CHAPITRE IV : DISCUSSION :
L'approche des conditions de travail a consisté
à examiner les domaines suivants : les emplacements de travail
-- pour éliminer ou maîtriser les risques --, les
méthodes et les pratiques opératoires et la formation des
personnels, l'état des photocopieuses et la motivation des
opérateurs.
Les résultats sont différents d'une variable
à une autre, à l'intérieure d'une même variable
selon la modalité d'analyse choisie mais semble emprunter la même
direction c'est-à-dire la confirmation des hypothèses
formulées à l'exception de la variable formation dont la
modalité « formation qualifiante » reste
infirmée. En effet la variable indépendante principale
« conditions de travail des opérateurs de
photocopie » mettaient en jeux une variables dépendante
« qualité des tirages ».
Lorsque nous prenons la formation, nous nous rendons compte
que la formation initiale a une incidence significative sur la qualité
de tirage des copies ; alors que la formation qualifiante n'a qu'une
incidence apparente sur la qualité de tirage.
L'interprétation des résultats par le test de
khi deux nous a, en fait, révélé que la formation
qualifiante des opérateurs de photocopie n'a pas d'incidence
significative sur le tirages des copies. La qualité de tirage ne
s'améliore pas significativement avec la formation qualifiante de
l'opérateur. C'est pourquoi beaucoup d'opérateurs de photocopie
n'éprouvent pas le besoin de se former avant d'exercer cette
activité.
En revanche, il a été
révélé que le niveau d'instruction des opérateurs
de photocopie a une incidence significative sur la qualité des copies.
Bien plus, la qualité de tirage est proportionnelle au niveau
d'étude des opérateurs de photocopie. Elle s'améliore avec
la croissance du niveau d'étude de l'opérateur. Mais, cela
jusqu'au niveau secondaire deuxième cycle. Car après ce niveau,
la qualité de tirage ne s'améliore plus de façon
significative. Le niveau secondaire deuxième cycle semble être le
niveau idéal de l'opérateurs de photocopie performant.
Cet état de chose s'explique par le fait que les
utilisateurs des photocopies sont avant tout des intellectuels (des personnes
d'un certain niveau d'étude : du primaire au supérieure)
qui, savent très bien faire la différence entre bonnes et
mauvaises copies (copies peu lisibles, tachetées et/ou mal
cadrées). Et quand ils ont l'occasion d'exercer l'activité de
photocopie comme métier, ce pré requis (des personnes d'un
certain niveau d'étude : du primaire au supérieure)
constitue pour eux un bon potentiel pouvant dans une certaine mesure, remplacer
des sessions de formation. Mais N'a-t-on pas besoin de formation dans cette
activité ?
Bien sûr, cela dans la mesure où le taux de
mauvaises copies (copies peu lisibles, tachetées et/ou mal
cadrées) est largement supérieure à 10% (plus de 32,38%
des copies tirées sont mauvaises : copies peu lisibles,
tachetées et/ou mal cadrées. Ceci montre la
nécessité d'une formation professionnelle non seulement pour
réduire le taux de mauvaises copies (peu lisibles, tachetées et
mal cadrées), celui de rebuts, mais aussi surtout pour faire de cette
activité un métier au sens moderne du terme : formation
initiale, formation professionnelle, stage et titularisation avec la
possibilité d'accession professionnelle et de
spécialisation.
Cette modernisation ou structuration de ce métier
devrait avoir pour corollaire d'une part, d'adopter les comportements
professionnellement moins risqués entre autres la position au
travail : l'analyse des données révèlent qu'aux
questions «Dans quelle position travaillez-vous ? Avez-vous une
chaise ? », sur 117 opérateurs de photocopie, 82
affirment travailler debout soit 69,82% dont 26 affirment disposer d'une chaise
de travail soit 45,45% de ceux qui affirment posséder une
chaise ;35 affirment travailler assis soit 30,18% dont 31 affirment
disposer d'une chaise de travail soit 54,55% de ceux qui affirment
posséder une chaise .
D'autre part, la modernisation de ce métier devrait
aussi avoir pour corollaire de réduire assez significativement les
risques professionnels entre autres les maladies imputables à
l'activité professionnelle : l'examen des données
révèle qu'à la question «souffrez-vous d'un
mal? », 93 personnes sur 117 soit 79,49% opérateurs de
photocopie reconnaissent souffrir de mal d'yeux ; 83 personnes sur 117
soit 70,94% opérateurs de photocopie reconnaissent souffrir de mal de
dos ; 63 personnes sur 117 soit 53,85% opérateurs de photocopie
reconnaissent souffrir de problème respiratoire ; 5 personnes sur
117 soit 4,27% opérateurs de photocopie reconnaissent souffrir de
problème cardio-vasculaire ; 15 personnes sur 117 soit 12,82%
opérateurs de photocopie reconnaissent souffrir de problème de
peau. En effet contracter une pathologie professionnelle est la
conséquence de conditions de travail médiocres, de l'emploi
d'équipements et d'outils inadaptés, mais aussi de la fatigue,
d'une inattention, d'un manque de qualification ou d'une prise de risque
inconsidérée.
S'agissant de l'état des photocopieuses
utilisées, trois modalités ont été mises en
évidence. Il s'agit de l'état d'achat des photocopieuses, de la
durée d'utilisation des photocopieuses et des modèles de
photocopieuses utilisées.
Concernant la modalité « l'état
d'achat des photocopieuses », il a été montré
que l'état d'achat de la photocopieuse utilisée a une incidence
significative sur qualité des tirages des copies. La qualité des
copies s'améliore significativement avec la nouveauté de la
photocopieuse. L'opérateur de photocopie qui utilise une photocopieuse
neuve est plus performant que celui qui utilise une photocopieuse d'occasion.
Ceci montre la nécessité de disposer dans ce secteur de plus
d'appareils neufs. Cependant beaucoup d'opérateurs de photocopie
utilisent des photocopieuses de seconde mains par ce que celles-ci sont plus
accessible au plan du prix.
Pour ce qui est de la
modalité « durée d'utilisation des photocopieuses,
il a été attesté que l'âge de la photocopieuse a une
incidence significative sur qualité des tirages. Bien plus, la
qualité des copies est proportionnelle à l'âge des
photocopieuses. Elle se dégrade avec le vieillissement de l'appareil.
Mais, il n'existe pas de différence pratique entre les photocopieuses de
six mois et celle d'un an. Car entre cet intervalle la qualité de tirage
de la photocopieuse ne change pas significativement, la qualité des
copies ne se dégrade pas, bien plus s'améliore. Cela
s'expliquerait par le fait que celles-ci auraient achevé leur temps de
rodage.
En ce qui concerne la motivation, trois modalités ont
été identifiées à savoir « le statut
professionnelle de l'opérateurs de photocopie »
(employé ou employeur), « la satisfaction du revenu par
l'opérateurs de photocopie » et « les prestations
sociale ».
Parlant du statut professionnelle des opérateurs de
photocopie, il a été révélé que le statut
professionnel (employé ou employeur) des opérateurs a une
incidence significative sur la qualité des tirages. La qualité
des tirages des copies est meilleure lorsque les opérateurs de
photocopie sont propriétaires de l'unité de production
(employeurs) et elles est moins meilleurs lorsque ceux-ci travaillent pour un
tiers (employeur). Cela veut dire que les opérateurs de photocopie sont
plus motivés au travail lorsqu'ils travaillent à leur propre
compte. Ce qui leur permet premièrement d'être, plus libre dans le
travail : libre de choisir la qualité du matériel
utilisé (machine, papier, encre). En effet,
dans les théories classiques et néoclassiques,
très marquées par le développement du salariat, le travail
est une marchandise comme une autre, un objet d'échange que les
salariés négocient par quantités d'heures avec les
entrepreneurs. En fonction de la rémunération
que le marché propose pour un travail horaire, les offreurs de travail
que sont les salariés vont arbitrer entre l'utilité
retirée de la consommation permise par un revenu supérieur et la
désutilité provoquée par le renoncement aux loisirs pour
travailler
Deuxièmement, ceci leur permet d'être moins
stressé dans l'exécution du travail et face aux exigences du
travail (rebuts) ; troisièmement d'être plus responsables
face à la qualité des tirages ; et quatrièmement
d'engranger plus de revenus pour vivre mieux de leur travail.
Cet équilibre correspond à l'optimum de Pareto,
situation dans laquelle on ne peut augmenter la satisfaction d'un agent
économique sans diminuer celle d'un autre. Dans ce modèle, le
choix de l'opérateur est en fait déterminé par la prise en
compte d'un salaire de réserve en dessous duquel il s'abstiendra. Dans
ce modèle atypique où les demandeurs de travail, les employeurs,
sont aussi offreurs de travail, vont pour leur part fixer un volume d'heures de
travail leur permettant de réaliser cette activité de
manière à obtenir une égalité entre le coût
du travail et sa productivité. À l'équilibre, une
rémunération horaire est déterminée, et au lieu de
l'échange traditionnel (entre employeurs et employé), on note un
surplus cumulé qui bonifie le gain (salaire plus bénéfice)
de l'employé-employeur.
La théorie classique, décrivant une
situation de symétrie parfaite entre offreurs et demandeurs de travail,
s'adapte mal donc à l'activité de photocopie où
l'employé peut se trouver en situation d'employeur. La relation entre
employeurs et employés fonctionnera donc avec moins d'action
antagoniste, de lutte d'intérêt, de conflit professionnel dans un
tel cas, puis qu'il s'agit de la même personne. C'est pourquoi dans ce
métier de reprographes ou d'opérateurs de photocopie beaucoup
n'éprouve pas d'intérêt de militer dans une syndicat
(42,65% affirment être membre d'un syndicat).
Se référant aux revenus, il est montré
que la satisfaction du revenu par les opérateurs de photocopie a une
incidence significative sur la qualité des tirages des copies. Les
revenus constituent donc une source assez signification de motivation pour les
opérateurs de photocopie qui donnent le meilleure d'eux même pour
produire des copies de meilleure qualité proportionnément
à la satisfaction de leur revenu.
S'intéressant aux prestations en l'occurrence, la
déclaration à la Caisse Nationale de la Prévoyance Sociale
(C.N.P.S), il est attesté que la déclaration des
opérateurs de photocopie à la CNPS a une incidence significative
sur la qualité de tirage. Les opérateurs de photocopie sont plus
motivés au travail lorsqu'ils sont assurés de leur retraite,
qu'ils sont pris en compte pour les maladies liées au travail et de la
prise en charge de leur famille.
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