IV- LES MANIFESTATIONS DE L'ETHNICITE
Dans cette partie, nous présenterons les
différentes logiques de dichotomisation entre les acteurs issus du
mariage interethnique et ceux qui sont issus du mariage intra ethnique.
IV-1 ETHNICITE ET INTEGRATION DES CONJOINTS
ALLOCHTONES ISSUS DE MARIAGES INTERETHNIQUE
Concernant la manière dont les abourés
perçoivent, les conjoints allochtone ou allogène, nous pouvons
dire, que la population ne manifeste pas une hostilité ouverte envers
les beaux ou les belles. Mais la matérialisation des logiques de
différenciation est plutôt transférée au niveau de
l'ethnicité des enfants issus du mariage interethnique. Car, c'est au
niveau de leur ethnicité que les enjeux revêtent une
signification particulière. Le discours social qui conforte la
description de l'interaction entre les autochtones et leur conjoint ou
conjointe, les enfants issus et l'ensemble de la population villageoise est la
suivante : « nos enfants, c'est-à-dire ceux dont le
père est abouré de Yaou et la mère pas, doivent faire
beaucoup attention à leur parole.». Ce discours
révèle, que dans la société abouré, les
logiques de différenciation se formalisent sur les acteurs issus du
mariage interethnique. C'est donc sur les enfants que la société
abouré braque les yeux. Car, ils sont une menace pour la reproduction
des règles, normes institutionnelles. A ce sujet, une sélection
est opérée entre les acteurs issus du mariage interethnique. Sur
les différents niveaux de manifestation du pouvoir, la sélection
se matérialise par la disqualification des acteurs sociaux dont la
mère n'est pas abouré. Les acteurs justifient cette
sélection par le respect des normes du système
matrilinéaire. « Ici c'est le matrilinéaire, donc les
enfants dont la mère est abouré ont un statut et une
considération particulière face à ceux dont la mère
n'est pas abouré. » Parmi ces deux catégories d'acteurs
issus de ce type de mariage, il existe une ethnicité entre ces acteurs.
Nous constatons une ethnicité effective au niveau de l'accession au
pouvoir entre les deux catégories d'acteurs ci-dessus mentionné.
Le constat que nous faisons est le suivant : entre les deux
catégories d'acteurs issus du mariage interethnique, ce sont ceux dont
la mère est abouré qui sont considérés comme des
abouré à Yaou.
IV-2 ETHNICITE ET BLANCHIMENT DE LA GENEALOGIE
DU LIGNAGE AVO EHIVET
En effet, depuis 1997 le village de Yaou n'a plus de roi. La
raison est la remise en cause ou le blanchiment de la généalogie
du lignage précédemment autorisé à occuper la
fonction de roi. « Quand nous sommes sortis d'Egypte, la famille
royale était les avo éhivet. Arrivé sur le site actuel,
après des années de règne le roi m'BE
décède. Un problème se poser : la reine mère
n'ayant plus d'enfants de sexe masculin, il sera donc impossible de recruter
un autre roi dans le lignage avo éhivet. Un accord a donc
été trouvé entre la famille du porte canne du
défunt roi, pour que son porte canne soit roi jusqu'à ce que la
reine mère ait un enfant de sexe masculin. Après de ce pacte, la
reine n'a pas pu avoir d'enfant male et sa seule fille, malheureusement a
trouvé la mort. Dans les soucis de récupérer le
siège royal, la reine mère n'ayant plus d'enfant, va affranchir
ses esclaves femmes, pour les considérer comme ses enfants. Ces enfants
socialement construis aurons des maternités. C'est la naissance des
enfants de celles-ci qui va relancer les clauses du pacte
précédemment signé entre les familles ovoéhivet et
agbessiéhivet »
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