IV.1.2. TRANSFORMATION DES BIENS
NON ACCUMULES EN BIENS ACCUMULABLES
Ainsi exprimée la contrainte au commerce
extérieur découle de la structure de l'appareil de production de
pays sous - développés: le travail des hommes y produit bien un
surplus mais ce surplus prend des formes qui ne lui permettent pas d'ête
accumulé sous la même forme.
Il ne suffit donc pas, à un pays qui veut construire
son développement et son indépendance de conserver pour lui -
même la part la plus grande possible de son surplus, il doit encore
pouvoir transformer les biens sous la forme desquels il apparait (produits
d'origine agricole, produits minéraux ou énergétiques) en
biens qui puissent donner lieu à un procès d'accumulation.
Cette transformation définit la fonction du commerce
extérieur dans le processus d'industrialisation et elle le fait en
termes de production, c'est - à - dire de manière parfaitement
homogène à la nature même du processus d'industrialisation.
Ainsi, sur la base des hypothèses drastiques qui ont été
faites pour cerner l'essentiel, le pays sous - développé qui
amorce son développement assure sa consommation sur la base de la part
de la production nationale conservée à l'intérieur des
frontières, exporte son surplus et consacre les devises qu'il en retire
à l'importation de biens d'équipement industriel.
Cette réorientation du commerce extérieur ne
supprime pas le prélèvement impérialiste. Le pays sous -
développé n'est maître ni du prix des produits qu'il
exporte ni des prix de ceux qu'il importe. Le taux d'échange des uns
contre les autres, autrement dit le rendement de l'opération de
transformation, est beaucoup plus faible qu'il ne le serait si l'écart
des prix et des valeurs n'était pas ce qu'il est un
prélèvement sur le coût de l'impérialisme dont on ne
se libère pas par un décret.
Ceci étant, et quel que soit ce coût que l'on ne
saurait minimiser, il ne semble pas que l'impérialisme puisse s'opposer
à la réalisation par un pays qui la veut d'une telle
opération de transformation. C'est en sens que le caractère
externe - interne de l'impérialisme et du sous développement
constitue une de leurs contradictions, accentuée par le fait des
indépendances politiques, à condition cependant que celle-ci
s'accompagne d'une profonde transformation des structures sociales internes.
On peut alors penser que l'amorce du processus
d'industrialisation accéléra cette transformation des structures
sociales internes en même temps qu'elle renforcera progressivement le
pouvoir de négociation du pays et lui permettra d'obtenir de meilleurs
termes d'échange. Encore ce progrès ne sera-t-il possible que si
le commerce extérieur est véritablement intégré au
processus global de la planification.
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