INTRODUCTION GENERALE
Dès la fin du XVIIIe siècle,
la division du travail, c'est-à-dire le découpage d'un processus
de production en plusieurs étapes successives, avait déjà
contribué à un accroissement de la productivité du
travail. La révolution industrielle va accélérer ce
processus. L'identification de tâches élémentaires qui
composent tout cycle de production va permettre de construire des machines
reproduisant les mouvements humains, ouvrant la voie à la constitution
de chaînes de montage et d'assemblage.
Dans les années 20, ces méthodes
seront largement appliquées dans l'industrie automobile, notamment dans
les usines Ford aux États-Unis, qui mettent en pratique les
enseignements issus du taylorisme. Ce que l'on dénommera l'Organisation
Scientifique du Travail, qui sera appliquée par l'ensemble des
constructeurs automobiles avant d'être généralisée
à l'ensemble de l'industrie, a permis à Ford de réduire
considérablement le nombre d'heures de travail nécessaires
à la fabrication de ses véhicules ( Encyclopédie
encarta, 2002).
Les techniques d'automatisation décrites
jusqu'ici permettent de faire effectuer par des machines des tâches
manuelles entrant dans le processus de production. Les systèmes experts
peuvent être considérés comme le prolongement de ces
techniques, qui tentent de modéliser et d'automatiser des travaux de
nature intellectuelle. Ces systèmes informatiques se composent de bases
de données associées à un ordinateur : une base
d'expertise est élaborée qui consiste en un ensemble de faits
décrivant de manière précise des types de situations
reliées entre elles par un moteur d'inférence capable de proposer
face à une situation inédite une solution appropriée, en
effectuant des déductions à partir des faits, en s'aidant de
règles contenues dans la base d'expertise.
Il est certain que les progrès
attendus dans le domaine des systèmes experts et plus
généralement de l'intelligence artificielle permettront de
franchir de nouvelles étapes dans l'automatisation des tâches
techniques. Quels que soient son domaine d'application et les techniques
auxquelles elle fait appel, l'automatisation s'est constamment
développée dans l'unique but de réduire la
pénibilité du travail humain et d'améliorer la
productivité du travail. Ainsi présenté l'automatisme
se positionne dans le champ d'intervention de l'ergonomie. En effet, depuis sa
naissance rendue possible par le développement technologique et
industriel, l'ergonomie perçue comme domaine d'application de la
psychologie du travail, tente d'acquérir son indépendance
épistémologique et méthodologique.
Portée vers la mise en oeuvre de connaissances
scientifiques relatives à l'homme et nécessaires pour concevoir
des outils, des machines et des dispositifs qui puissent être
utilisés par le plus grand nombre avec le maximum de confort, de
sécurité, et d'efficacité ; l'ergonomie s'engage sans
relâche dans des entreprises de recherches ouvertes sur une assez large
matrice de connaissances par la définition de paradigmes nouveaux et des
champs heuristiques nouvellement explorés comme le Système Homme
Machine (S.H.M.).
Plus que jamais, l'ergonomie ne s'arrêtera
d'étendre son champ d'intervention et ses domaines de compétence
aux différents domaines de la société où l'individu
s'exprime et le fonctionnement de la structure professionnelle où il est
impliqué. Elle se positionnera comme
l'étude de l'homme dans son environnement professionnel,
en vue d'améliorer les résultats de l'entreprise et de rendre le
travail moins contraignant pour celui qui l'exécute, se
préoccupera de deux types de problèmes à savoir
rendre les outils plus efficaces et plus simples à utiliser,
étudier le comportement au travail des individus pour voir si leur
activité est en harmonie avec leurs possibilités physiques et
intellectuelles (Encyclopédie encarta, 2002).
La frontière entre l'ergonomie et
l'organisation du travail devient de plus en plus floue. Les questions purement
sociales et économiques ne sont pas du ressort de l'ergonome, mais il
peut prévoir les conséquences de certains choix et peser sur les
décisions qui seront prises. Ainsi, l'automatisation de plus en plus
poussée de certains métiers pose des problèmes que l'on
découvre parfois avec retard dans les pays en développement comme
la Côte d'Ivoire. C'est le cas du reprographe ou de l'opérateur de
photocopie ou plus exactement celui qui a pour métier de faire les
photocopies. Les fabricants de photocopieuses n'ont pas encore trouvé le
fauteuil qui évitera aux opérateurs de photocopie les lombalgies
(mal de dos) et l'arthrose des vertèbres cervicales. L'on
n'hésitent pas à classer l'activité commerciale de
photocopie dans le lot des activés du secteur non structuré ou
informel en Côte d'ivoire. Et comme tous les métiers du secteur
non structuré, l'activité de la photocopie s'échappe de la
réglementation sur le travail ainsi que de l'exigence de la formation
professionnelle. C'est donc une activé très peu
étudiée au plan scientifique et très peu valorisée
au plan social.
Et pourtant plusieurs intellectuels des plus illustres de ce
pays sollicitent les services des opérateurs de la photocopie soit dans
la confection d'un fascicule de cours pour les enseignants, d'un mémoire
ou d'une thèse de fin de cycle pour les étudiants, des documents
de colloques, de séminaires, d'administrations pour les professionnels
de divers corps.
L'activité de photocopie donne une place
importante à la visualisation de phénomènes physiques sur
des écrans ou des tableaux lumineux. L'ergonome doit s'y
intéresser pour saisir les dimensions du reprographe ou de
l'opérateur (le travailleur qui fait les photocopies), celles de la
situation de travail (l'environnement de travail), celles des tâches et
coûts humains, matériels et financiers mis en jeu. En cela,
l'ergonome doit faire preuve d'imagination pour tenter de prévoir
l'imprévisible et pallier ses conséquences. Et cela d'autant plus
que l'activité commence à prendre de la proportion en Côte
d'Ivoire en général et sur le campus de l'université de
Cocody en particulier. C'est pourquoi il apparaît opportun et utile, au
double plan scientifique et social de mener une intervention psychologique dans
ce champ chargé d'expérience heuristique, surtout ergonomique. La
question de recherche sur les conditions de travail des opérateurs de
photocopie montre tout son intérêt en quatre points qui
justifient notre motivation.
Premièrement, un diagnostic claire et pertinent
pourrait être établi sur cette activité permettant ainsi de
réaliser une intervention ergonomique prenant en compte plusieurs
dimensions qui sont le travailleur (l'opérateur de photocopie) la
situation de travail (l'environnement, le lieu de travail), la tâche
(prescrite, induite et actualisée) et le coût (humain,
matériel et financier) pour cette activité, le Système
Opérateur-Photocopieuse (S.O.P.)
Deuxièmement, un projet opérationnel visant
à remédier à l'inadaptation aux photocopieuses traduite
par la mauvaise qualité des photocopies (peu lisible, mauvais cadrage,
excès d'ancre) pourrait être élaboré dans le sens
d'une formation professionnelle sur la photocopieuse et sur l'activité
qu'elle implique.
Troisièmement, Une amélioration des conditions
de travail par la prévention des opérateurs sur les normes de
travail et les risques d'exposition professionnelle (lumière de la
photocopieuse, toxicité de l'encre, la posture) pourrait être
entrevue.
Quatrièmement, une réorganisation et une
structuration du métier dans le sens d'une optimisation des
compétences et en vue de sa valorisation socio-économique,
pourraient être envisagées.
La question de recherche sur les conditions de travail des
opérateurs de photocopie montre donc tout son intérêt
à un double niveau scientifique et social. Elle mérite à
plus d'un titre, d'être accueillie, dans les grands fichiers des
contributions scientifiques et sociales sur les conditions de travail dans le
secteur dit non structuré ou informel des pays en développement
comme la Côte d'Ivoire. L'intérêt est donc établi
pour de nouvelles entreprises de recherche comme la nôtre.
Pour explorer ce champ ergonomique évoqué, nous
nous proposons d'étudier l'activité de la photocopie en suivant
la démarche académique et scientifique en vigueur, à
savoir l'exposé premièrement, des considérations
théoriques et conceptuelles décrites par la problématique,
la définition des concepts, le cadre de référence
théorique, la revue de la littérature, les objectifs, les
hypothèses, et les variables. Deuxièmement, nous
définirons notre démarche méthodologique à travers
l'exposé du milieu d'étude, la présentation de la
population d'étude, les techniques de collecte et des méthodes
d'analyse. Enfin troisièmement, nous recueillerons les résultats
obtenus à travers la présentation des résultats, leur
analyse et leur interprétation suivie d'une discussion.
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