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Facteurs de stimulation de la créativité et efficacité d'un processus de créativité croisée entre deux entreprises

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par Louis-Alexandre Grangé
CNAM - Master Economie et Gestion de l'Innovation 2008
  

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V. Présentation de l'expérience et des résultats

1. Participants

Le processus de créativité croisée a été réalisé en partenariat avec La Poste et Bouygues Telecom. Le choix de ces entreprises s'est fait en deux étapes :

1. Deux managers chez La Poste se sont montré intéressé, à la condition de la sélection d'une entreprise partenaire qui puisse apporter une connaissance de la cible des 15-25 ans et qui ne soit pas en concurrence directe avec une activité de La Poste.

2. Une sélection de trois entreprises correspondant à ces critères a été effectuée et des propositions ont été envoyées par mail à plusieurs responsables marketing. Un manager du service marketing stratégique de Bouygues Telecom a répondu positivement à cette proposition.

L'objectif des deux entreprises était lié à la cible des 15-25 ans :

- Objectif de La Poste : « Identifier des idées pour que l'offre courrier de la Poste réponde aux besoins de la cible 15-25 ans »

- Objectif de Bouygues : « Identifier des idées pour fidéliser les clients de 15-25 ans à la marque Bouygues Telecom »

Chaque entreprise était représentée par cinq participants ayant un poste de chef de produit ou assistant chef de produit. Les deux équipes étaient exclusivement composées de femmes.

Tableau 2 : Composition des équipes internes et externes.

2. Plan d'expérience

Le processus a été conçu pour répondre à trois objectifs :

- Mettre en place des conditions identiques entre les brainstormings externes et internes pour les rendre comparables. L'animation pouvait différer d'un sujet à l'autre mais elle devait rester identique sur un même sujet pour le groupe interne et le groupe externe.

- Maximiser le potentiel créatif du processus dans son ensemble.

- Maintenir une durée d'implication inférieure à quatre heures pour chaque participant.

L'ensemble du processus s'est déroulé sur une durée de 8 semaines et comprenait les brainstormings (s'étalant sur 4 semaines) et la sélection des idées (s'étalant sur 4 semaines).

Les brainstormings

Les quatre brainstormings étaient constitués de trois phases : un briefing, un exercice d'« exploration » et la génération d'idées:

- La phase de briefing, d'une durée de 10 mm, commençait avec une présentation du contexte et de l'objectif pour l'entreprise. Pour les groupes externes, les principales dernières innovations lancées par la marque étaient aussi présentées. L'objectif était surtout de souligner l'enjeu de la réunion afin de motiver l'équipe (Amabile, 1988) et de limiter la proportion d'idées hors sujet ou déjà réalisées par l'entreprise. Dans un deuxième temps, les règles du brainstorming (Générer autant d'idées que possible, suspendre le jugement, émettre aussi les idées farfelues) étaient exposées. L'animateur indiquait aux participants qu'ils devaient considérer la réunion comme un jeu dont le but était de générer plus d'idées que l'équipe de l'autre entreprise. Cette indication avait pour but de créer une émulation favorable à la créativité (Paulus et Dzindolet, 1993). Enfin, les types d'exercices réalisés étaient exposés et expliqués (le principe et le rôle de phase d'exploration et de la structuration du brainstorming en plusieurs axes de réflexion).

- La phase d'exploration, d'une durée de 15 mm consistait à répondre collectivement à deux questions liées au sujet de la génération d'idée. Pour les groupes travaillant sur le sujet de Bouygues Telecom, il était par exemple demandé de lister les techniques de fidélisation existantes. Cette phase avait pour but de stimuler la mémoire de long terme pour faciliter la génération d'idées (Nijstad, 2007).

- La phase de génération d'idées, d'une durée de 1h10 à 1h20, était structurée par plusieurs axes de réflexion et par la succession de phases de réflexion individuelles et collectives. Cela permettait de tenir compte des enseignements de Coskun et al (2000) au sujet de l'effet positif d'une animation structurée et des enseignements de Paulus et Dzindolet (1993) sur l'importance d'intégrer des phases de réflexion individuelle au cours du brainstorming. Concrètement, ce mode d'animation consistait en une succession de 3 à 6 séquences «  présentation d'un axe de réflexion (5mm) / génération d'idées individuelles et par écrit (7mn) / génération d'idées en groupe (7mm) ». Une variante a été adoptée pour les brainstormings sur le sujet de La Poste avec la réalisation d'une phase collective unique et plus longue (20 mm) à la fin de la réunion.

Les conditions de l'animation

Afin de contrôler l'effet d'ordre, chaque équipe réalisait d'abord le brainstorming sur le sujet interne. Afin de limiter l'effet de lassitude, les brainstormings étaient séparés d'une semaine. Afin de contrôler au maximum les conditions externes, les brainstormings d'une même équipe se déroulaient à un même horaire et ont été animé par une même personne. Les brainstormings sur le sujet La Poste ont duré 1h35 et les brainstormings sur le sujet Bouygues Telecom ont duré 1h45.

Tableaux 3: Comparaison des conditions et du déroulement des brainstormings sur le sujet de La Poste.

Tableaux 4: Comparaison des conditions et du déroulement des brainstormings sur le sujet de Bouygues Telecom.

La sélection des idées

La rationalité de la sélection des idées par les participants à un brainstorming a été fortement mise ne doute par Nijstad en 2006. Dans une étude empirique, il compare la sélection des idées réalisée par 136 personnes (ayant participé au brainstorming) à la sélection réalisée par une personne extérieure avec l'aide d'une grille de notation détaillée. « La différence non significative de la qualité des idées générées et des idées sélectionnées [par les participants au brainstorming] suggère que la sélection des participants n'est pas meilleure que le hasard. Ce résultat est d'ailleurs cohérent avec ceux de Simonton (2003) dans son analyse de la créativité dans la science et la littérature. Simonton rapporte que les personnes ne sont pas efficaces à reconnaître leurs meilleures idées et que cela n'améliore pas le déroulement de leur carrière ». Afin de limiter l'impact de la subjectivité des sélectionneurs, nous avons organisé la phase de sélection en demandant de remplir une grille de notation et nous avons confié la sélection à plusieurs personnes.

Les sélectionneurs étaient des managers internes (Trois managers pour le sujet Bouygues Telecom et un pour le sujet La Poste) et un expert indépendant (Un consultant en innovation pour les deux sujets). Chaque sélectionneur disposait de la liste des idées (idées internes et idées externes mélangées, sans signe de distinction). Pour chaque idée, il était demandé d'attribuer une note de 1 à 4 sur trois critères - l'originalité, l'attractivité et la faisabilité - et une note globale (Voir questionnaire de sélection en annexe 4) ainsi que de sélectionner les cinq idées qui étaient, selon le sélectionneur, les plus intéressantes pour l'entreprise. Afin de faciliter ce travail, les idées étaient classées par thème, correspondant aux différents axes de réflexion.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius