Rendement de l'éducation sur le marché du travail au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Serge FOTSO SIMO ISSEA-Yaoundé - Ingénieur Statistique 2008 |
LISTE DES FIGURESFigure 2.2.1 : Évolution de la part de la population active dans la population selon le sexeFigure 3.2.1 : Représentation graphique du revenu d'activité logarithmiséFigure 3.2.2 : Répartition des individus selon le niveau d'instruction dans les secteurs formel et informel (en %)Figure 3.2.3 : Revenu moyen mensuel selon le niveau d'instruction (en milliers de FCFA)Figure 4.2.1 : Taux de rendement des niveaux d'éducation dans les secteurs formel et informel (en%)Figure 4.2.2 : Taux de rendement des niveaux d'éducation suivant le type d'emploi (en%)Figure 4.2.3 : Taux de rendement des niveaux d'éducation (en%) RÉSUMÉL'analyse du rendement de l'éducation peut susciter de nombreuses confusions théoriques et même empirique sur la relation éducation-revenu. Cette relation met en évidence l'influence de l'éducation sur le marché du travail. Notre travail consiste en l'évaluation de l'apport, sur le salaire, d'une année d'études supplémentaire. Pour y parvenir, nous avons utilisé le modèle de gains étendu de Jacob Mincer (1974), outil de mesure des rendements des investissements éducatifs. Les hypothèses ont été les suivantes : une année d'études supplémentaire génère un accroissement du revenu d'activité du travailleur ; une année d'études supplémentaire a plus d'incidence dans le secteur informel que dans le secteur formel ; le rendement éducatif augmente avec l'obtention d'un diplôme plus élevé et varie selon le type d'emploi. Des résultats obtenus, il résulte que : ü une année d'études supplémentaire génère plus de gains dans le secteur informel que dans le secteur formel, les taux de rendement sont respectivement de 10,45% et 5,81% ; ü dans l'ensemble du marché, une année d'études supplémentaire génère un accroissement du revenu de 12,56 % ; ü les revenus des travailleurs, ayant au moins le niveau secondaire second cycle, sont plus du double des revenus de ceux sans niveau. Les taux de rendement sont de 121,70% et 198,01% respectivement pour les niveaux secondaire second cycle et supérieur ; ü les emplois dépendants ont un taux de rendement plus élevé que les emplois indépendants. Mots clés : rendement, éducation, gains, revenu, marché du travail, formel, informel, Dépendant, indépendant, niveau d'instruction. INTRODUCTIONLe Cameroun, dans l'optique de sortir de la crise économique (1986), s'est orienté vers les bailleurs de fonds internationaux comme la plupart des pays en voie de développement. Le recours à ces bailleurs de fonds internationaux a abouti à la mise en place des programmes d'ajustement structurel (PAS), visant la réduction des dépenses budgétaires de l'État. En effet, depuis l'avènement de ces programmes d'ajustement structurels mis en place à partir de 1987, l'État, principal investisseur a arrêté ses programmes d'investissement public dont les réalisations n'avaient pas eu le succès escompté, mais représentaient plutôt des dépenses pour les finances publiques. Ces programmes ont entraîné, avec leur arrêt, l'abandon de nombreuses populations sans emploi. La baisse des recrutements dans la fonction publique, les licenciements de personnel et les retraites anticipées ont eu pour conséquence, la mise hors service de nombreux camerounais qui n'y étaient pas du tout préparés, et dont le seul employeur potentiel était l'État. Ces mesures ont toutes eu pour conséquences la réduction de l'emploi dans le secteur formel et le développement d'une certaine précarisation des emplois. Le secteur privé qui devait prendre le relais de l'État se trouve en panne de création d'emploi de telle sorte que c'est dans le secteur informel1(*) que s'orientent en majorité les nouveaux demandeurs d'emploi dont l'une des répercutions est le développement du sous-emploi. Selon le rapport principal de l'enquête sur l'emploi et le secteur informel (INS, 2005), le sous-emploi est l'un des problèmes majeurs des travailleurs au Cameroun. Trois travailleurs sur quatre sont sous employés, un sous-emploi qui résulte principalement d'une faible rémunération, puisque 69,3% des travailleurs gagnent moins que le salaire minimum mensuel légal qui est de 23 514 FCFA. Les travailleurs sont constamment à la recherche de conditions meilleures, cela passe par un accroissement de leur productivité. L'une des solutions utilisées est l'accroissement du potentiel en capital humain à travers des études supplémentaires et des séances de formations qu'offre le système éducatif aboutissant à un accroissement de la demande éducative. Au Cameroun, la demande d'éducation a beaucoup évolué. Dans les années 1960 et 1970 pour les populations, l'école seule permet d'accéder un certain nombre de privilèges. Sans aucun titre académique, on ne pourrait bénéficier d'une situation matérielle et d'un rang social assez confortable. Cette situation a conduit à un « boom » de la demande d'éducation, reflet du modèle conçu à l'aube des indépendances des pays d'Afrique pour relever le défi du développement. Elle a été d'ailleurs renforcée par la conférence d'Addis-Abeba2(*) en 1961 sur l'éducation en Afrique qui, dans sa recommandation relative à l'économie, avait posé comme préalable que « l'enseignement dans des conditions appropriées doit être un investissement productif qui contribue à la croissance économique ». Pourtant le faible pouvoir d'achat des populations ne facilite pas l'accès à l'éducation. D'après les statistiques sur l'emploi et le marché du travail au Cameroun (INS, décembre 2005), plus d'un camerounais sur quatre n'a pas eu accès à l'instruction formelle. En particulier, l'analphabétisme touche plus du tiers des femmes âgées de 15 ans et plus. De 1997 à 2002, on note un recul timide du taux d'analphabétisation qui passe de 32,5% à 26,5 %. Les taux bruts de scolarisation sont particulièrement élevés au niveau du primaire, en raison de la suppression des frais de scolarité avec l'appui des bailleurs de fonds internationaux et l'engagement de l'État à promouvoir l'éducation pour tous dans le primaire. Cela traduit l'intérêt que porte un État sur l'éducation des citoyens. Des études empiriques ont été effectuées, donc le résultat principal était la corrélation positive entre la formation d'un individu et son revenu d'activité. Cette corrélation est généralement mise en exergue par une estimation des fonctions de gains sur la base de données individuelles. Il s'agit des études menées en 1985 par Psacharopoulos, Willis en 1986 et, Guillotin et Sylvestre en 19953(*). Au Canada, afin d'estimer la reconnaissance des études universitaires, des Enquêtes Nationales auprès des Diplômés (END) ont été réalisées respectivement en 1992, en 1997 et en 2002 (RHDS, Canada)4(*). Les résultats de ces enquêtes ont indiqué une différence de rémunération considérable entre les personnes qui ont un diplôme d'études universitaires et ceux qui ont un diplôme d'études collégiales ou d'une école de métiers. Ces enquêtes révèlent aussi qu'il existe de grandes différences dans la rémunération des diplômés de l'université selon la discipline. D'après l'expérience du Canada, on peut se demander si : de nos jours, un niveau d'éducation élevé assure un gain conséquent dans l'emploi au Cameroun ? En d'autres termes, y a-t-il une incidence positive d'un niveau d'instruction élevé sur le revenu dans l'emploi au Cameroun ? Des réponses à la question posée sont importantes, surtout pour le gouvernement dont la planification de l'éducation passe par la connaissance de son rendement dans l'emploi. L'objet de cette étude est de mettre en évidence le rôle du capital humain (niveau d'instruction, expérience professionnelle, ...) sur le revenu d'emploi du travailleur. L'atteinte des résultats considère que : une année d'études supplémentaire génère un accroissement du revenu d'activité du travailleur ; une année d'études supplémentaire a plus d'incidence dans le secteur informel que dans le secteur formel ; le rendement éducatif influence plus les emplois dépendants que les emplois indépendants ; le rendement éducatif augmente avec l'obtention d'un diplôme plus élevé. Pour l'analyse économétrique, les données que nous utiliserons seront celles de l'Enquête sur l'Emploi et le Secteur Informel (EESI) réalisée en 2005. L'approche méthodologique consistera dans un premier temps à effectuer une analyse descriptive dans le but de mettre en exergue les variables explicatives du rendement de l'éducation, et dans un second temps, nous utiliserons un modèle économétrique pour mesurer les rendements des investissements éducatifs. Ce travail est divisé en deux parties. La première partie porte sur le cadre conceptuel et institutionnel. Elle comprend deux chapitres : le premier chapitre présente les fondements théoriques sur le rendement de l'éducation ainsi que les modèles économétriques, le deuxième chapitre est consacré au cadre institutionnel et au marché du travail. La seconde partie quant à elle porte sur l'analyse du rendement de l'éducation. Cette partie est aussi divisée en deux chapitres : le premier indique la source des données, les statistiques descriptives et le deuxième enfin présente le rendement de l'éducation. * 1 Ensemble des unités de production qui ne possèdent pas de numéro statistique ou, dans les cas des patrons et travailleurs à leur propre compte, qui ne tiennent pas de comptabilité (INS, 2005). * 2 Cité par l'UNESCO (1983). * 3 Cité par P. CAHUC et A. ZYLBERBERG (1996). * 4 Cité par D. BOOTHBY et T. DREWES (2006). |
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