Première partie :
CONSIDERATIONS THEORIQUES ET CONCEPTUELLES
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE:
Depuis la révolution industrielle, l'automatisation
s'est généralisée à l'ensemble des activités
de production, tant dans l'industrie, que dans les activités de services
comme l'édition. En effet, depuis la plus haute antiquité, il a
toujours existé des systèmes de diffusion de la parole, et
d'abord de la parole orale. Des conteurs populaires aux images parlantes
relayées par satellite en passant par les places publiques des
cités grecques, les auditoria de Rome, les cours d'amour, les
veillées des chaumières, les salons, les cafés
littéraires, les théâtres, les cinémas et les
« transistors », la communication de bouche à
oreille n'a jamais fait défaut à la production intellectuelle.
Elle a pourtant une faiblesse. Plus que toute autre forme de communication,
elle a la maîtrise de l'espace, mais il lui manque la maîtrise du
temps. Elle ne reste pas, elle ne dure pas, elle ne revient pas en
arrière et, à moins d'une pédagogie de la mémoire
qui n'est pas à portée de tout le monde, elle ne permet pas la
stratification intellectuelle, l'accumulation des expériences. Seule la
communication écrite possède la maîtrise du temps et quand,
grâce à l'invention du livre, il y a quelque trente
siècles, elle a aussi conquis la maîtrise de l'espace, la
mobilité, l'ubiquité, elle est devenue la forme
privilégiée de la communication culturelle.
Dès lors se sont posés des problèmes de
fabrication et de distribution. Le livre n'a de sens que s'il est reproduit en
un nombre appréciable d'exemplaires et mis à la disposition des
lecteurs en un nombre appréciable de points. Dans les cités
antiques, le premier problème était plus difficile à
résoudre que le second car le seul procédé de reproduction
connu - la copie manuelle - ne permettait pas de grands
« tirages ». Il existait pourtant de véritables
entreprises, ateliers de bibliopoles d'Athènes ou scriptoria de
Rome, qui pouvaient publier des éditions de plusieurs centaines
d'exemplaires. Sorti des mains du copiste, le volumen , rouleau de papyrus
collé, pouvait trouver sa place dans un pot sur les rayons d'une
librairie de la ville ou bien être envoyé le long des routes
commerciales vers quelques centres intellectuels comme Athènes,
Alexandrie, Rome, Lyon ou Byzance.
L'entrepreneur antique était donc plus un
« publieur » qu'un « éditeur ».
La fonction d'édition proprement dite, c'est-à-dire la
responsabilité du choix et de la préparation d'un texte à
« mettre au monde », incombait à de beaux esprits ou
à des érudits. C'est encore en ce sens que de nos jours on
appelle « éditeur » le savant qui établit un
texte, le corrige et l'annote.
Aujourd'hui, dans les pays en développement comme la
Côte d'Ivoire, à côté des maisons d'édition
officielles et conventionnelles, s'est constituée une forme
« d'édition informelle » : c'est la photocopie.
Utile à tout étudiant, ou à tout élève pour
obtenir un support de cours, un extrait de document, un rapport de stage, un
mémoire de fin de cycle ou une thèse; utile aussi de plus en plus
à tout enseignant du primaire au supérieur en passant par le
secondaire pour l`édition de fascicule de cours et d'autres supports de
cours ; utile aux promoteurs de colloques, de séminaires ou tout
spectacle, l'activité de photocopie s'est imposée à
l'intelligentsia et a pris le pas sur les éditions conventionnelles et
même les ruinant parfois. Les photocopies intégrales ou partielles
de certaines publications sont ici à déplorer.
Cette activité utilise un appareil ou une machine
appelée photocopieuse orchestrée par un opérateur.
Photocopieur, copieur ou photocopieuse, c'est un appareil utilisé en
bureautique pour reproduire des documents. L'image d'une page imprimée,
reflétée par un miroir, est dirigée
électrostatiquement vers un cylindre métallique à partir
duquel elle est transférée sur une feuille de papier ordinaire.
Les photocopieurs modernes sont très automatisés. Ils
réalisent des copies en quelques secondes, recto verso, les trient, les
agrafent, agrandissent ou rapetissent l'image à volonté. Certains
appareils haut de gamme reproduisent les documents en couleurs.
L'activité de photocopie qui fournit des prestations
peu onéreuses et très rapides pour les divers clients, ne
s'opère souvent sans désagrément. L'on a souvent des
photocopies peu lisibles, salles et mal cadrées. Cet état de
chose décrivant la mauvaise qualité de la prestation nous
interroge à plus d'un titre. Comment une activité composée
à première vue de tâches très simples peut-elle
être très souvent mal réalisée ? Ceci fait
penser que soit les opérateurs sont très négligents, soit
que l'activité n'est pas en réalité aussi simple qu'on le
pense. La première piste de réflexion pourrait a priori
être écartée quand on sait que ce type de comportement est
presque général. Cela d'autant plus que cette activité
constitue pour ses opérateurs leur première source de revenus,
donc de subsistance. Il est a priori insensé de jouer avec ce qui nous
fait vivre. Néanmoins nous tiendrons compte de la première
position dans notre étude, car il y a toujours des personnes, même
bien avisées qui tombent dans la négligence face aux choses
importantes.
Cependant, c'est la deuxième piste de réflexion
qui mérite, en première instance, de retenir notre attention.
L'on a donc besoin d'être formé et bien formé à ce
métier d'opérateurs de photocopie avant de l'exercer. La question
se pose de plus en plus sur le profil professionnel de l'opérateur de
photocopie, de la maîtrise technique de la photocopieuse utilisée.
C'est ici le grand problème de formation aux métiers du secteur
informel.
A l'instar de la maîtrise technique de la photocopieuse,
se trouve poser l'état de la photocopieuse qui, bien souvent fonctionne
en mode dégradé c'est-à-dire en dessous de ses
capacités réelles. Ceci met l'opérateur même le
mieux formé dans de difficiles conditions de travail. Ce sont ces
conditions de travail qui nous préoccupent dans ce travail.
Les conditions de travail peuvent s'éclater en
conditions physiques et matérielles de travail d'une part et en
conditions mentales et intellectuelles de travail d'autre part.
Les conditions physiques et matérielles de travail
peuvent se subdiviser en conditions matérielles de travail d'une part et
en conditions d'ambiance physique d'autre part. Les conditions
matérielles de travail portent sur la qualité et l'état de
la photocopieuse entre autre l'état d'achat des photocopieuses,
l'âge des photocopieuses (durée d'utilisation), les modèles
des photocopieuses (marques et séries de fabrication). Tandis que les
conditions d'ambiance physique portent sur les conditions d'ambiance thermique,
visuelle, sonore, de vibration, d'hygiène atmosphérique, et
l'état général de l'espace de travail.
Les conditions mentales et intellectuelles concerneront la
formation au métier de photocopie, la formation initiale,
l'expérience dans ce métier, l'endurance physique, la
compétence, le raisonnement, l'attention, la perception, la
dextérité manuelle, le sens relationnel et communicationnel,
l'efficacité, les tâches effectuées, le Système
Opérateur-Photocopieuse, le traitement d'information, le respect de
consignes données, le taux d'échec ou les rebuts, les relations
avec les autres opérateurs etc.
La question est donc de savoir si les conditions de travail
des opérateurs de photocopie ont-elles une influence sur la
qualité de copies effectuées ? Les conditions
matérielles de travail entre autre l'état d'achat des
photocopieuses, l'âge des photocopieuses (durée d'utilisation),
les modèles des photocopieuses (marques et séries de fabrication)
ont-ils une incidence sur la qualité des copies tirées? Les
conditions physiques de travail, notamment les conditions d'ambiance thermique,
lumineuse et l'espace de travail ont-elles un effet sur la qualité des
tirages et sur la santé des opérateurs de photocopie? Les
conditions mentales de travail en l'occurrence, la formation initiale et la
formation professionnelle, les compétences des reprographes
influencent-elles significativement l'activité de photocopie?
Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de trouver
des réponses tout au long de notre étude. Pour y arriver
commençons par définir les concepts soumis à notre
réflexion.
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