I -Les recommandations nutritionnelles chez le
diabétique :
Les recommandations nutritionnelles pour un sujet
diabétique ne diffèrent ni en quantité ni en
qualité de celles pour un sujet non diabétique de sexe,
âge, poids et activité physique comparables désirant rester
en bonne santé (15,16).
Les différences résident davantage dans
la régularité des prises glucidiques d'un jour à l'autre
et dans leur répartition au cours de la journée qui varie selon
le traitement administré et les résultats glycémiques
observés.
Une diététique adaptée est donc
un précédent obligatoire et l'élément central du
traitement quel que soit le type de diabète (9,
17,28).
a-Apports
énergétiques :
L'apport calorique d'un sujet diabétique de
poids normal ne doit pas être modifié.
La restriction calorique pour un diabétique
est envisagée en cas de présence d'une surcharge
pondérale et ce d'autant plus qu'elle est androïde et
compliquée sur le plan métabolique ou vasculaire .Or, plus de 80%
des sujets diabétiques de type 2 sont obèses d'où
l'objectif d'atteindre un poids raisonnable (une perte de 5 à 10 % du
poids initial ou plus, est souhaitable pour améliorer
l'équilibre du diabète, les lipides sanguins et la tension
artérielle) associé à un meilleur profil des facteurs de
risque vasculaires.
b-Apports
glucidiques :
* Les glucides doivent constituer une part importante
de l'alimentation des sujets diabétiques.
Un apport quotidien de l'ordre de 180 à 220g
d'hydrates de carbone, représentant de 50-55% de la ration calorique
quotidienne, est nécessaire.
La proportion des glucides dans la ration
calorique quotidienne (RCQ) varie selon :
- L'activité physique :
Plus l'activité physique est importante, plus
la proportion de glucides dans la RCQ est élevée.
- Le régime suivi :
D'autant le régime est riche en acides gras
mono insaturés, d'autant l'apport en glucides doit être
bas.
*Cet apport en glucides doit se faire essentiellement
sous forme de glucides complexes à base d'aliments amylacés
comme le pain, les pâtes, le riz, les féculents et dans une
moindre mesure de fruits et de lait et un apport en saccharose ajouté de
l'ordre de 10% de la RCQ.
c-Apports
lipidiques :
Puisque le diabétique est 2 à 4 fois plus
exposé aux maladies cardiovasculaires que le non diabétique, son
alimentation doit être peu athérogène et peu
thrombogène .Elle est obtenue en réduisant, d'une part, le
pourcentage des calories lipidiques et en agissant, d'autre part, sur la nature
des lipides alimentaires.
Les recommandations théoriques
réduisent les apports lipidiques à moins de 30% des calories
totales, ce qui parait un peu excessif car l'adhésion à de
telles recommandations est souvent incompatible avec une vie sociale correcte.
Une recommandation de 30 à 35 % semble plus
raisonnable.
Le rapport lipidique monoinsaturés /
polyinsaturés / saturés, devrait être
théoriquement égal à 2 / 1 / 1. Ainsi, l'apport
en graisses saturées dites athérogènes devrait être
inférieur à 10% de l'apport calorique total. Cette restriction
des graisses saturées a pour avantage de diminuer les apports
alimentaires en cholestérol en dessous de 300mg/j (le cholestérol
et les graisses saturées étant apportés par les
mêmes aliments).
v Les graisses polyinsaturées doivent
représenter le 1/4 des apports lipidiques totaux, soit environ 10% de
la RCQ, mais leur apport doit être modulé en fonction de leur
nature.
Ø Ainsi, les acides gras de la série n-6 ont
un effet hypocholestérolémiant mais leur apport ne doit pas
dépasser 10 à 15g/jour.
Exemple d'aliments riches en acides gras de la
série n-6 :
- Margarine molle (33g/100g)
- Palme (10g/100g)
Ø Les acides gras de la série n-3 ont un
effet hypotriglycéridémiant et antithrombogène
(14).
Exemple d'aliments riches en acides gras de la
série n-3 (Oméga 3) :
- Huile de lin (54,2g/100g)
- Huile de noix (12,9g/100g)
- Huile de colza (9,1g/100g)
- Saumon (1.8g/100g)
-Anchois (1.7g/100g)
Les graisses monoinsaturées non
peroxydables(21) devraient représenter au minimum 10%, et au
plus 20% de la RCQ puisqu'elles entrainent en effet une baisse totale du
cholestérol sans diminution parallèle du
HDL-cholestérol.
d-Apports
protéiques :
Chez un diabétique, une réduction de
l'apport protéique journalier vers des quantités
modérées (0,8 à 1 g/Kg de poids corporel idéal)
(18,22), soit environ 15% de l'apport énergétique
total, peut être souhaitable.
L'efficacité d'un régime
hypoprotidique (< 0,8g/Kg/jour) est expliquée par le fait qu'il
ralentit la détérioration de la fonction rénale chez le
diabétique porteur d'une néphropathie avérée
(albuminurie supérieure à 300mg /24H et/ou créatinine
sérique élevée), donc un argument en faveur de la
modération en matière d'apport protéique chez le
diabétique non compliqué même si aucune étude n'a
permis de confirmer formellement le bien fondé de cette
recommandation.
L'enfant, la femme enceinte, le sujet
âgé ou le patient en état d'hypercatabolisme constituent
des exceptions à cette règle.
e-Apports en minéraux, vitamines et
autres micronutriments :
Les besoins journaliers en minéraux, vitamines
et autres micronutriments sont en général largement couverts, si
le diabétique a un apport alimentaire équilibré.
Mais, dans certaines situations
particulières et pour certains nutriments, il convient d'envisager, soit
des réductions, soit des supplémentations.
L'apport sodé doit être
réduit chez le diabétique hypertendu qu'il ait ou non une
néphropathie.
Les apports en potassium (K) et magnésium
(Mg) sont, en général, correctement assurés si
l'alimentation est suffisamment riche en légumes et fruits.
Mais, des supplémentations peuvent être
nécessaires chez les sujets soumis à des traitements
diurétiques couplés ou non à des régimes
hypocaloriques.
Au contraire, une réduction en K peut
être indispensable chez les diabétiques ayant une insuffisance
rénale chronique ou chez les personnes soumises à des traitements
par inhibiteurs de l'enzyme de conversion.
Les supplémentations vitaminiques ne sont pas
nécessaires sauf dans le cadre de certains régimes qui sont en
principe déconseillés chez les diabétiques, sachant que
certains auteurs recommandent des supplémentations presque
systématiques en vitamines anti-oxydantes chez les sujets à
risque cardiovasculaire augmenté.
Les apports en micronutriments tels que le
sélénium ou le chrome sont difficiles à évaluer,
mais une alimentation équilibrée peut couvrir largement les
besoins.
f-Apports en
fibres :
Une alimentation riche en fibres alimentaires surtout
de type soluble (pectines, guar, gomme), contenues dans les fruits, les
légumes verts et les légumineuses, est souhaitable en terme de
régulation glycémique (19).
Ces aliments ont souvent un index glycémique
bas donc un régime riche en fibres insolubles est souhaitable en
termes de régularité du transit digestif sans
spécificité liée au diabète.
g-Alcool :
L'éthanol est un nutriment qui peut avoir des
effets toxiques. Ses effets métaboliques ont un retentissement
particulier chez le sujet diabétique (2).
L'alcool a deux effets sur le contrôle
glycémique :
· La consommation à jeun :
- Peut entrainer une hypoglycémie
sévère ; l'oxydation de l'éthanol entraine une
augmentation du rapport NADH/NAD, à l'origine d'une inhibition de la
néoglucogenèse.
Cette hypoglycémie est d'autant plus
sévère que les réserves hépatiques en
glycogène sont faibles, le sujet est dénutri ou éthylique
et qu'il reçoit un traitement par insuline ou antidiabétiques
oraux.
- L'alcool, en présence de glucides, peut
potentialiser la sécrétion d'insuline. Ce problème peut se
poser chez les sujets non insulinodépendants qui consommeraient
certaines boissons de type « Gin tonic » à distance
des repas.
· La consommation post prandiale :
- L'alcool peut entrainer un état
d'insulino-résistance qui peut aggraver le déséquilibre du
diabète.
- L'alcool peut également causer une
hypertriglycéridémie qui peut parfois être
sévère.
h- Utilisation des édulcorants et
des produits alimentaires allégés :
Les progrès de l'industrie agro-alimentaire
offrent, actuellement, une grande variété de produits dont la
composition a été modifiée pour en limiter le contenu en
glucides, en lipides ou en calories (12).
Ces aliments sont accessibles dans les circuits de
la grande distribution. On ne doit pas les considérer comme
indispensables mais seulement utilisables pour le diabétique.
Ils peuvent, théoriquement, permettre
à ce dernier de se conformer plus facilement aux contraintes
diététiques. Mais, en pratique, ils peuvent être source de
difficultés.
Les édulcorants se distinguent en deux
groupes :
· Les édulcorants
naturels :
Le fructose et certains polyols comme le sorbitol doivent
être pris en compte pour l'évaluation de la ration
calorique.
· Les édulcorants de
synthèse :
L'aspartame, la saccharine, l'acesulfame ou les cyclamates
sont quasiment ou totalement dépourvus de calories aux doses
utilisées. Leur usage chez la femme enceinte ou allaitante
nécessite une prudence particulière.
Pour le diabétique, l'usage des produits
allégés en sucres est favorable à condition que la charge
calorique de l'aliment ne soit pas augmentée. (Exemple :''Chocolat
light'' appauvri en sucres et enrichi en lipides)
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