2. Contexte théorique de l'émergence du
modèle d'innovation ouverte
Depuis la fin des années 80, plusieurs chercheurs ont
commencé à remettre en cause le modèle d'innovation
fermée qui a prévalu la majeure partie du 20ième
siècle (Chesbrough, 2005). Cohen et Levinthal (1990), ont
recommandé aux organisations R&D de développer leur
« capacité d'absorption » en tenant compte des
« deux faces de la R&D » (tournées vers
l'intérieur et vers l'extérieur de l'entreprise) et en
investissant dans la recherche interne pour utiliser la technologie externe.
Ils suggèrent l'idée que les entreprises qui ne parviennent pas
à exploiter cette R&D externe ont un désavantage
compétitif important. Eric Von Hippel (1988) a lui distingué
quatre sources de connaissances extérieures à exploiter :
(1) les fournisseurs et les clients (2) l'université, le gouvernement,
et les laboratoires publiques (3) les concurrents (4) les autres pays.
Ove Grandstrand et ses collègues (1997) ont
expliqué que « la création de compétences dans
de nouveaux domaines est un processus dynamique d'apprentissage, demandant de
combiner l'acquisition de technologies externes et de technologies internes.
Le sourcing de la technologie est rarement un substitut pour la R&D
interne, mais il la complète de manière importante ».
Les entreprises peuvent également avoir recours
à des alliances pour obtenir de telles connaissances et utiliser des
ressources complémentaires pour exploiter cette connaissance. Cette
alliance de réseaux est particulièrement importante dans des
industries de haute technologie comme les biotechnologies (Mowery et al,
1996 ; Bekkers et al, 2002).
De nombreux modèles ont été
développés pour expliquer comment les entreprises exploitent la
connaissance externe. La méthode la plus simple et la plus commune est
probablement d'imiter un concurrent. D'autres approches plus
sophistiquées ont été proposées. Intégrer
des consommateurs pilotes dans le processus de développement peut par
exemple fournir des idées sur la découverte, le
développement d'innovation (Von Hippel, 1988). Le domaine public est
également considéré une source importante de connaissance
et d'innovation. La recherche universitaire est ainsi souvent financée
par des fonds privés pour générer des externalités
(Chesbrough, 2005).
D'autres chercheurs ont étudiés l'utilisation
d'alliances et la réalisation de réseaux par les entreprises
comme un autre moyen de chercher activement et d'incorporer la connaissance
extérieure dans les processus d'innovation de l'entreprise. Le travail
de Woody Powell et de ses collègues examine les bénéfices
des réseaux d'entreprises innovantes. Nooteboom (1999) examine lui
l'utilisation d'alliance dans les sociétés et les industries de
haute technologie (Chesbrough, 2005).
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