4. Facteurs favorisant la motivation intrinsèque
Amabile (1988) souligne que la motivation intrinsèque
est un facteur particulièrement important car il dépend fortement
de l'environnement de travail. Il s'agit donc d'un levier sur lequel les
managers peuvent agir plus facilement, en limitant les freins à la
motivation (fainéantise sociale et anxiété) ou en
favorisant ses principaux moteurs (émulation et sélection de
participants ayant un intérêt pour le sujet).
Limitation de la fainéantise sociale et de
l'anxiété inhibitrice
Parmi les effets négatifs du travail en groupe, il y a
la fainéantise du au sentiment d'évaluation plus réduit de
la performance de chacun. Paulus et Dzindolet (1993) ont suggéré
que les membres d'une session de brainstorming ont tendance à aligner
leur performance vers les niveaux de performance individuelle les plus bas du
groupe. Ce phénomène n'est pas spécifique au travail
créatif. Il a été observé dans d'autres domaines
comme le tir à la corde (Ringlemann, Kravitz et Martin, 1986). Par
ailleurs, certaines personnes peuvent être affectées par une
anxiété inhibitrice liée à ce de ce que les autres
pensent des idées émises (Camacho et Paulus, 1995). Un management
encourageant l'implication individuelle contribuera a limiter l'effet
négatif de ces deux facteurs.
Effet positif de l'émulation
Cependant les auteurs insistent majoritairement sur les effets
positifs de l'émulation dans un groupe. Diehl et Munkes (2003) ont
réalisé une expérience qui suggère que la
présence d'un deuxième participant crée un effet positif
sur la performance, même si le co-équipier a une performance
inférieure. Plusieurs expériences ont par ailleurs montré
qu`il est possible de créer un effet d'émulation positive par des
moyens simples. Par exemple, la performance est accrue quand les brainstormers
doivent fournir un feedback à propos de la performance du groupe ou de
leur performance individuelle (Coskun, 2000). La performance moyenne des
participants peut aussi être accrue si une personne nouvelle arrive en
cours de brainstorming dans le groupe (Choi, 2005). Dans une veine similaire,
si les participants sont informés qu'un autre groupe a
généré beaucoup d'idées sur le même sujet,
ils ont tendance à augmenter leur production d'idées (Paulus et
Dzindolet, 1993). De même, un étudiant est plus créatif si
il est informé que les idées émises comme stimuli sur son
ordinateur ont été générées par un autre
étudiant et non par un programme informatique (Legett Dugosh, Paulus,
2004). Enfin, un autre indice qui vient confirmer le rôle fortement
positif de l'émulation est l'étude réalisée par
Goncalo montrant qu'un groupe composé de personnes individualistes est
plus créatif qu'un groupe composé de personnes collectivistes
(Goncalo, 2006).
Effet positif de la cohésion
Plusieurs auteurs soulignent le fait qu'il est important que
les membres du groupe aient un regard positif les uns sur les autres. Cela va
créer un désir de partager et d'écouter attentivement
leurs points de vue (Taggar, 2002 ; Paulus et Van der Zee, 2004). Un des
moyens d'accomplir cette cohésion est de revendiquer des valeurs et des
identités communes (Mannix et Neale, 2005 ; Anderson, 1994). Quoi
qu'il en soit, les groupes composés de membres qui ont une attitude
positive les uns par rapport aux autres sont plus créatifs car cette
attitude les rend plus à l'aise et plus motivés pour interagir
(Nakui et Paulus, 2007).
Effet positif du jeu
Beaucoup de consultants considèrent que le jeu est un
facteur essentiel de la motivation, indispensable pour être
créatif (Anderson, 1994 ; Chalamel, 2004). « En bref, le
processus du jeu nous donne l'énergie et la créativité. Il
implique la totalité de l'être, au lieu de nous reléguer au
rôle d'automate. Il nourrit notre compétence en nous donnant
l'excitation d'un risque sans conséquence, d'un challenge au lieu d'une
menace. Comme Carl Young le remarquait, « sans le jeu, aucun travail
créatif ne serait jamais né. Ce que nous devons au jeu est
incalculable » (Anderson, 1994).
Intérêt pour le sujet
Un variable qui découle du poids de la motivation
intrinsèque dans le modèle d'Amabile (1988) est
l'intérêt des participants pour le sujet du brainstorming. Il est
très vraisemblable que la performance créative du groupe
dépende fortement de l'intérêt que les participants portent
au sujet du brainstorming. Aucune étude sur ce facteur n'a cependant
été identifiée.
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