2- Procédure d'octroi de crédit
La procédure d'octroi de crédit
à PAPME peut être restituée à travers les cinq (05)
étapes suivantes :
Etape I : L'information
Les potentiels clients promoteurs d'entreprise
ou d'établissement ou exerçant une AGR assistent à une
séance d'information animée par un CCC généralement
en dialectes locaux.
Au cours de cette séance, le CCC informe
les potentiels clients sur les conditions d'octroi de crédit et
répond aux éventuelles préoccupations de ceux-ci. A cet
effet, tous les CCC disposent d'un même bureau pour ladite séance.
Ce qui dénote de l'insuffisance de locaux pour les
CCC.
Etape II : Enregistrement de la
demande
A ce niveau, le Chargé des
Formalités (CF) intervient pour aider le client à remplir le
formulaire de demande (annexe 3) de crédit et à passer à
l'ouverture sans frais de dossier. Cela témoigne de la
gratuité d'ouverture de dossier.
Etape III : Traitement du
dossier
Outre ces deux (02) étapes
exposées ci-dessus, l'Agence passe à l'étude de dossier
des demandeurs de crédit. Nous avons fait le constat que bon nombre de
clients ne tiennent pas une comptabilité digne du nom ou parfois pas du
tout, ce qui empêche l'étude complète et rigoureuse des
dossiers de crédit.
Ainsi, nous pouvons déduire qu'il y a une
non tenue de comptabilité régulière et fiable par
la majorité des clients.
Le CCC traite et monte son
dossier (visite de l'entreprise, entretien avec le client, visite de la
garantie, enquête de moralité) et décide de la fermeture,
de l'attente ou de la finalisation du dossier au Chef Bureau (CB). Ce dernier
procède à son tour à une analyse de dossier
(contre-visite) et prend par la suite la décision de fermeture,
d'attente ou de finalisation du dossier. Il est donc aisé de constater
qu'il y a une procédure de visite et de contre-visite de terrain
pour la validation d'un dossier.
On distingue à cet effet trois (03)
niveaux de contrôle des dossiers à finaliser :
- le CCC : il est le premier responsable des dossiers et
veille à ce que les conditions d'éligibilité des clients
soient réunies à travers les dossiers à
finaliser ;
- le CB : il valide la décision du CCC et signe la
fiche individuelle de crédit (annexe 4) et singulièrement tous
les dossiers à finaliser pour financement ;
- le Directeur des Risques et Engagements : il valide les
dossiers à finaliser dont les montants sont supérieurs à
2.000.000 F CFA. Il doit aussi vérifier systématiquement la
qualité des dossiers constitués et prêts à
être soumis à l'appréciation du comité de
crédit.
Etape IV : Constitution des dossiers
administratifs
Les clients sont informés au niveau de
chaque Bureau de la décision prise par le CCC (rejet, mise en attente
pour complément). Cette activité est exécutée par
les CCC sous la responsabilité du CB.
Le chargé des formalités
reçoit du CB les dossiers des clients, la copie de la fiche individuelle
plus les divers imprimés (contrat, fiche
d'évaluation des garanties : annexe
5) pour la formalisation de la garantie. A cet effet, on
distingue trois (03) types de garanties à PAPME :
Ø les garanties non
matérielles : elles consistent en une enquête de
moralité concluante et une étude du risque lié à
l'activité exercée par le client. Cela permet d'évaluer la
qualité de l'entrepreneur, la rentabilité et la viabilité
de l'entreprise financée ;
Ø les garanties
financières : la décision d'octroi de crédit
au client implique la constitution par ce dernier de trois (03) types de
garanties financières à savoir : les fonds de garantie,
l'épargne entrepreneur, la garantie décès.
i. Les fonds de garantie
Ils sont versés intégralement
avant le déboursement du crédit dans les caisses de l'Agence.
Leur montant est de 10% du montant du crédit accordé.
ii.
L'épargne-entrepreneur
En dehors du dépôt de garantie
demandé aux clients, l'Agence PAPME exige la constitution progressive
d'une épargne qui leur permet de renforcer leurs sûretés
réelles. Ce dépôt est égal à 10% du montant
total de crédit répartit sur les différents
remboursements.
iii. La garantie
décès
Pour se prémunir contre les risques
d'insolvabilité liés au décès, l'Agence a mis en
place une mutuelle d'assurance décès alimentée par une
prime des crédits accordés aux clients.
En cas de décès, le montant
correspondant à l'encours de crédit dû par le client est
prélevé dans la caisse d'assurance ;
Ø les garanties
matérielles : ce sont des biens affectés en
garantie d'une dette. Ils peuvent appartenir au débiteur lui-même
ou à un tiers. Dans ce cas, le code civil parle de cautionnement
réel. Il existe quatre (04) catégories de
garanties matérielles : le gage sur
véhicule, l'hypothèque, la cession d'immeuble ou de parcelle et
le cautionnement.
i. Le gage sur véhicule
Ici, il est demandé au
client d'aller inscrire le gage de son véhicule à la Direction
des Transports Terrestres (DTT) avec sa carte grise. Il faut noter qu'il s'agit
d'un véhicule assuré et ayant régulièrement
effectué des visites techniques ; l'assurance du véhicule
doit nécessairement couvrir le délai de validité du
crédit octroyé.
ii. L'hypothèque
C'est un contrat par lequel le
débiteur donne à son créancier un immeuble pour garantie
de remboursement de sa dette. C'est un acte authentique passé chez le
notaire et qui doit faire l'objet d'une publicité au bureau de la
conservation des hypothèques. Lorsque le montant du crédit est
supérieur ou égal à 2.000.000 F.CFA, l'Agence exige le
relèvement de la garantie par le notaire. On relève donc
l'implication d'un notaire pour tout crédit dont le montant est
supérieur ou égal à 2.000.000 FCFA.
L'hypothèque apparaît ainsi comme l'une des garanties les plus
rassurantes pourvu qu'elle porte sur un immeuble convenablement
assuré.
iii. La cession d'immeuble ou de
parcelle
En ce qui concerne les garanties immeuble ou parcelle
objet de permis d'habiter, ou ayant des conventions de vente, l'Agence PAPME a
signé un accord avec les hôtels de ville pour les
formalités de vente non définitive en son nom. Dans la
réalité, les promoteurs sont envoyés dans les mairies des
localités abritant les garanties où ils procèdent à
la cession au nom de l'Agence PAPME.
iv. Les sûretés
personnelles : le cautionnement
Le cautionnement est un contrat par lequel la
caution s'engage envers le créancier qui accepte, à
exécuter l'obligation du débiteur si celui-ci n'y satisfait pas
lui-même. Le mot caution sert donc à désigner le tiers
garant. Toute personne juridiquement capable peut se porter caution d'une
tierce personne, en acceptant de signer un contrat écrit avec mention
exprimant la connaissance exacte de l'obligation contractée.
Le CF, après avoir fourni des
explications sur les formalités à remplir, les divers frais
à verser (les frais d'étude de dossier qui
s'élèvent à 1% du montant du crédit accordé
à prélever lors du déblocage, les fonds de garantie
conformément au type de crédit, les frais d'assurance) avant le
déblocage des fonds, remet au client qui, accepte les conditions des
divers imprimés pour signature et légalisation. Il reçoit
les imprimés après les formalités administratives et les
transmet à la direction.
Lorsque les formalités de garantie sont
faites par les notaires, ces deniers envoient directement les documents
(minute) à la direction. Le Directeur des Affaires Juridiques et
Contentieux les contrôle et les fait signer par le Directeur
Général. Une fois l'acte signé, le notaire peut envoyer
l'attestation ou la grosse à la direction. Ces attestations sont
contrôlées par le Directeur des Affaires Juridiques et Contentieux
avant d'être envoyées au Bureau. Les documents qui constituent la
garantie sont ensuite rangés par le CF dans une cantine en vrac dans
son bureau, laquelle cantine est fermée à l'aide d'un cadenas.
Ceci témoigne donc de l'archivage non approprié des
documents.
Etape V : Le déblocage
Le CB ayant fini les contrôles utiles sur
les dossiers prêts à être débloqués
(remplissage des dossiers de contrôle) et surtout après avoir
reçu l'avis définitif du Directeur des Affaires
Financières sur l'état des dossiers, procède au
déblocage. Les clients sont débloqués les 5, 10, 20 de
chaque mois. Il est à souligner à ce niveau que ces
différentes dates ne sont pas
toujours respectées. On remarque alors à ce
niveau un retard des fonds lors du déblocage.
Le Chargé des
Opérations de Crédit et d'Epargne (COCE), après un atelier
de sensibilisation sur le respect des échéances et d'informations
sur les remboursements, fait signer au client des échéanciers
qu'il établit à son niveau et procède au virement dans le
compte de ce dernier. Il est donc aisé de constater que l'Agence
procède à une organisation des séances de
sensibilisation à l'endroit des clients.
Le client ne peut effectivement
retirer les fonds qu'après 24 heures sauf s'il vient de loin. Au regard
de ces cinq étapes citées ci-dessus, on peut dire qu'il y a
une longue procédure d'octroi de crédit.
Le COCE saisit les données du
déblocage à l'informatique en vue de la production des
états :
- des dossiers déboursés (état des
encours, état des crédits débloqués) ;
- des fonds liés au déblocage (fonds de
garantie, frais de dossier, garanties) ;
- des dossiers renouvelés ;
- de synthèse liée aux déblocages et
également produit par le CB à la fin de chaque mois.
Etape VI : Le suivi des crédits
déboursés
Le CCC, durant le mois ayant suivi
immédiatement celui du déblocage visite le client pour
vérifier si le crédit octroyé a été
effectivement utilisé pour l'activité pour laquelle il avait
été sollicité. Les informations relatives à cette
visite sont consignées sur une fiche de suivi (annexe 6) un mois
après le déblocage. Ces différentes étapes font
remarquer l'existence d'une procédure formelle de
crédit.
Dans le cas où le crédit n'aurait
pas été utilisé comme prévu, le CCC appuyé
par le CB doit prendre des mesures rigoureuses pour obliger le client à
investir le crédit conformément au plan ou à rembourser
immédiatement l'intégralité du crédit. Cette
remarque témoigne du suivi des encours de
crédit.
Etape VII : Remboursement des fonds
Le remboursement des crédits a lieu
quotidiennement au niveau de la Caisse. A cet effet, le COCE produit tous les
documents liés aux remboursements des clients. Pour ce, il produit tous
les jours au CB :
- l'état des remboursements attendus ;
- l'état des impayés.
A ce niveau, nous avons pu constater qu'il y a
un montant élevé des impayés.
D- L'activité
d'épargne
La collecte de l'épargne constitue un outil de
mobilisation des ressources locales dans le cadre des activités de
financement des PME/PMI et organisations paysannes au BENIN.
A cet effet, PAPME offre trois (03) types d'épargne
à savoir :
v Le dépôt à vue (DAV)
rémunéré : c'est un produit que toute
personne physique ou morale quel que soit le secteur d'activités peut
obtenir en ouvrant un compte à vue. Il a pour objet la
sécurisation des économies constituées par les clients, la
réalisation des projets futurs, l'épargne pour l'accès au
crédit. Les frais d'ouverture de ce compte s'élèvent
à 5000 FCFA donnant droit à une carte de client, un carnet de bon
de paiement (50 feuillets). Le dépôt minimum est libre. Le DAV
est rémunéré au taux de 4% l'an sur une
durée illimitée avec une date de valeur d'un (01) mois ;
v Le dépôt à terme
(DAT) : c'est un compte nominatif spécial sur lequel l'on
dépose des fonds bloqués pendant un temps au profit de
l'institution en échange d'intérêt. Il a pour objet la
réalisation des projets futurs et la fructification des économies
des déposants. Les frais d'ouverture d'un DAT s'élèvent
à 5000 F.CFA donnant droit à un compte à vue et à
une carte client. Le dépôt minimum est de 50.000 FCFA. Le taux de
rémunération du DAT est de 4% l'an. Le mode de paiement est
trimestriel et la durée est de trois (03) mois ;
v Le plan épargne projet (PEP) :
c'est un compte ouvert par toute personne physique ou morale quel que soit le
secteur d'activités. Le PEP aide à la scolarité des
enfants, la construction de logement, la réalisation
d'évènements (mariage, baptême, libération). Les
frais d'ouverture d'un tel compte s'élèvent à 5.000 FCFA
donnant droit à l'ouverture d'un DAV et une carte de client. Le
dépôt minimum du PEP dépend de la capacité du client
mais le minimum mensuel est fixé à 5.000 FCFA. Il est
rémunéré au taux de 2% l'an.
Le PEP est une opération à deux
(02) temps :
§ la phase de constitution de l'épargne ;
§ la phase d'utilisation de l'épargne
constituée.
Au regard de ces taux de
rémunération de l'épargne, nous pouvons affirmer que les
conditions de rémunération des comptes sont en
général bonnes pour une IMF. De ce fait, on peut dire qu'il y a
une rémunération équitable des comptes ouverts
à PAPME.
1- Procédure de collecte
d'épargne
Les conditions d'accès aux produits
d'épargne se trouvent en annexe 7
a-
L'information
Elle est toute simple et se fait par le CF
qui explique aux clients potentiels les différents produits
d'épargne commercialisés par l'Agence.
b- L'enregistrement de la
demande
Il se fait uniquement suite à la
volonté manifeste du client potentiel d'épargner. Le CF lui
fournit des informations et l'oriente vers le CB qui signe le contrat du DAT.
Le contrat signé est envoyé au Directeur des Affaires
Financières qui le classe après l'avoir contrôlé. Il
envoie le carnet et le contrat à la Caisse de l'Agence et demande
à l'épargnant de se présenter pour le versement.
c- Constitution des dossiers
d'ouverture de compte
Ici, il est demandé au client de
rassembler les pièces nécessaires à l'ouverture de compte.
Une fois les pièces réunies, le CB procède à leur
vérification (contrôle) et autorise la poursuite du
processus d'ouverture effective du compte.
Les étapes d'ouverture du compte
sont :
- l'ouverture des comptes dans le logiciel par le
COCE ;
- l'établissement du livret d'épargne ;
- le remplissage du spécimen de signature (annexe
8) ;
- l'établissement de la fiche de compte.
d- Constitution et remboursement de
l'épargne
Le client se présente au guichet de
l'Agence et verse les fonds à la caissière qui les positionne sur
le compte de ce dernier.
Quant au remboursement, il varie selon le type
de compte ouvert et s'effectue lorsque le souscripteur manifeste le
désir de se faire rembourser.
Notons que le remboursement se fait à
l'échéance et en cas de retrait anticipé, le client est
tenu de verser des agios à l'Agence.
Dans le cas du compte à vue, le
souscripteur se présente directement à la Caisse et effectue le
retrait à partir d'une fiche qu'il reçoit au guichet.
L'opération ainsi effectuée est enregistrée dans les
livrets d'épargne du client et sur la fiche de compte communément
appelée carton.
Pour les autres types de dépôt, le
souscripteur se présente au CB pour exprimer son besoin. Ce dernier, sur
la base du dossier de l'épargnant prépare le remboursement en
déterminant le montant à rembourser. Il doit tenir compte des
délais et surtout des cas de pénalités. Il établit
ensuite un avis de crédit qui lui permet de positionner le montant total
à rembourser sur le compte de dépôt à vue de
l'épargnant.
L'avis de crédit précise le
délai de la composition du montant afin de faciliter le traitement
comptable par la suite. Il doit être accompagné d'un document qui
a permis de faire les calculs.
L'épargnant est dès lors
invité à retirer au guichet la copie de l'avis de crédit.
Il peut, à partir de cet instant demander un retrait normal à la
Caisse sur son compte à vue pour tout ou partie du montant qui lui a
été remboursé.
L'épargnant ne peut retirer effectivement
ses fonds que 24 heures après l'inscription du montant sur son compte
à vue.
E- Organisation interne de
PAPME
En ce qui concerne l'organisation interne de
PAPME, précisons qu'environ 10.000 clients emprunteurs sont
gérés chaque année par le service crédit de PAPME,
ce qui constitue un portefeuille de clients non négligeable par CCC. Ces
derniers ne disposent à cet effet que de deux (02) postes
informatiques qui ne répondent toujours pas aux
attentes des chargés, ce qui témoigne du manque de
matériels informatiques, mobiliers de bureau et vétusté de
ceux existants.
II- Inventaire des éléments des
états des lieux
Dans cette rubrique, nous allons regrouper d'une
part les atouts, et d'autre part les problèmes recensés à
l'Agence PAPME.
A- Inventaire des atouts
Au cours de notre stage à l'Agence PAPME,
nous pouvons donc dire que cette dernière dispose d'atouts majeurs dont
entre autres :
- la rémunération équitable des comptes
ouverts à PAPME ;
- l'existence d'une procédure formelle de
crédit ;
- l'organisation des séances de sensibilisation
à l'endroit des clients ;
- la gratuité d'ouverture de dossier ;
- la visite et contre-visite de terrain pour valider le
dossier ;
- l'implication d'un notaire pour tout crédit dont le
montant est supérieur ou égal à 2.000.000 FCFA ;
- le suivi des encours de crédit ;
B- Inventaire des
faiblesses
Nous avons pu identifier sept (07)
problèmes au cours de notre stage :
- l'insuffisance de locaux pour les chargés à la
clientèle crédit;
- le manque de matériels informatiques, mobiliers de
bureau et vétusté de ceux existants ;
- l'archivage non approprié des documents notamment des
garanties ;
- la longue procédure d'octroi de
crédit ;
- le retard des fonds lors du déblocage ;
- le montant élevé des impayés ;
- la non tenue d'une comptabilité
régulière et fiable par la majorité des clients.
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