Rérolle, Julie, étudiante n° 20301243
Université de Provence Aix-Marseille 1
Département Langues Etrangères
Appliquées
Mémoire de recherche de Master 2 parcours 5
« Intelligence économique, culture et
organisation »
Année 2007-2008
L'OFFRE ÉDUCATIVE PRIMAIRE AU BURKINA
FASO.
APPROCHE ÉCONOMIQUE ET
ANTHROPOLOGIQUE.
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Sous la codirection de Mme Alice Fabre et Mme Maud
Saint-Lary
Introduction 1
Chapitre 1 - Analyse économique de l'offre et
de la demande éducative à l'aide du cadre théorique du
capital humain et de données factuelles sur le Burkina Faso
3
I) La demande d'éducation 5
I.1) La théorie du capital humain 6
I.1.1) Le fondement de la théorie : la
corrélation éducation-croissance 7
I.1.1.1) Etude macroéconomique : le lien
éducation croissance 7
I.1.1.2) Etude microéconomique : la
causalité éducation-productivité-gains 9
I.1.2) L'analyse coût-avantages de l'investissement en
éducation 12
I.1.3) Disparité des taux de rendement de
l'investissement humain 14
I.1.3.1) Disparités géographique de la
rentabilité de l'éducation 14
I.1.3.2) Par niveau de revenu et origine sociale 16
I.1.3.3) Par sexe 17
I.1.3.4) Conclusion 18
I.2) Les déterminants de la demande individuelle
18
I.2.1) Les déterminants économiques 18
I.2.1.1) Les coûts directs et indirects 18
I.2.1.2) Les avantages escomptés 19
I.2.2) Les déterminants extra-économiques 19
II) L'offre éducative au Burkina Faso 24
II.1) Approche économique de l'offre éducative
25
II.1.1) La croissance endogène 25
II.1.2) Les politiques d'éducation 26
II.1.2.1) De Jomtien à Dakar, puis aux OMD 27
II.1.2.2) Quelle politique pour le Burkina Faso ? 28
II.2) Structure de l'appareil éducatif burkinabé
actuel 30
II.2.1) Education formelle et informelle 31
II.2.2) Enseignement public et privé 32
Chapitre 2 - Constats de la confrontation entre
offre et demande 34
I) Un système éducatif peu performant 34
I.1) Un contexte linguistique et historique instable 34
I.1.1) Structure linguistique du Burkina Faso 34
I.1.2) Retour historique sur les politiques éducatives
et linguistiques nationales 36
I.1.2.1) Le lourd contentieux de l'école coloniale 36
I.1.2.2) Des tentatives de stabilisation 37
I.1.2.3) Une situation de statu quo 38
I.2) Un taux de scolarisation très bas et
hétérogène 40
I.2.1) Les disparités géographiques 41
I.2.2) Les disparités par sexe 42
I.2.3) Selon l'origine sociale 43
I.3) La qualité recherchée 45
I.3.1) Mesure de la qualité 45
I.3.2) Dépenses publiques 48
I.3.3) Synthèse selon les critères de l'UNESCO
50
II) Quelles solutions ? 52
II.1) Améliorer la qualité de
l'éducation 52
II.1.1) Les variables relatives à l'enseignant 53
II.1.2) Les variables liées à l'école
54
II.2) Le principe des incitations 56
II.2.1) Incitations auprès des maîtres 57
II.2.2) Incitations auprès des
élèves et de leurs familles 57
II.3) La question du financement 58
II.3.1) Des coûts unitaires élevés dans
les PVD 58
II.3.2) Vers une révision du financement 59
II.3.2.1) Participation des usagers 60
Débats sur les frais d'inscription 60
Bourses vs prêts 61
II.3.2.2) Financement par les entreprises ou les
collectivités 61
II.4) L'école bilingue comme remède 62
Une expérience novatrice 62
Des objectifs qualitatifs et des
résultats satisfaisants 63
Chapitre 3 - Approche anthropologique et étude
de l'école bilingue vue à travers la presse
burkinabé 64
I) L'anthropologie de l'éducation et du
développement 64
I.1) Approche anthropologique de l'éducation 64
I.1.1) La prise en compte du culturel 65
I.1.1.1) Les mécanismes culturels 65
I.1.1.2) Différents axes d'études 66
I.1.2) Considérer la pluralité 67
I.1.2.1) Des systèmes de sens et des savoirs
différents 67
I.1.2.2) Le rôle complexe des agents de
développement 67
I.2) Remise en question des politiques éducatives et
des données existantes 68
I.2.1) L'hégémonie des conceptions occidentales
68
I.2.1.1) Un certain ethnocentrisme institutionnel 68
I.2.1.2) Décolonisation et nouvelles dépendances
70
I.2.2) Problèmes des collectes et de la pertinence des
données et des enquêtes de terrains 71
I.2.2.1) Des données disponibles discutables 71
I.2.2.2) Les enquêtes "de terrain" 73
II) L'étude de l'école bilingue comme
remède, vue à travers la presse burkinabé 74
II.1) Contexte de l'apparition de l'école bilingue
76
II.1.1) Historique 77
II.1.2) Structure du système 78
II.2) L'école bilingue ou « école du
développement » 79
II.2.1) Un produit éducatif « rentable »
et efficace 79
II.2.2) Un système ancré dans le contexte local
et valorisant la culture et les langues burkinabés 82
II.3) Conclusion et bilans 87
II.3.1) Quels enseignements tirer ? 87
II.3.2) Limites, objectifs et défis 88
Conclusion 91
Annexes 92
Bibliographie 96
Introduction
Le Burkina Faso, pays enclavé qui vit majoritairement
de l'agriculture, est classé dans les 49 PMA (pays les moins
avancés). Selon la définition de l'ONU de 2000, un PMA
répond à trois critères : un bas revenu, un retard
dans le développement du capital humain et un critère de
vulnérabilité économique. Le deuxième
critère est particulièrement intéressant pour notre
étude puisqu'il est basé sur un Indice Révisé
de Qualité de Vie Physique qui prend en compte quatre indicateurs
dont la scolarisation, et l'alphabétisation. Ainsi, l'état de
développement d'un pays dépend, entre autre de son niveau
d'éducation, mesuré par la scolarisation et
l'alphabétisation. Aujourd'hui, les institutions internationales et les
gouvernements basent leurs politiques de développement de plus en plus
sur l'éducation. On peut dire qu'il existe un consensus
général sur le lien entre développement de
l'éducation (ou plus précisément de l'instruction) de la
population et le développement.
L'approche libérale définit le
développement comme un processus d'évolution naturelle des
sociétés, avec au centre, la croissance (mesurée en PIB)
qui calcule l'accroissement des richesses d'un pays et qui ne donne qu'une
vision quantitative. Puis, dans les années 1960, le courant
développementaliste apporte la notion d'enpowerment et la prise
en compte des besoins fondamentaux comme l'éducation, la santé,
le bien-être. Le concept de développement a donc été
redéfini comme " la transformation à la fois quantitative et
qualitative des conditions d'existence de la majorité des individus, non
pas seulement en termes de production et de revenu, mais aussi et surtout en
termes de dignité avec la satisfaction de leurs besoins matériels
et non matériels" (Azoulay).
A. Sen donne une nouvelle approche encore plus humaniste du
développement, qui n'est pas uniquement économique mais qui prend
en compte la liberté « envisagée sous la forme des
capacités dont disposent les personnes d'accomplir ce qu'elles ont
raison de vouloir accomplir » : liberté d'expression, droit de
vote, droit à l'éducation, à la santé. Une de ces
capacités essentielle est l'instruction, car la lecture,
l'écriture et le calcul permettent de lutter contre la pauvreté
et sont une condition sine qua none du développement et de la
dignité humaine. Ainsi, l'éducation est considérée
de façon consensuelle comme un facteur de développement pour
plusieurs raisons que nous verrons dans notre analyse.
Mais il est intéressant de se demander quelle offre
éducative privilégier pour un développement optimal et
durable. Au Burkina Faso, elle est assez variée mais, comme nous le
verrons, reste calquée sur l'école coloniale française et
forme une élite, amenée à devenir fonctionnaire. Or, le
contexte national est celui d'un pays considéré « en
retard », où les activités principales sont
l'élevage et l'agriculture, le marché du travail est assez
saturé et l'entreprenariat est assez peu développé.
L'école classique est donc déracinante et inadaptée aux
réalités et aux besoins locaux. De plus, comme nous le verrons,
elle est discriminatoire car elle ne permet pas un accès
équitable : les filles et les enfants de milieux ruraux sont moins
scolarisés. Enfin, elle coûte très cher à l'Etat,
qui, en raison de la crise financière, se désengage petit
à petit en délocalisant et encourage les initiatives
privées et communautaires.
C'est dans ce contexte qu'a été
créée l'école bilingue : une alternative au circuit
classique, avec un enseignement en langue locale et en français ainsi
qu'une professionnalisation. Le système bilingue refait le lien social
entre l'école et la population, qui se la réapproprie et est
favorable à un développement endogène (grâce aux
éléments internes), grâce à la prise en compte de sa
dimension culturelle. Cependant, nous verrons que son ambition de remplacer le
système en place va se confronter à de nombreuses
difficultés et réticences.
Cette recherche porte donc sur l'offre éducative au
Burkina Faso - en se concentrant sur l'éducation primaire - avec
l'étude de cas de l'école bilingue. Nous chercherons à
répondre à la problématique suivante : dans quelle
mesure l'école bilingue est une solution aux manquements du
système éducatif burkinabé ? En d'autres termes, cela
revient à se demander si l'école bilingue est une alternative
viable et répondant aux besoins tant des autorités que la
population, pouvant concurrencer et/ou compléter un système
importé.
Cette étude sera pluridisciplinaire, en proposant une
analyse à travers deux prismes : l'économie et
l'anthropologie. Cette double dimension nécessite la mobilisation de
différents outils théoriques qui se complètent, et essaie
d'apporter un regard critique et constructif sur la question de l'offre
éducative et les solutions possible à ses dysfonctionnements.
Cette double grille d'analyse nous permet d'envisager l'éducation d'une
part d'un point de vue factuel, et de l'autre, tenant compte des besoins et des
aptitudes des acteurs.
Dans un premier chapitre, nous commencerons par une analyse
économique de l'offre et de la demande éducative. En premier
lieu, nous étudierons les théories économiques de la
demande d'éducation, basée sur celle du capital humain, et nous
analyserons les déterminants économiques et
extra-économiques de la demande. Puis, nous verrons l'offre
éducative en présentant la théorie de la croissance
endogène et les politiques d'éducation, vues à travers le
cas du système éducatif burkinabé.
Ensuite, dans un deuxième chapitre, nous ferons une
étude de la confrontation entre offre et demande. Nous commencerons par
la description du contexte linguistique et historique pour ensuite analyser les
performances du système burkinabé en termes de quantité et
de qualité. Nous verrons quelles solutions sont possibles pour pallier
aux dysfonctionnements de l'école burkinabé, avec tout d'abord
l'amélioration de la qualité de l'éducation, puis le
principe des incitations, et enfin la question cruciale de son financement.
Nous finirons cette partie en introduisant le concept de l'école
bilingue.
Pour finir, nous adopterons une démarche
anthropologique dans le dernier chapitre. La conception de l'éducation
selon cette discipline sera présentée, avec tout d'abord la prise
en compte des cultures locales, et de la diversité. Ensuite, les
politiques éducatives et les données disponibles seront
questionnées dans une perspective qui se veut constructive. Et nous
finirons sur une présentation de l'école bilingue comme
remède aux défauts du système classique. Cette
dernière partie adoptera une démarche anthropologique
basée sur une étude de la presse burkinabé et
présentera le développement, les avantages et les limites de ce
système alternatif.
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