Mariage interethnique et production de l'ethnicité( Télécharger le fichier original )par Bogui Fernand Landry Niava Université de cocody Abidjan - maitrise 2006 |
III- LA QUESTION GENRE DANS LA SOCIETE ABOURE DE YAOU
La société abouré est très marquée par la question genre. En effet, nous l'affirmons à cause de la place importante que jour la femme dans la société abouré de Yaou. Au niveau de l'organisation sociale les femmes gèrent les questions cruciales à Yaou. A savoir la gestion de la question de l'héritage, donc les détentrices du système matrilinéaire. De plus se sont les femmes qui ont le dernier mot sur les questions de désignation des chefs de famille, des notables, du roi et des chefs guerriers. Tous ces éléments d'informations nous emmène à réfléchir sur l'origine de cette position importante des femmes dans la société abouré de Yaou. Cette situation prend source dans le mythe de la reine Abla Pokou43(*) lors de la fuite du grand groupe ethnique akan pendant la guerre au Ghana leur point d'origine selon l'historien. Ce mythe à un effet de double structuration au niveau des rapports intra ethnique et interethnique dans les interactions entre les acteurs. Dans un premier temps ce mythe fonde la dichotomie entre le groupe Akan et les autres grands groupes ethniques sous l'angle de leur origine, c'est-à-dire que le phénomène des frontières ethniques dans les relations interethnique s'explique aussi par la mise en évidence de ce mythe, le discours d'un acteur justifie ce poit de vue « c'est facile de se marier avec les baoulé, les Agni, les Adioukrou, les Attiés, les Ebrié ». Dans un second temps ce mythe produit l'idéologie selon laquelle se serait le neveu qui serait légitime pour hériter des biens de son oncle et que le « vrai abouré 44(*)» est l'acteur dont la mère est abouré. C'est bien cette deuxième structuration qui fonde la place importante qu'occupent les femmes dans la société Abouré. Mais dans notre démonstration nous nous pencherons sur le deuxième point, c'est-à-dire la position dominante de la femme sur les hommes, structuré par le mythe de la reine Abla Pokou .En effet, l'appartenance ethnique au groupe abouré de Yaou des descendants de mariage interethnique se construit en fonction des normes matriarcale. Car les enfants issus de mariage interethnique dont le père est abouré sont construits comme ayant sa famille ailleurs. Donc celui-ci n'appartient pas au groupe ethnique abouré de Yaou. Ceci révèle le statut de la femme dans la société abouré de Yaou. Car la définition de l'appartenance ethnique se définit selon les femmes et l'appartenance à une classe d'age et la participation effective aux activités de sa catégorie. Mais l'élément déterminant dans l'appartenance ethnique est la matrilinéarité. Le système matrilinéaire structure l'appartenance ethnique dans le village de Yaou. La construction sociale de ce système matrilinéaire à Yaou régit et filtre l'intégration des ascendants et descendants de mariage interethnique au niveau politique et au niveau de l'héritage. De tout ce qui précède les femmes jouent un rôle important dans la société abouré de Yaou. Et ceci explique également le fait qu'elles sont peu à contracter des mariages interethniques.
* 43 Selon la legende de peuplement du groupe ethnique Akan, elle était la reine mère * 44 Discours social désignant les descendants de mariage interethnique dont la mère est abouré |
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