Médicaments achetés, remboursés et non utilisés en France : Aperçu d'un gaspillage( Télécharger le fichier original )par Fatiha Nousseir Faculté de médecine LARIBOISIERE à PARIS - Master II AGES 2005 |
3. Une prescription parfois inutileSelon les données du régime général de l'assurance maladie12(*), diverses molécules dont la commission de transparence avait jugé le service médical rendu (SMR) insuffisant figuraient encore en bonne place parmi les molécules les plus prescrites. C'est ainsi que 21 médicaments de faible intérêt thérapeutique représentaient, en 2002, 16,6 % des unités prescrites et contribuaient pour 128,9 millions aux dépenses de l'assurance maladie. 4. Une prescription dans quelques cas dangereuseLes exemples ci-dessous témoignent des risques que des prescriptions excessives font courir aux malades. a) Associations dangereusesUne étude des services médicaux de l'assurance maladie menée dans la France entière13(*) a montré en 2003 que, sur 300 millions de délivrances remboursées, 58 823 (soit presque 2 pour dix mille) comportaient au moins l'une des onze associations médicamenteuses formellement contre indiquées (AFCI) et potentiellement mortelles. Ces délivrances correspondaient à 38 402 patients. 88 % des médecins ayant prescrit ces AFCI étaient des médecins généralistes. b) Risques médicamenteux chez la femme enceinteUne étude menée dans le département de l'Aube14(*) a montré que, parmi les 1313 femmes enceintes ayant eu une prescription de médicament au cours de l'année, celui-ci était explicitement contre-indiqué dans 5,6 % des cas : dans 1,7 % des cas, il s'agissait d'une contre-indication absolue (tétracycline, AINS), dans 3,9 % des cas, d'une contre-indication relative (aminoside surtout). c) AntiacnéiquesLa prescription d'isotrétinoïne est soumise à restriction, par suite de risques tératogènes chez la femme enceinte et de complications hépatiques sévères. Néanmoins, une étude menée dans la région Nord Pas-de-Calais15(*) en 1997 et 1998, à la suite de résultats de même nature en région Ile-de-France (1995) et en Rhône-Alpes (1996), a confirmé que les précautions minimales (vérification de l'absence de grossesse en cours, mise en route d'une contraception) n'étaient pas prises dans un cas sur trois lors de la première prescription. d) AnticoagulantsUne enquête nationale menée en 1998 par les centres régionaux de pharmacovigilance a montré que 13 % des hospitalisations pour « effets indésirables médicamenteux » (soit 17.000 hospitalisations par an) étaient liées à une hémorragie survenue sous traitement anticoagulant. Pour être efficace, un traitement par antivitamine K doit aboutir à un allongement du temps de coagulation par rapport à la normale, compris entre une certaine fourchette (INR compris entre 2 et 3) pendant une proportion notable du temps, devant être supérieure à 70 %. Or, une enquête menée par l'assurance maladie dans le Limousin en 2001 a montré que les deux tiers des patients avaient passé moins de 70 % du temps en zone thérapeutique, 58 % avec une anticoagulation insuffisante et 72 % avec une anticoagulation excessive, et même dangereuse (INR > 5 ; risque hémorragique) pour plus de 22 % des patients. * 12 MEDIC'AM. Juillet 2003. « Les médicaments remboursés par le régime général de l'assurance maladie au cours des années 200& et 2002 » p 102. * 13 CNAMTS. Janvier 2003. « Onze associations médicamenteuses formellement contre indiquées. Situation en 2000 » * 14 Rev.Med. Assurance Maladie. Vol 32 n° 1. Janvier 2001 * 15 CNAMTS Faits marquants Edition 2001 |
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