Chapitre 2 : Gestion pratique du risque de taux de
change
Ce chapitre retrace les concepts et outils de gestion de risque
de taux de change, et la nécessité d'une gestion, à
travers des instruments, afin de pouvoir mieux appréhender les
rouages.
A. Nécessité d'une gestion de risque de
taux de change
Le commerce internationale, étant
fortement lié, et dépendant du taux de change, dès lors
qu'une entreprise ou un opérateur économique opère
à l'international, elle est confrontée à la notion de ce
taux de change, qui est très déterminant pour ses
activités. A l'instar du marché des taux
d'intérêt, le marché des changes, est également un
marché qui n'est pas épargné au risque. En effet, les
entreprises dès qu'elles opèrent à l'international, elles
sont confrontées au taux de change, qui est le déterminant
principal du commerce international. Par ailleurs, le taux de change met en
exergue un véritable marché, celui des changes, qui est
également confronté à une volatilité des cours de
devises à long terme, qui s'explique par la parité du pouvoir
d'achat et le statut des relations économiques (économiques,
financières, et monétaires), entre un pays et un autre pays
étranger. En d'autres termes, les déficits commerciaux et
courants qui évaluent la parité de pouvoir d'achats entre les
états sont d'une part à l'origine de l'instabilité des
taux et d'autre part, l'instauration d'un flottement de monnaies depuis les
années 1970, et l'inflation induite. A court terme, des facteurs
financiers tels les politiques économiques, et les actions des
autorités monétaires. Cependant, cette instabilité des
taux affecte tous les acteurs de ce marché, les opérateurs
économiques, les touristes, les entreprises, les institutions. Au
niveau des entreprises, champ d'étude de notre recherche, ces
fluctuations représentent deux types de risque : le risque de
transaction, et le risque de perte de compétitivité. Le risque
de transaction : les opérations internationales
d'importation/exportation, comportent généralement des
délais de paiement ou de règlement. Pendant ces délais,
l'instabilité des taux de changes peut affecter plus ou moins le montant
des factures qui seront converties en monnaies locales, on parle de risque de
transaction Le risque de perte de compétitivité : le
risque des taux de change peut affecter plus ou moins la
compétitivité de nos produits, qui peuvent être plus ou
moins chers pour nos acheteurs étrangers, selon la monnaie de ces
derniers : on parle donc d'un risque de perte de
compétitivité.
Ainsi, face à ces risques
éventuels sur ce marché des changes, il existe à
l'instar des autres marchés, des techniques, des outils et instruments,
qui permettent aux entreprises et acteurs de ce marché, d'en
atténuer les conséquences de cette variation des taux de
change. Ces techniques consistent à réduire ou à
annuler le risqué lié aux positions de change par le biais de
méthodes internes au sein des entreprises ou externes en
transférant la gestion du risque de change à des organismes
financiers ou bancaires.
B. INSTRUMENTS DE COUVERTURE
INTERNES
Sur le marché des changes, il existe notamment
des instruments de couverture, qui sont soit réalisés en interne
(par l'entreprise, à travers son comité de gestion de risque) ou
en externe (par des organismes bancaires, des assurances ou des cabinets...)
B.1 INSTRUMENTS DE COUVERTURE INTERNES
Dans
ce paragraphes, nous déterminerons les méthodes internes, qui
sont définis et établies par les entreprises en
interne.
1. LE CHOIX DE LA MONNAIE DE FACTURATION
Il s'agit de déterminer la
monnaie qui sera libellée dans le contrat de vente ou d'achat à
l'international, entre les parties liées au contrat, c'est-à-dire
la monnaie dans laquelle l'opération sera facturée. Le choix
d'une monnaie par rapport à une autre permet de minimiser le risque.
Deux possibilités s'offrent alors, le choix de la monnaie nationale ou
le choix d'une devise étrangère. Pouvoir choisir la
monnaie qu'on trouve idéale, peut être fonction de son
pouvoir de négociation, sa notoriété, son influence
dominante. La monnaie choisie, pourrait être favorable ou
défavorable pour l'une ou l'autre des parties, ou également les
deux parties. Dans la généralité des cas, les PME,
préfèrent facturer leurs exportations ou régler des
factures dans la monnaie locale, qui par conséquent fait peser des
risques pour la partie étrangère. Ainsi, l'entreprise
étrangère pourrait accepter cette monnaie locale comme choix de
la monnaie de facturation, à condition, que l'autre partie soit en
position de force (prix intéressants, délais de règlements
raisonnables, qualité irréprochable, service après vente
), ou propose des services en plus comme le transport à ses frais, la
maintenance... Cependant, au niveau de la facturation du choix de la devise,
il peut s'avérer que la devise choisie, ne soit la monnaie locale de
l'une des parties. On peut donc choisir une devise, selon certains
paramètres. Entre autres, la législation des changes d'un pays,
la localisation géographique (le cas de certains pays regroupés
au sein d'une monnaie commune), ou les difficultés pour se procurer une
devise auprès des banques dans certains pays. Cependant avant de
choisir la monnaie qui serait profitable pour l'une ou l'ensemble des parties,
il revient de façon idéale, à peser le pour et le contre.
Cette technique présente donc des avantages et des inconvénients
pour ces parties.
1.1 Avantages :
Facturation en monnaie locale :
Le risque de change est inexistant : vous connaissez le
montant exact de l'encaissement dès la conclusion du contrat. La
facturation en monnaie nationale offre des facilités au niveau
comptable. Les opérations avec l'étranger sont
comptabilisées comme des opérations nationales. L'entreprise
peut éviter une réduction potentielle de sa marge
bénéficiaire suite à une évolution
défavorable des cours de change. Facturation en
devise : L'acheteur dispose d'une base de comparaison en
ce qui concerne le prix. Des financements en devises à taux
attractifs sont possibles. La facturation en devises donne une image de
professionnalisme. Concéder la facturation en devises peut donner la
possibilité de négocier sur un autre point important du contrat
(comme, par exemple,
la
loi et le tribunal compétent en cas de litige). L'entreprise
peut bénéficier d'une évolution favorable des devises.
1.2 Inconvénients :
Facturation en monnaie locale :
Il y a transfert du risque de change sur l'autre partie,
élément qui peut bouleverser le rapport de force dans la
négociation. La négociation peut s'avérer difficile
suite à la méconnaissance du cours de la monnaie de
transaction. Perte potentielle liée à une évolution
favorable de la monnaie étrangère qui aurait été
choisie pour le contrat. Une tarification en monnaie nationale est souvent
accompagnée de clauses d'indexation rendant la protection
illusoire. Facturation en devise :
Une
politique
de gestion du risque de change peut devoir être mise en
place. La facturation en devises apporte des lourdeurs comptables, les
comptes clients se présentant en devises L'entreprise peut souffrir
d'un bénéfice réduit suite à une variation des
cours de change non-avantageuse ou encore au coût de la protection de
change.
2. LE TERMAILLAGE
Le termaillage est une technique de couverture, qui permet
d'influencer les encaissements et décaissements des devises
étrangères, selon l'évolution anticipée des cours
sur le marché des changes, en les accélérant ou les
retardant, dans le respect des clauses de ce contrat. Cette technique permet
de faire varier les dates ou délais de paiement, afin de
bénéficier de l'évolution des cours à son profit.
Il est caractérisé par un décalage des dates de paiement
essentiellement Ainsi, lorsqu'un exportateur anticipe une
appréciation de la devise de facturation, il retarde la date de
règlement de sa créance. Par contre, lorsqu'il anticipe une
dépréciation de la devise, il accélère la date de
règlement. Inversement pour l'importateur, lorsqu'il anticipe une
appréciation de la devise dans laquelle il achète une
marchandise, il anticipe son règlement. Et quand il anticipe une
dépréciation de la devise d'achat, il retarde le
décaissement. L'inconvénient de cette technique, c'est qu'elle
peut engendrer des couts financiers en termes de trésorerie pour l'une
des parties, au profit de l'autre, et par ailleurs, affecter les relations
commerciales entre les acteurs.
3. LES CLAUSES D'INDEXATION
Pour
se protéger contre des variations de la devise de facturation, il existe
des clauses, appelées clauses d'indexation, qui permettent aux deux
parties, acheteurs et vendeurs, de prévoir de façon contractuelle
les modalités du risque de changes. Ainsi, il existe donc un bon
nombre de clauses à ce sujet, dont on ne pourrait pas idéaliser
l'une ou l'autre, mais qui, par contre permettre d'atténuer les
conséquences. Les principales clauses d'indexation, les plus
fréquemment utilisées sont :
3.1 Les
clauses d'adaptation des prix, proportionnelles aux fluctuations des cours de
change : Au moment de la signature du contrat,
détermine la valeur des marchandises, dans sa monnaie locale. Si le
coût de facturation de la monnaie augmente, le prix de l'exportation est
augmentée pour l'acheteur, sur la base du nouveau taux de change, et
c'est lui, qui supporte donc le risque de change.
3.2 Les
clauses d'indexation
« tunnel » : Acheteur et vendeur,
fixent une limite de taux de variation de la monnaie de facturation,
c'est-à-dire un cours de change minimum, et un autre maximum, dans
laquelle, toute variation dans cette fourchette, n'a aucun incidence sur les
prix. Par contre en dehors de cette limite, le prix est revu soit à la
hausse ou à la baisse, selon les clauses du contrat, proportionnellement
à ladite variation.
3.3 Les clauses de risque
partagé : Dans ce contrat, il est question de la
solidarité des acteurs (acheteur et vendeur), quant au partage du risque
de fluctuation des cours.
3.4 Les clauses
multidevises : Ces clauses permettent de libeller le
montant de l'opération en plusieurs devises, et c'est à
l'échéance du contrat, que l'une des parties choisit la devise de
règlement.
3.5 Les clauses d'indexation sur une
devise ou un panier de devise : Dans cette clause, les
parties déterminent une devise tierce, qui sera la devise de
facturation. Cette clause répercute le risque de change sur les deux
parties
3.6 Les clauses d'option de devises :
Elles permettent de se fixer sur un commun accord, une autre
devise, dans la mesure ou la devise du contrat, de départ, serait
supérieure ou inférieur à un certain cours de change.
Ainsi, si la devise de contrat est en dehors d'un certaine limite de variation,
la nouvelle devise de facturation est serait l'autre devise, qu'on pourrait
appeler devise secondaire.
Ainsi, nous avions pu
énumérer une panoplie de clauses, qui permettent
d'atténuer le risque, l'annuler ou le partager entre les acteurs.
Cependant l'une ou l'autre de ces clauses, pourrait être favorable ou
défavorable pour l'une des contractants de ce contrat. Il revient donc
à pouvoir peser le pour et le contre de chacune des clauses avant de
déterminer, celle qui permettrait de couvrir son opération, en
tenant compte de plusieurs éléments : l'anticipation et
l'évolution historique des coûts, la monnaie de facturation, le
laps de temps entre la signature du contrat de vente ou d'achat et la date de
règlement...
4. LES COMPENSATIONS
INTERNES
Ils représentent un instrument de
couverture selon lequel les entreprises compensent leurs encaissements et leurs
décaissements dans une même monnaie, dans le but de limiter ou
atténuer le risque de change. Cette technique consiste à
supprimer les transferts de devises inter-sociétés, en
rationnalisant les flux d'entrées et de sorties de devises à
l'intérieur. Par conséquent le règlement d'une devise
sera affecté au paiement d'une dette, dans la même unité
monétaire. Ainsi, l'entreprise, afin de disposer de d'entrées
pour régler les sorties, doit par ailleurs agir sur les délais de
paiement, et dates de règlement. Aussi, elles peuvent consister
à procéder à une compensation des positions de change
réciproques entre deux entités d'un même groupe,
généralement des multinationales
5. LES SWAPS DE DEVISE
Un swap de devises
est un instrument financier grâce auquel deux opérateurs, soit un
importateur ou exportateur par exemple, procèdent à des
échanges de capital et de taux d'intérêt dans deux devises
différentes, et s'engagent contractuellement à effectuer de
façon régulier des paiements qui correspondent aux
intérêts, et à se rendre le montant échangé
au terme de la période. Dans la pratique, la banque interagit dans ce
système en tant qu'intermédiaire
B.2 INSTRUMENTS DE COUVERTURE EXTERNES
En
plus des instruments de couverture internes, il existe également des
instruments externes, qui sont élaborés et mis en place en
externe, par d'autres structures, autre que l'entreprise.
1.
L'ASSURANCE CHANGE
Définition et
caractéristiques
Ce sont des assurances que des
organismes externes proposent aux entreprises pour leur permettre une
couverture quant à leurs opérations d'exportations ou
d'importations. Ces assurances ont pour objectif de protéger les
entreprises, quant à des variations des cours de change, qui peuvent
leur être défavorables. Ces assurances sont
générales et variées. Elles peuvent concerner des
opérations ponctuelles ou également régulières.
Elles peuvent aussi couvrir des opérations de paiement depuis la
signature du contrat, jusqu'à la date de règlement. Comme toutes
assurances, elles comportent des clauses, sur une base contractuelle, qui
permettent de bénéficier d'un cours favorable, ou aussi d'un
cours garanti. Ces polices d'assurance de change, permettent de conserver la
maîtrise du risque de change, sans être engagé, si l'offre
n'est pas retenue, tout en profitant d'une évolution favorable de la
devise. 2. LA COUVERTURE SUR LES MARCHES DE CHANGE A
TERME
1. Définition et
caractéristiques
Cette technique est la technique
la plus utilisé par les entreprises, pour essentiellement des raisons de
simplicité. Elle est basée sur un échange de devise entre
contre une autre, autour d'un cours comptant fixé avec livraison
simultané, à une date convenue. Deux options sont donc
possible : L'achat à terme (pour couvrir des
importations) : Un importateur pour se couvrir contre un risque de
change, lié à une appréciation d'une devise, achète
à terme des devises correspondant au montant qu'il doit à
l'exportateur, et sait donc avec précision le montant qu'il devra payer
à terme, sur la base d'un cours à terme acheteur dont la formule
est la suivante. Soit A et B, deux devises différentes
1 + ((nombre de jours * taux acheteur B)/360)
1 + ((nombre de jours * taux vendeur A)/360)
CAT A/B acheteur = spot A/B acheteur *
La vente à terme (pour couvrir des exportations) :
Un exportateur pour se couvrir contre un risque de change, lié
à une dépréciation, d'une devise vend à terme
à sa banque la créance qu'il doit recevoir de l'importateur,
ainsi il fixe le montant qu'il devra recevoir à terme dans
l'unité monétaire nationale, sur la base d'un cours à
terme vendeur dont la formule est la suivante. Soit A et B, deux devises
différentes CAT A/B vendeur = spot A/B vendeur *
1 + ((nombre de jours * taux vendeur B)/360)
1 + ((nombre de jours * taux acheteur A)/360)
Cette couverture, revient à fixer à une
date présente, c'est-à-dire aujourd'hui, des cours de change
à une date future, soit en vendant ou achetant à terme des
devises auprès d'une banque. Cependant ces contrats sont des contrats
fermes, et l'importateur/exportateur ne peut bénéficier d'une
évolution favorable des cours. En termes de commerce international,
cet instrument de couverture est le plus utilisé, et par
conséquent comme les autres instruments, présente des avantages
et des limites.
1. Avantages : Se
couvrir sur le marché de change à terme, permet de se fixer un
cours garanti à l'avance, et n'engage aucun suivi administratif. Aussi
cette technique est très souple, puisqu'elle permet de se couvrir sur de
nombreuses devises.
2. Inconvénients :
Cette technique est basée sur un contrat ferme, qui ne
permet donc pas de bénéficier d'une évolution qui pourrait
s'avérer favorable. Il n'ya donc pas de négociation, même
au niveau du cours qui est déjà garanti. Il revient donc
d'assumer ses engagements sans aucune négociation ou remise en
cause. Cette technique présente aussi un risque dans une certaine
mesure, en cas de non paiement par exemple de l'acheteur ou d'une
résiliation du contrat, qu'on appelle risque de retournement du terme.
C'est le cas d'un contrat établi en devises qui a été
conclu entre un acheteur et un vendeur pour une marchandise, avec un
délai de paiement. Ainsi pour se protéger, le vendeur vend
à sa banque des devises qu'il doit normalement recevoir comme convenu le
jour de règlement, et à ce jour, l'acheteur refuse de payer la
marchandise ou résilie le contrat. Malheureusement la vente de devise
réalisée avec la banque est un contrat ferme et à terme,
et si la devise s'apprécie sur le marché, il est fort possible
que le vendeur en question soit obligé d'acheter au comptant des devises
à un prix plus élevé que celui stipulé dans le
contrat de vente à terme à la banque pour assumer sa
responsabilité vis-à-vis de la banque
3.
Exemple
Prenons le cas d'une entreprise Française
spécialisée dans la fabrication d'huile, et qui importe des
graines à une entreprise Américaine. Elle effectue une
commande de 2 000 000 USD. Sur le contrat, le délai de
règlement est estimé à 3 mois. Les cours sur le
marché sont les suivants : Cours au comptant EUR/USD :
1,1550 - 1,1555 Cours à 3mois EUR/USD : 1,1530 -
1,1535 L'importateur Français décide de se couvrir à
terme, et achète auprès de sa banque des dollars USD à la
banque. Il s'assure donc d'un montant à payer : 2000000/1,1530 =
1734605. Si deux mois plus tard, le cours est 1,1535EUR/USD, l'importateur
aurait payé aux Américains 2000000/1,1535 = 1733853, ainsi, il
aurait réalisé une perte, car ce montant serait supérieur
à celui qu'il s'était engager à payer à la
banque Par contre si deux mois plus tard le cours est 1,1525, l'importateur
aurait déboursé vis-à-vis de l'exportateur 2000000/1,1525
= 1735357. Ainsi, il aurait réalisé un gain, car ce montant
serait inférieur à celui qu'il s'était engagé
à payer à la banque.
Cet exemple permet donc de voir dans
quelle mesure la couverture à terme selon l'évolution des cours
pourraient être favorable ou défavorable.
3. LA COUVERTURE SUR LE MARCHE
MONETAIRE
1. Définition et
caractéristiques
La couverture sur le marché
monétaire s'effectue à travers deux voies : les emprunts ou
les prêts en devises, afin de pouvoir équilibrer les positions de
change, selon une importation ou une exportation. Les prêts en
devises : Ils permettent à un importateur qui a une position
courte en devises (c'est-à-dire un excédent de dettes en
devises), d'acheter des devises sur le marché par emprunt, et par la
suite de les placer jusqu'au jour d'échéance du contrat
d'importation. En d'autres termes, prenons le cas d'une entreprise
Européenne, qui souhaite acheter à terme des dollars pour couvrir
son risque sur des importations à des fournisseurs Américains
payables dans 3 mois. Acheter à terme des dollars équivaut pour
elle à vendre des euros contre des dollars. La banque doit donc garantir
un cours pour ces euros qu'elle achète à son client. Pour
garantir ce cours aujourd'hui, tout en évitant de subir un risque de
dépréciation future de l'euro contre le dollar, la banque va
réaliser les opérations suivantes, pour l'importateur
Européen : Emprunter aujourd'hui des euros sur 3
mois. Changer immédiatement ces euros contre des dollars Placer
les dollars obtenus sur six mois. A l'échéance, la banque va
récupérer les dollars placés et les livrer à
l'importateur.
Les emprunts en devises ou avances en devises :
Pour un exportateur qui a une position longue en devise
(c'est-à-dire qu'elle a un excédent de devise en créance),
va emprunter sur le marché des devises correspondant à une
créance qu'il doit recevoir de la part de son client, et les vendre dur
le marché comptant pour obtenir de la monnaie
locale
2. Exemple
Prenons le cas d'une
couverture sur le marché monétaire, concernant un
exportateur Une société Française qui souhaite se
couvrir quant à des ventes d'une valeur de 1000000 USD aux USA payables
sur 6 mois. Cours comptant USD/EUR : 0 ,80192 / 0,80353
Taux du dollar 6 mois: 4,25% / 4,3% Taux de l'euro 6 mois: 2,75% /
2,8% Ainsi, l'exportateur va emprunter des dollars pour 6 mois. Quelle somme
doit-il emprunter pour avoir à terme 1000000 USD ? Dans un
premier temps, la banque va emprunter des dollars, c'est-à-dire les
acheter au cours vendeur, qui est de 4,3% : La somme à emprunter
est : 1000000/ (1 + (180*4,3%)/360)) = 978952 USD Ensuite elle va
changer cette somme contre des euros : 978952 * 0,80353 = 786618 EUR Et
après, elle va placer les euros sur le marché, la somme
rapportée sera la suivante : 786618 * (1 + (180 *
2,75%)/360 )) = 797433,9975 EUR
Cependant le recours à ce
moyen de couverture sur le marché monétaire, est fonction de
plusieurs paramètres, principalement la position de change en devise,
afin de d'équilibrer sa trésorerie en devise, et pouvoir
gérer les excédents de dettes ou de créances. Au
delà de cet aspect de position de change, il ya aussi le
différentiel de taux d'intérêt entre le financement en
devise et celui dans la monnaie locale. Si ce différentiel est trop
important l'opération ne vaudra sans doute pas la peine d'être mis
en place, le cours de change réellement supporté par l'entreprise
étant trop important alors.
4. LES OPTIONS DE
DEVISE
1.Définition Au
niveau des options de devises, on distingue les options d'achat et les options
de vente de devises. L'acheteur d'une option de devises, acquiert le droit
et non l'obligation d'acheter un certain montant en devises à un prix
déterminé à l'avance, appelé prix d'exercice
jusqu'à ou à une certaine échéance, qu'on appelle
date d'exercice, contre le paiement d'une prime. Le vendeur d'une option de
devises, acquiert le droit et non l'obligation de vendre un certain montant en
devises à un prix déterminé à l'avance,
appelé prix d'exercice jusqu'à ou à une certaine
échéance, qu'on appelle date d'exercice, en encaissant une
prime. Lorsque l'option ne peut qu'être exercée à
échéance, on parle d'options Européennes. Les options
Américaines, sont celles qu'on peut exercer à tout moment pendant
toute la durée de vie du contrat jusqu'à
échéance. Le droit d'acheter une devise s'appelle un Call, et
le droit de vendre une devise s'appelle un Put. Une option que ce soit pour un
Call ou un Put, peut être dénoué en trois voies :
L'acheteur de l'option peut abandonner son option s'il trouve avantageux
pour lui d'acheter ou de vendre des devises sur le marché des changes.
Par contre il peut exercer son option, s'il trouve désavantageux
pour lui de se tourner vers le marché des changes pour acheter ou vendre
des devises. Si l'entreprise n'a pas encore exercée son
opération commerciale, et que celle l'option a encore une valeur
positive, il peut alors vendre cette option.
Dans le cadre des
opérations d'importation/exportation, un importateur qui souhaite se
protéger d'une évolution du cours de la devise dans laquelle il
est facturé, achète une option d'achat de devises.
L'importateur peut exercer son option, selon son gré, si le cours de
la devise a fortement évolué à la hausse, et est
supérieur à celui de l'option. Par contre, si le cours de la
devise, est en baisse par rapport à celui de l'option à
l'échéance ou une certaine période de
l'échéance, il n'a donc pas intérêt à exercer
son option. Un exportateur achète quant à lui une option de
vente de devise pour se protéger quant à une baise de la devise
dans laquelle est facturé le client. Si le cours de la devise a
augmenté, et qu'il est au dessus de celui de l'option, il a
intérêt à exercer son option. Par contre, si le cours de la
devise est en dessous de celui de l'option, il n'a pas intérêt
à exercer son option, et à se tourner sur le marché
comptant pour changer ses devises. On pourrait en quelque sorte assimiler
l'option à un « joker ».
Comme nous l'avions
vu, un peu plus haut, les options sont articulées autour d'un prix, qui
correspond à la prime, qui est composé de leur valeur
intrinsèque et de leur valeur temps. La valeur intrinsèque est
la différence entre le prix d'exercice et le prix de l'actif
sous-jacent, c'est-à-dire la devise. Cette valeur n'est jamais
négative. Cependant, si le prix d'exercice d'un call est
supérieur ou inférieur au prix du support, la valeur
intrinsèque est donc nulle. La valeur temps représente la
probabilité de gain de la valeur intrinsèque. Cette valeur temps
représente le risque pris par le vendeur. Plus l'échéance
est lointaine, et plus la devise est volatile, plus la valeur temps est
importante
2. Exemple : Prenons le
cas toujours d'un importateur Français qui souhaite se couvrir d'une
appréciation du dollar vis-à-vis de l'euro par le biais d'une
option d'achat qu'il achète. Il achète des matières
premières pour 1000000USD payables sur 3 mois Les conditions de
l'option sont : Prix d'exercice : 1EUR = 1,500
USD Echéance 3 mois Prime : 2%
Pour
bénéficier de cette option, l'importateur va payer une prime qui
correspond à 3% de l'opération. Ce qui revient à :
1000000*2% = 20000 USD, et équivaut à 20000/1,5 = 13333
EUR. L'importateur va donc supporter un cours maximal, qui correspond au
montant de la commande renvoyé en euro, au cours dont il pourra
bénéficier par le biais de cette option, plus la prime
Coût maximal = 1000000/1,5 + 13333 = 680000EUR A
l'échéance, trois cas peuvent se présenter à lui,
une appréciation ou dépréciation du dollar, ou le dollar
reste échangé Le dollar s'apprécie : 1EUR=1,45
USD, 1000000/1,45 = 689655EUR. Ce montant étant supérieur au
coût maximal, il a donc intérêt à exercer son option,
afin d'éviter une perte Le dollar se déprécie :
1EUR = 1,6 USD, 1000000/1,6 = 625000 EUR. Ce montant inférieur au
coût maximal, l'importateur n'exerce par son option, et achète
plutôt le dollar sur le marché comptant Le dollar reste
inchangé : Il est indifférent quant à exercer ou pas
l'option.
Ainsi, selon l'évolution du cours, il peut être
bénéfique ou pas d'exercer l'option.
5. LE CONTRAT DE CHANGE A TERME AVEC
PARTICIPATION
1. Caractéristiques
Le contrat de change à terme avec participation,
est un contrat de change à terme avec lequel l'exportateur peut
bénéficier en partie de l'évolution favorable du cours de
change. La particularité de ce contrat se résume autour de
deux éléments principaux : Un cours de change garanti,
en cas d'une évolution défavorable. Un pourcentage de
participation, qui permet à concurrence de ce pourcentage de
bénéficier de l'évolution favorable des cours, qui est
fixé par la banque, mais généralement l'exportateur fixe
le taux de participation. A la différence des options de change, il
n'est pas question de primes à payer.
2.
Exemple
Prend le cas d'un exportateur Européen qui
souhaite se protéger quant à une dépréciation de
l'euro vis-à-vis du dollar. Les conditions du contrat sont les
suivantes : Cours à terme : 1 USD = 0,85 EUR Cours
garanti : 1 USD = 0,80 EUR Taux de participation :
65% Echéance 3 mois Si dans 3 mois, le dollar s'est
déprécié par rapport à l'euro 1USD = 0,7 EUR,
l'exportateur vend ses dollars au cours garanti : 1 USD = 0,80 EUR Par
contre, si le dollar s'est apprécié : 1USD = 0,9 EUR,
l'exportateur vendra ses dollars au cours garanti, plus le taux de
participation : 0,8 + (0,65 * (0,9 - 0,8)) = 0,865
Ainsi, il vend
ses dollars à un taux plus intéressant.
|
|