CONCLUSION
En définitive, l`enjeu et l'intérêt de
l'étude sur les conditions de travail des opérateurs de
photocopie sur le campus de l'université de Cocody nous a conduit vers
des pistes de recherche bien précises. Nous retenons que les conditions
de travail sont l'ensemble des facteurs physiques, matériels,
psychologiques et sociaux, interne et externes à l'environnement de
travail, qui influencent le procès de travail. Les conditions de travail
sont donc perçues comme l'état, la nature, la qualité du
travail. C'est en somme, l'environnement physique, technique, psychologique et
sociologique, de l'activité de photocopie qui met en oeuvre les
procédés de reprographie en vue d'obtenir un phototype, un
document appelé copie du document reprographié.
Dans l'étude de ce sujet, nous avons recouru aux
méthodes de collecte d'information suivante :la recherche
documentaire, l'observation directe, l'entretien semi-directif et l'entretien
par questionnaire. Chaque méthode était spécifique par
son échantillonnage, par sa passation et par sa collecte.
S'agissant de l'observation directe, nous avons recouru, comme
grille d'observation, à la méthode de Moraes et
Mont'Alvão. Il convient de noter dans l'ouvrage de Stammers et Shephard
(1995) que toutes les techniques d'analyse de tâche ont pour objectif de
produire des informations importantes tant pour le projet d'un nouveau
système homme-machine que pour l'évaluation d'un projet de
système existant. Ceci peut s'obtenir par l'analyse systématique
des exigences humaines de la tâche et/ou du comportement de la
tâche. Dans le cas de projet, le point prédominant implique
l'analyse de la tâche de l'opérateur de photocopie dans des
contextes de systèmes existants, de manière à appliquer
les résultats dans le projet d'un nouveau système. L'analyse de
la tâche de l'opérateur de photocopie a pris en compte les
caractéristiques de l'opérateur, celles de la machine et celles
de l'environnement.
L'examen des conditions de travail de l'opérateur de
photocopie a porté d'abords sur les caractéristiques
intrinsèques de l'opérateur, ensuite sur la relation
opérateur-photocopieuse, enfin sur la relation
opérateur-environnement de travail. Tout ceci peut être
regroupé au tour de quatre grands axes d'analyse ergonomique.
Premièrement, l'observations ergonomiques ; cette
phase a consisté à examiner l'espace de travail des
opérateurs de photocopie en observant l'environnement et en se
questionnant sur les opérateurs (employés et employeurs) de
photocopie. Cette phase s'est terminée par l'opinion ergonomique, qui
comprend la présentation des problèmes (la formation des
opérateurs de photocopie, l'état des photocopieuses
utilisées, et la motivation au travail des opérateurs de
photocopie).
Deuxièmement, le diagnostic ergonomique:
c'est-à-dire l'approfondissement du problème. Dans cette phase,
nous avons considérés l'environnement physique et l'organisation
des tâches. Les observations systématiques des activités et
le comportement des opérateurs de photocopie : recherche de client,
identification d'une cible potentiel, approche de la cible, contact verbal,
parfois physique, par l'opérateur ou par son représentant (son
collaborateur ou son démarcheur), persuasion, acceptation ou refus de
la cible, si acceptation ; examen du service sollicitée par le
sujet ; prise du document à photocopier, exécution de
l'opération de reprographier ; Remise du document orignal au
client ; décompte du nombre de pages des tirages ;
facturation ; paiement au comptant dans le plus générale des
cas ou à crédit pour certains clients habituels ou de gros
tirages qui paient au retrait ; fin du cycle de l'opération.
Troisièmement, le projet ergonomique: il s'agit
d'adapter les postes de travail, des photocopieuses et des outils aux
caractéristiques physiques des opérateurs de photocopie par
exemple, en recommandant et en conseillant aux opérateurs de photocopie
des chaises, des lunettes, des gans, des masques, des combinaisons (ou des
blouses par exemple) ergonomiques ; tout en leur expliquant la
nécessité de les utiliser pendant les opérations de
travail.
Les méthodes d'analyse utilisées sont de deux
ordres : la démarche génétique et la démarche
comparative. La méthode génétique cherche la genèse
des évènements, c'est-à-dire les
antécédents. La génétique pose les questions :
Quand ? Pourquoi ? Comment ? Il s'agit donc d'un processus se
déroulant dans le temps, c'est une explication diachronique. Elle a
été surtout utilisée dans l'analyse des données de
l'observation directe et de l'entretien semi-directif.
Quant à la comparaison, elle a consisté à
opérer des rapprochements, des regroupements et des recoupements de
manière à distinguer les éléments
généraux ou spécifiques à travers l'étude
scientifique du problème qui nous est posé. Elle a
été surtout utilisée dans l'analyse des données de
l'enquête par questionnaire.
L'approche des conditions de travail a consisté alors
à examiner les domaines suivants : les emplacements de travail
-- pour éliminer ou maîtriser les risques --, les
méthodes et les pratiques opératoires et la formation du
personnel, l'état des photocopieuses et la motivation des
opérateurs.
Les résultats sont différents d'une variable
à une autre, à l'intérieure d'une même variable
selon la modalité d'analyse choisie mais semble emprunter la même
direction c'est-à-dire la confirmation des hypothèses
formulées à l'exception de la variable formation dont la
modalité « formation qualifiante » reste
infirmée. En effet la variable indépendante principale
« conditions de travail des opérateurs de
photocopie » mettaient en jeux une variables dépendante
« qualité des tirages ».
L'approche précise du sujet nous a orienté vers
la formulation d'hypothèses opérationnelles donnant lieu à
l'éclatement de la variable indépendante principale en trois
variables indépendante à savoir « la formation des
opérateurs de photocopie », « l'état des
photocopieuses utilisées » et « la motivation des
opérateurs de photocopie ».
La variable « formation des opérateurs de
photocopie » se subdivisait en deux modalités à savoir
« le niveau d'instruction des opérateurs de
photocopie », « la formation qualifiante des
opérateurs de photocopie ».
La variable « l'état des photocopieuses
utilisées » se scinde quant à elle en trois
modalités à l'occurrence la modalité
« l'état d'achat des photocopieuses », «
la durée d'utilisation (l'âge) des photocopieuses » et
« le modèle de photocopieuses utilisées ».
La variable motivation se fractionne, pour sa part, en trois
modalités notamment « le statut professionnels (employé
ou employeurs) de l'opérateur de photocopie », «la
satisfaction par l'opérateur de photocopie de son revenu » et
«les prestations sociales (déclaration à la
CNPS) ».
Quant à la variable dépendante
« qualité des tirages », elle se fractionne en deux
modalités notamment « la qualité des copies »
et « le taux de rebut »
Lorsque nous analysons la variable « la
formation », nous nous rendons compte que la formation initiale tout
comme la formation qualifiante des opérateurs de photocopie a une
incidence apparente sur la qualité des tirages.
L'interprétation des résultats par le test de
khi deux nous a, en fait, révélé que la formation
qualifiante des opérateurs de photocopie n'a pas d'incidence
significative sur la qualité des tirages (la qualité des copies
et le taux de rebut). Ni la qualité des copies ne s'améliore pas
significativement, ni le taux de rebut se réduit pas significativement
avec la formation qualifiante de l'opérateur de photocopie; C'est
pourquoi beaucoup d'opérateurs de photocopie n'éprouvent pas le
besoin de se former avant d'exercer cette activité.
En revanche, il a été
révélé que le niveau d'instruction des opérateurs
de photocopie a une incidence significative sur la qualité des copies.
Bien plus, la qualité des tirages est proportionnelle au niveau
d'étude des opérateurs de photocopie. Elle s'améliore avec
la croissance du niveau d'étude de l'opérateur. Mais, cela
jusqu'au niveau secondaire deuxième cycle. Car après ce niveau,
la qualité de tirage ne s'améliore plus de façon
significative. Le niveau secondaire deuxième cycle semble être le
niveau idéal de l'opérateurs de photocopie performant.
Cela s'explique par le fait que les utilisateurs des
photocopies sont avant tout des intellectuels (des personnes d'un certain
niveau d'étude : du primaire au supérieure) qui, savent
très bien faire la différence entre bonnes et mauvaises copies
(copies peu lisibles, tachetées et/ou mal cadrées). Et quand il
ont l'occasion d'exercer l'activité de photocopie comme métier,
ce pré requis (des personnes d'un certain niveau d'étude :
du primaire au supérieure) constitue pour eux un bon potentiel pouvant
dans une certaine mesure, remplacer des sessions de formation. Mais N'a-t-on
pas besoin de formation dans cette activité ?
Evidemment si, cela dans la mesure où le taux de
mauvaises copies (copies peu lisibles, tachetées et/ou mal
cadrées) est largement supérieure à 10% (plus de 32,38%
des copies tirées sont mauvaises : copies peu lisibles,
tachetées et/ou mal cadrées). Ceci montre la
nécessité d'une formation professionnelle non seulement pour
réduire le taux de mauvaises copies (peu lisibles, tachetées et
mal cadrées), celui de rebuts, mais aussi surtout pour faire de cette
activité un métier au sens moderne du terme : formation
initiale, formation professionnelle, stage et titularisation avec la
possibilité d'accession professionnelle et de
spécialisation.
S'agissant de la modalité « l'état des
photocopieuses utilisées » la modalité
« l'état d'achat des photocopieuses », nous a permis
de montrer que l'état d'achat de la photocopieuse utilisée a une
incidence significative sur qualité des tirages. La qualité des
copies s'améliore significativement avec la nouveauté de la
photocopieuse. L'opérateur de photocopie qui utilise une photocopieuse
neuve est plus performant que celui qui utilise une photocopieuse d'occasion.
Ceci montre la nécessité de disposer dans ce secteur de plus
d'appareils neufs même si c'est un secteur informel. Cependant beaucoup
d'opérateurs de photocopie utilisent les photocopieuses de seconde mains
par ce que celles-ci sont plus accessibles au plan du prix.
Pour ce qui est de la
modalité « durée d'utilisation des photocopieuses,
il a été attesté que l'âge de la photocopieuse a une
incidence significative sur la qualité des tirages. Bien plus, la
qualité de tirage est proportionnelle à l'âge des
photocopieuses. Elle se dégrade avec le vieillissement de l'appareil.
Mais, il n'existe pas de différence significative entre les
photocopieuses de six mois et celle d'un an. Car entre cet intervalle la
qualité de tirage de la photocopieuse ne change pas significativement,
la qualité de tirage ne se dégrade pas, bien plus,
s'améliore. Cela s'expliquerait par le fait que celles-ci auraient
achevé leur temps de rodage. Il a été aussi
révélé que la modalité « modèles
de photocopieuses utilisées » a également une
incidence significative sur la qualité des tirages.
En ce qui concerne la modalité « statut
professionnelle des opérateurs de photocopie » de la variable
principale « motivation », il a été
révélé que le statut professionnel (employé ou
employeur) des opérateurs a une incidence significative sur
qualité des tirages. La qualité des copies est meilleure lorsque
les opérateurs de photocopie sont propriétaires de l'unité
de production (employeurs) et elle est moins meilleure lorsque ceux-ci
travaillent pour un tiers (employé). Cela veut dire que les
opérateurs de photocopie sont plus motivés au travail lorsqu'ils
travaillent à leur propre compte. Ce qui leur permet premièrement
d'être, plus libre dans le travail : libre de choisir la
qualité du matériel utilisé (machine, papier, encre).
Se référant aux revenus, il est montré
que la satisfaction du revenu par les opérateurs de photocopie a une
incidence significative sur la qualité des tirages. Les revenus
constituent donc une source assez significative de motivation pour les
opérateurs de photocopie qui donnent le meilleure d'eux mêmes pour
produire des copies de meilleure qualité proportionnément
à la satisfaction de leur revenu.
S'intéressant aux prestations en l'occurrence, la
déclaration à la Caisse Nationale de la Prévoyance Sociale
(C.N.P.S), il est attesté que la déclaration des
opérateurs de photocopie à la CNPS a une incidence significative
sur la qualité de copies. Les opérateurs de photocopie sont plus
motivés au travail lorsqu'ils sont assurés de leur retraite,
qu'ils sont pris en compte pour les maladies liées au travail et la
prise en charge de leur famille.
Cependant ces variables ne sont pas les seuls facteurs
explicatifs des conditions de travail. Il y a d'autres facteurs notamment la
qualité de l'encre et du papier utilisés, les modèles et
les séries de photocopieuses utilisées, les relations avec les
clients, la concurrence et bien d'autres qu'il faut prendre en compte dans
l'analyse des conditions de travail des opérateurs de photocopie.
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