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Politique de Libéralisation financière dans l'UEMOA: Impact et condition de réussite à partir d'une analyse emprique sur données de panel

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par Fidelia Beugre DAGO
Université de Cocody-Abidjan, UFR Sciences économiques et de Gestion, Programme GPE de la WBI (World Bank Institute) - DESS - GPE (Gestion de la Politique Economique) 2007
  

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Section III : Analyse et interprétation des résultats

Les résultats d'estimation de notre modèle de croissance  (équation 1) figurent dans le tableau 1 (voir annexe), sont satisfaisants aussi bien sur le plan économétrique que celui de l'interprétation économique. L'ensemble des variables semblent avoir un effet important sur la croissance économique.

En effet sur le plan économétrique, Il est important de souligner que dans le modèle multiniveau à effet mixte, l'hétéroscédasticité n'est pas forcement un problème qui risque de biaiser les estimations. En outre de sa capacité à analyser les données hiérarchisées, les modèles à effet mixte possèdent des caractéristiques qui leur rendent apte à modéliser les données ou la variance résiduelle n'est pas constante. Ils permettent donc de modéliser l'hétéroscedasticité (Snijders et Boskers, 1999). Le terme (équation 6) représente l'héteroscedacité des résidus. Il s'interprète comme un effet aléatoire d'interaction entre le groupe ou niveau et la variable explicative. Dans notre étude les paramètres (variances) associés au niveau 2 (pays) et au niveau 1 (année) ont un effet aléatoire dans toutes nos régressions. Cela met en évidence l'effet contextuel des pays et de la période d'estimation (année) sur l'explication de la croissance économique par nos variables explicatives.

Le concept « de proportion  de la variance expliquée » est cependant bien connu dans les analyses de régression multiples, sa mesure usuelle est le, pour les modèles à effet mixte hiérarchiques et linéaires, ce concept étant beaucoup plus complexe (Snijders et Boskers, 1999), nous ne les calculerons pas dans notre étude compte tenu de la multitude de régression effectuée (18).

Sur le plan économique, pour la régression (Tableau 1, spécification 1) qui comportent uniquement les variables de contrôle, nos résultats semblent être conformes aux considérations théoriques et empiriques. Le coefficient du PIB initial (pibi) par habitant est positif et statiquement significatif (0,945) suggérant dès lors une absence de convergence entre pays de l'UEMOA.

Le capital humain mesuré par le niveau d'éducation à l'enseignement secondaire, est positif et statiquement significatif (0,224). Ce qui montre qu'une augmentation de 1% de la variable HUM apprécie de 0,22 % la croissance économique.

Le taux d'investissement public est affecté d'un coefficient positif et statiquement significatif, par contre le taux d'investissement privé est négatif et statiquement non significatif. Cela suggère que l'investissement public a relativement des effets plus prépondérants sur la croissance que celui du secteur privé dans les pays de l'UEMOA.

L'augmentation de la population affecte positivement la croissance, ceci infirme l'effet appauvrissement de la population dans les modèles de croissance exogène de SOLOW. En effet le coefficient (0,945) de la variable POP est positif et non significatif.

Le coefficient de la variable `'ouverture commerciale'' est positif et non significatif (0,032). Plusieurs auteurs rappellent que le lien entre ouverture et croissance n'est pas systématique. Grossman et Helpman (1991) souligne que l'effet du commerce peut être parfois ambigu et même néfaste. En outre, Fontagné et Guérin (1991) voient que l'ouverture serait un catalyseur et non le moteur de la croissance. D'autres études récentes apportent des précisions en la matière, en particulier, les travaux de Busson et Villa (1997) relèvent que la nature des échanges est sans doute plus importante que leur intensité dans l'explication de la croissance.

Notre régression de base montre que la croissance économique est fonction croissante du niveau d'investissement public en pourcentage du PIB, du niveau de développement initial et du capital humain. Pour des pays en voie de développement comme ceux de l'UEMOA, les autorités publiques devraient dès lors encourager l'investissement public et améliorer davantage le capital humain par des investissements élevé dans le secteur de la santé et de l'éducation.

Les résultats des régressions (tableau 1,regresion 3,4,5) dans lesquelles nous avons augmenté successivement la régression de base avec les différentes mesures de la libéralisation financière montrent que les indicateurs de la Libéralisation Financière, crédit au secteur privé (CSP) et Masse monétaire (MM) sont positifs et significatifs suggérant ainsi leurs effets substantiels sur la croissance économique. Par contre les IDE paraissent négatifs et non significatifs.

La régression 3 (tableau 1), présente les résultats d'estimation de la croissance en incluant la variable ``crédit privé rapporté au PIB''. Le coefficient de cet indicateur qui parait positif, est significatif. Dès lors une augmentation (diminution) de 1% de la variable CSP entraîne une augmentation (diminution) de la croissance de 0,096%. Ceci est conforme avec les résultats de Klein et Olivei (1999).

La régression.4 (tableau 1), prouve ainsi que la croissance économique est fortement dépendante d'une bonne intermédiation financière par le biais d'une bonne maîtrise du ratio ``M2 en pourcentage de PIB''.

Les résultats qu'on peut tirer des régressions (3,4,5) c'est que la libération financière présentée par ces trois variables (M2, CSP, IDE) de façon individuelle, exerce un effet, plus ou moins, faible sur la croissance économique, à l'exception de la variable IDE qui d'ailleurs n'est pas significatif. Lorsque nous prenons dans une même spécification (régression 2) ces trois indicateurs de libéralisation financière, seul le crédit au secteur privé est significatif. Ces résultats relèvent de deux constats :

Le premier implique que les détenteurs du pouvoir de la politique économique des pays de l'UEMOA doivent agir sur les variables Crédit au secteur privé en pourcentage de PIB et la Masse monétaire en pourcentage du PIB, car elles constituent en elles-mêmes une source de la croissance. En effet, il est important de rappeler qu'il existe une surliquidité des banques dans l'UEMOA (Konan Sylvère ,2001) due à la forte méfiance de ces dernières envers les entreprises (en majorité des PME et PMI) de la zone. Dès lors, la mise en oeuvre par les autorités d'une véritable politique de soutien (fiscalités adaptées, fond de garantie, formation) à ces entreprises, favoriserait l'acquisition de crédit et permettrait d'influer positivement et fortement sur la croissance. En outre, malgré l'avènement de la libéralisation financière, il apparaît un oligopole dans le secteur bancaire et financier, qui freine la concurrence et permet le maintien à un niveau encore élevé les taux d'intérêt débiteur, ce qui évidement accroit le cout d'acquisition du crédit.

Alors que le deuxième aborde la question de réformes et des conditions économiques et financière et même institutionnelles qui favoriserait l'impact de la libéralisation financière sur la croissance économique. Se référant à quelques travaux théoriques et empiriques antérieurs, la libéralisation financière exerce un effet positif élevé et significatif sur la croissance économique que sous un niveau de développement économique initial assez élevé (Hamdi Kalfaoui, 2006). La variable interactive (ILF*GDPI) qui paraît négative et significative dans la majorité des estimations confirme bien ce constat. Dès lors, la faiblesse de l'impact de la politique de libéralisation financière dans l'UEMOA pourrait s'expliquer par le niveau de développement faible des économies. De même pour la variable (ILF*HUM) qui paraît négative et non significatif (tableau 2-panel B régression 1,2 et 3) confirment certains travaux et prouve que le niveau du capital humain est nécessaire comme une condition inéluctable pour promouvoir la croissance économique.

Le tableau 3-panel C et D, prouve que l'impact de la libéralisation financière, mesurée à partir des indicateurs ``MM et CSP'' sur la croissance économique ne tient pas compte de l'effet de l'inflation. En effet la variable interactive (ILF*INF) qui se trouve positivement corrélée mais non significatif avec la croissance économique dans l'ensemble des cas, stipule que l'inflation au moment de la libéralisation financière n'handicape pas l'efficacité de cette dernière sur le taux de croissance. L'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique est d'autant plus grand que les pays maîtrisent bien leurs taux d'inflation (en moyenne 3 à 4% dans l'UEMOA). En outre, si la Libéralisation financière est mesurée par l'indicateur ``Investissement direct étranger en pourcentage du PIB'', d'après le tableau 3 panel C, la libéralisation financière stimule la croissance économique. Ce constat est confirmé par McKinnon (1991) qui à trouvé que l'effet de l'ouverture financière varie avec la stabilité macroéconomique.

Dans le tableau 2 (panel D), le signe positif de la variable interactive (ILF*DB), qui domine presque toutes les régressions et qui parait non significative, explique que l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique n'agit que dans les pays qui sont dotés d'un Déficit Budgétaire soutenable. En effet, dans le cadre de l'intégration économique et monétaire, les pays de l'UEMOA s'évertuent à respecter les critères de convergence. L'un des critères exige le maintien des déficits budgétaires à moins de 3%.

Quant aux résultats dans le tableau 2 (panel E), le signe de la variable interactive (ILF*DET), parait positif et non significatif lorsque l'indicateur de libéralisation financière est la masse monétaire, positif et significatif lorsque l'indicateur est le crédit au secteur privé mais négatif et significatif lorsque l'indicateur est l'investissement direct étranger. En effet, un endettement extérieur (DET) élevé semble rendre négatif l'impact des IDE sur la croissance économique.

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