
américains. Face à cette situation, plusieurs acteurs sont
à la recherche d'autres options de financement possibles et plus
efficaces. Il convient de rappeler que la recherche de ressources de
financement complémentaires pour les IMF est une étape
essentielle dans leur cycle de vie. La réussite de cette
opération conduit à la prospérité des services
financiers, à la pérennité et à
l'intégration progressive des IMF dans le marché financier.
Actuellement dans le monde, plusieurs opportunités de financement
s'offrent à ces structures sous différentes
conditionnalités. En Afrique, le besoin de financement des IMF se
manifeste surtout lorsqu'il s'agit d'accroître leurs portefeuilles de
crédit, de développer des nouveaux produits et d'ouvrir des
nouveaux bureaux ou agences. En effet, les options possibles de refinancement
sont nombreuses: notamment au niveau des Banques de développement ou des
banques spécialisées, ensuite au niveau des Banques commerciales
et enfin au niveau des institutions financières internationales et/ou
des ONG et projets. Le développement de ces options dépend de la
maturité du secteur financier de chaque pays.
Au Rwanda, le problème de ressources financières
des IMF s'explique par la collecte des dépôts insuffisants, par
l'accès difficile aux marchés financiers ou monétaires
contrairement aux banques, par les apports propres des associés
insignifiants surtout dans les COOPEC et mutuelles d'épargne et
crédit, par le dépassement de ratio prudentiel de transformation
de l'épargne en crédit et enfin, par l'insatisfaction d'un grand
nombre de demandes chez les IMF. Les options stratégiques pour faire
face à tous ces défis sont aussi disponibles pour renforcer les
moyens de financement des IMF, cependant elles restent à être
consolidées compte tenu de la «nouveauté» du secteur
de la microfinance. C'est dans ce cadre que le Gouvernement Rwandais a
créé un FOnds de REfinancement et de DEveloppement de la
Microfinance (FOREDEM), destiné à financer et à
professionnaliser les IMF. Le FOREDEM, logé dans la Banque Rwandaise de
Développement devait au bout de trois ans se transformer en une
institution spécialisée de refinancement. Cependant,
malgré la mise en place de ce fonds, on note un faible recours des IMF
au FOREDEM, ce qui risque par conséquent de compromettre
l'institutionnalisation du Fonds en structure spécialisée de
refinancement. Depuis la création (décembre 2002), de cette
direction spécialisée, jusqu'à nos jours, le recours au
FOREDEM par les IMF demeure très faible. Sur 223 IMF
agréées par la banque centrale, seules 12 IMF soit 5% ont pu
introduire leurs dossiers de demande de refinancement. Aussi, les dossiers
approuvés pendant ce temps ont-ils connu des sorts différents. En
effet, parmi les 12 dossiers introduits au niveau du FOREDEM, 9 ont
été approuvés et parmi ces 9 dossiers, 6 ont pu quant
même atteindre l'étape de décaissement. Au final, seulement
4 IMF ont pu bénéficier d'un décaissement effectif. Ces
résultats traduisent, toute la difficulté que ont les IMF
à accéder à ce fonds de refinancement. Les raisons
pourraient être imputables d'une part à la BRD et d'autre part aux
IMF
Au vue des difficultés liées à
l'accès au refinancement par les IMF et à la réalisation
de la mission du Fonds, deux préoccupations sont à soulever:
- Quelles sont les raisons du non recours au service du
FOREDEM par les IMF?
- Quels sont les préalables à observer tant au
niveau du FOREDEM qu'au niveau des IMF pour assurer l'activité de
financement en amont et en aval de façon pérenne?
D'où l'importance de la thématique:
«Problématique de refinancement des institutions de microfinance au
Rwanda: Cas du Fonds de Refinancement et de Développement de la
Microfinance (FOREDEM) par la Banque Rwandaise de Développement (BRD)
».
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