Conclusion
Ainsi, cette étude nous a permis de voir que les taux
de scolarisation sont en progression au Burkina Faso mais que le système
éducatif est coûteux, discriminatoire et déracinant et
totalement inadapté aux réalités et aux besoins locaux. En
effet, tandis que le système classique, basé sur l'école
coloniale, forme des fonctionnaires, les activités principales sont
essentiellement agraires et la structure du marché du travail ne permet
pas d'absorber les diplômés. Etant donnés les
manquements du système classique et la situation financière
instable, l'Etat burkinabé se désengage progressivement et
l'offre éducative se diversifie, notamment par des initiatives
privées et communautaires.
D'autre part, l'utilisation du français dans
l'enseignement semble être un facteur de sélection
(quantité et équité) et de mauvaises performances
(qualité). C'est dans ce contexte de demande éducative croissante
et de volonté de changement que l'alternative de l'école bilingue
est née.
Les fondements de ce système étant l'utilisation
et la valorisation des langues et des cultures nationales, il semble pouvoir
pallier aux manquements du système éducatif, dans la perspective
d'un développement durable et endogène, et sinon le remplacer, le
compléter. En effet, les résultats mesurés jusqu'à
présent sont tout à fait concluants et son évolution
fulgurante prouve son dynamisme et l'intérêt qu'il suscite. Mais
le développement de l'école bilingue semble être
conditionné par de nombreuses contraintes et freiné par des
réticences qui apparaissent avec sa généralisation.
L'émergence de ce système et sa dynamique
démontre l'intérêt de cette démarche endogène
puisqu'elle est basée sur les connaissances et les besoins locaux, avec
la participation des adultes de la communauté. Cette approche nouvelle
peut permettre de préfigurer une évolution de l'orientation du
développement dans le sens de la valorisation des techniques et des
activités traditionnelles.
L'instauration d'un système bilingue pourrait avoir une
conséquence néfaste importante, que nous énonçons
ici à titre d'élargissement : il s'agit d'un risque
d'éclatement de la société en communautés
linguistiques, qui deviennent concurrentes pour l'accès à la
formation et à l'information. En effet, étant donné que la
population burkinabé est composée de près de la
moitié par l'ethnie mossi, le développement d'écoles
bilingues avec l'utilisation de la langue principale pourrait renforcer son
pouvoir et créer un conflit interethnique. La langue française
comme vecteur évite d'une certaine manière ce risque car elle
sert de fédérateur neutre.
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