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Conditions de travail des operateurs de photocopie sur le campus de l'universite de Cocody

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par Gnoka Modeste BOUABRE
Universite de Cocody - DESS de Psychologie du travail, Ergonomie et NTIC 2008
  

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Première partie :

CONSIDERATIONS THEORIQUES ET CONCEPTUELLES

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE:

Depuis la révolution industrielle, l'automatisation s'est généralisée à l'ensemble des activités de production, tant dans l'industrie, que dans les activités de services comme l'édition. En effet, depuis la plus haute antiquité, il a toujours existé des systèmes de diffusion de la parole, et d'abord de la parole orale. Des conteurs populaires aux images parlantes relayées par satellite en passant par les places publiques des cités grecques, les auditoria de Rome, les cours d'amour, les veillées des chaumières, les salons, les cafés littéraires, les théâtres, les cinémas et les « transistors », la communication de bouche à oreille n'a jamais fait défaut à la production intellectuelle. Elle a pourtant une faiblesse. Plus que toute autre forme de communication, elle a la maîtrise de l'espace, mais il lui manque la maîtrise du temps. Elle ne reste pas, elle ne dure pas, elle ne revient pas en arrière et, à moins d'une pédagogie de la mémoire qui n'est pas à portée de tout le monde, elle ne permet pas la stratification intellectuelle, l'accumulation des expériences. Seule la communication écrite possède la maîtrise du temps et quand, grâce à l'invention du livre, il y a quelque trente siècles, elle a aussi conquis la maîtrise de l'espace, la mobilité, l'ubiquité, elle est devenue la forme privilégiée de la communication culturelle.

Dès lors se sont posés des problèmes de fabrication et de distribution. Le livre n'a de sens que s'il est reproduit en un nombre appréciable d'exemplaires et mis à la disposition des lecteurs en un nombre appréciable de points. Dans les cités antiques, le premier problème était plus difficile à résoudre que le second car le seul procédé de reproduction connu - la copie manuelle - ne permettait pas de grands « tirages ». Il existait pourtant de véritables entreprises, ateliers de bibliopoles d'Athènes ou scriptoria de Rome, qui pouvaient publier des éditions de plusieurs centaines d'exemplaires. Sorti des mains du copiste, le volumen , rouleau de papyrus collé, pouvait trouver sa place dans un pot sur les rayons d'une librairie de la ville ou bien être envoyé le long des routes commerciales vers quelques centres intellectuels comme Athènes, Alexandrie, Rome, Lyon ou Byzance.

L'entrepreneur antique était donc plus un « publieur » qu'un « éditeur ». La fonction d'édition proprement dite, c'est-à-dire la responsabilité du choix et de la préparation d'un texte à « mettre au monde », incombait à de beaux esprits ou à des érudits. C'est encore en ce sens que de nos jours on appelle « éditeur » le savant qui établit un texte, le corrige et l'annote.

Aujourd'hui, dans les pays en développement comme la Côte d'Ivoire, à côté des maisons d'édition officielles et conventionnelles, s'est constituée une forme « d'édition informelle » : c'est la photocopie. Utile à tout étudiant, ou à tout élève pour obtenir un support de cours, un extrait de document, un rapport de stage, un mémoire de fin de cycle ou une thèse; utile aussi de plus en plus à tout enseignant du primaire au supérieur en passant par le secondaire pour l`édition de fascicule de cours et d'autres supports de cours ; utile aux promoteurs de colloques, de séminaires ou tout spectacle, l'activité de photocopie s'est imposée à l'intelligentsia et a pris le pas sur les éditions conventionnelles et même les ruinant parfois. Les photocopies intégrales ou partielles de certaines publications sont ici à déplorer.

Cette activité utilise un appareil ou une machine appelée photocopieuse orchestrée par un opérateur. Photocopieur, copieur ou photocopieuse, c'est un appareil utilisé en bureautique pour reproduire des documents. L'image d'une page imprimée, reflétée par un miroir, est dirigée électrostatiquement vers un cylindre métallique à partir duquel elle est transférée sur une feuille de papier ordinaire. Les photocopieurs modernes sont très automatisés. Ils réalisent des copies en quelques secondes, recto verso, les trient, les agrafent, agrandissent ou rapetissent l'image à volonté. Certains appareils haut de gamme reproduisent les documents en couleurs.

L'activité de photocopie qui fournit des prestations peu onéreuses et très rapides pour les divers clients, ne s'opère souvent sans désagrément. L'on a souvent des photocopies peu lisibles, salles et mal cadrées. Cet état de chose décrivant la mauvaise qualité de la prestation nous interroge à plus d'un titre. Comment une activité composée à première vue de tâches très simples peut-elle être très souvent mal réalisée ? Ceci fait penser que soit les opérateurs sont très négligents, soit que l'activité n'est pas en réalité aussi simple qu'on le pense. La première piste de réflexion pourrait a priori être écartée quand on sait que ce type de comportement est presque général. Cela d'autant plus que cette activité constitue pour ses opérateurs leur première source de revenus, donc de subsistance. Il est a priori insensé de jouer avec ce qui nous fait vivre. Néanmoins nous tiendrons compte de la première position dans notre étude, car il y a toujours des personnes, même bien avisées qui tombent dans la négligence face aux choses importantes.

Cependant, c'est la deuxième piste de réflexion qui mérite, en première instance, de retenir notre attention. L'on a donc besoin d'être formé et bien formé à ce métier d'opérateurs de photocopie avant de l'exercer. La question se pose de plus en plus sur le profil professionnel de l'opérateur de photocopie, de la maîtrise technique de la photocopieuse utilisée. C'est ici le grand problème de formation aux métiers du secteur informel.

A l'instar de la maîtrise technique de la photocopieuse, se trouve poser l'état de la photocopieuse qui, bien souvent fonctionne en mode dégradé c'est-à-dire en dessous de ses capacités réelles. Ceci met l'opérateur même le mieux formé dans de difficiles conditions de travail. Ce sont ces conditions de travail qui nous préoccupent dans ce travail.

Les conditions de travail peuvent s'éclater en conditions physiques et matérielles de travail d'une part et en conditions mentales et intellectuelles de travail d'autre part.

Les conditions physiques et matérielles de travail peuvent se subdiviser en conditions matérielles de travail d'une part et en conditions d'ambiance physique d'autre part. Les conditions matérielles de travail portent sur la qualité et l'état de la photocopieuse entre autre l'état d'achat des photocopieuses, l'âge des photocopieuses (durée d'utilisation), les modèles des photocopieuses (marques et séries de fabrication). Tandis que les conditions d'ambiance physique portent sur les conditions d'ambiance thermique, visuelle, sonore, de vibration, d'hygiène atmosphérique, et l'état général de l'espace de travail.

Les conditions mentales et intellectuelles concerneront la formation au métier de photocopie, la formation initiale, l'expérience dans ce métier, l'endurance physique, la compétence, le raisonnement, l'attention, la perception, la dextérité manuelle, le sens relationnel et communicationnel, l'efficacité, les tâches effectuées, le Système Opérateur-Photocopieuse, le traitement d'information, le respect de consignes données, le taux d'échec ou les rebuts, les relations avec les autres opérateurs etc.

La question est donc de savoir si les conditions de travail des opérateurs de photocopie ont-elles une influence sur la qualité de copies effectuées ? Les conditions matérielles de travail entre autre l'état d'achat des photocopieuses, l'âge des photocopieuses (durée d'utilisation), les modèles des photocopieuses (marques et séries de fabrication) ont-ils une incidence sur la qualité des copies tirées? Les conditions physiques de travail, notamment les conditions d'ambiance thermique, lumineuse et l'espace de travail ont-elles un effet sur la qualité des tirages et sur la santé des opérateurs de photocopie? Les conditions mentales de travail en l'occurrence, la formation initiale et la formation professionnelle, les compétences des reprographes influencent-elles significativement l'activité de photocopie?

Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de trouver des réponses tout au long de notre étude. Pour y arriver commençons par définir les concepts soumis à notre réflexion.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry