TROISIEME PARTIE
LES CONSEQUENCES DE LA MODIFICATION DE LA QUALITE DES
EAUX ET ESQUISSE DE SOLUTIONS
Cette dernière partie porte sur l'étude des
conséquences de la modification de la qualité des eaux sur la vie
des populations et sur l'environnement. Elle est également
consacrée à l'esquisse de solutions pour résoudre ce
problème.
CHAPITRE I
LES CONSEQUENCES
L'eau douce est devenue rare et n'est présente qu'avec
l'ouverture du barrage de Diama. Cependant c'est avec l'arrivée des
ondes de crue que la présence de ces eaux douces commence à se
faire ressentir. Ceci s'explique par le fait que les eaux marines, par leur
durée dans le milieu (7 à 8 mois), ne peuvent être
diluées que par une quantité importante d'eau douce. Les
conséquences sur la vie des populations sont nombreuses. Il s'agit en
premier lieu des difficultés d'approvisionnement en eau douce pour les
besoins de l'alimentation domestique et du maraîchage ; puis les
conséquences néfastes sur l'environnement avec une forte
mortalité de certaines espèces végétales et une
reprise de l'exploitation du sel due à une augmentation du taux de
salinité.
I / LES DIFFICULTES D'APPROVISIONNEMENT EN EAU DOUCE
C'est l'une des plus grandes contraintes des populations du
Gandiolais, surtout celles riveraines du fleuve ou résidant dans les
îlots de l'estuaire. Il s'agit d'un véritable problème pour
ces populations de trouver de l'eau douce pour leurs besoins domestiques et
agricoles.
1 / Pour les besoins de l'alimentation
domestique
Les populations recourent à différentes
méthodes afin de satisfaire leurs besoins en eau pour l'alimentation
domestique. Pour certains villages leur besoin en alimentation domestique est
satisfait par des forages. Il s'agit des localités situées plus
au sud (Tougue Peulh, Tassinère, Mouit, Mboumbaye...) qui sont
desservies par le forage de la Communauté Rurale Ndiock Sall du
Département de Louga. D'autres villages localisés plus à
l'est (Ndiakher, Ngaye Ngaye, Békhar, Diama Toubé et Ngaye Ngaye
Peulh) s'approvisionnent par un forage implanté à Ndiakher. La
Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul est aussi branchée
à ce forage.
Ngaina Lébou et Gueumbeul situés sur la route du
Gandiolais sont eux desservis par les citernes du Service Régional de
l'Hydraulique de Saint-Louis. L'eau est ensuite déversée dans des
réservoirs spécialement prévus à cet effet. Selon
le gestionnaire du réservoir de Ngaina Lébou chaque semaine ils
font deux (2) commandes de citernes d'eau de onze (11) mètres cube (m3)
chacune. Ce qui leur revient à trente quatre mille (34 000) francs CFA.
Ce
sont aussi eux qui payent à quinze mille (15 000)
francs CFA le carburant de la citerne qui leur sert l'eau. Ils sont donc
obligés de vendre la bassine d'eau à soixante (60) francs pour
faire des bénéfices qui serviront plus tard de frais de
carburant.
Par contre les villages, localisés dans les îlots
de l'estuaire usent de méthodes très difficiles pour trouver de
l'eau. Pendant les périodes de hautes eaux fluviales les populations
s'alimentent directement sur le fleuve et remplissent en même temps leurs
réservoirs à partir du fleuve. C'est avec ces réserves
qu'elles s'alimentent pendant une bonne partie de la saison sèche. Au
début de la saison sèche elles creusent des céans sur les
rivages du fleuve pour avoir de l'eau ; puis elles utilisent les
réserves d'eau. Mais au fil des mois avec, la présence des eaux
de l'océan dans l'estuaire, l'eau devient salée. Mais depuis que
la brèche est ouverte les disponibilités en eau douce se sont
réduites entraînant du même coût l'abandon de cette
technique.
Actuellement pour leur approvisionnement en eau
destinée à l'utilisation domestique les populations de Doune Baba
Dièye partent à Saint-Louis ou à Tassinère
situé plus au sud. L'approvisionnement se fait par voie fluviale et il
nécessite, selon Monsieur Diagne chef du village, cinq (5 000) mille
francs de carburant par voyage. Une pirogue peut contenir jusqu'à trente
(30) bidons de vingt (20) chacun. A Saint-Louis elles achètent le bidon
à vingt cinq (25) francs ; et vingt (20) francs à
Tassinère.
Dieule Mbame et Mbambara disposent aussi de réservoirs
qu'ils remplissent avec l'eau du fleuve en périodes de hautes eaux. Mais
depuis 2003 avec l'ouverture de la brèche ils rencontrent les
mêmes difficultés que Doune Baba Dièye. C'est pourquoi
leurs habitants rappliquent vers le village de Bountou Ndour situé sur
la route du Gandiolais pour trouver de l'eau destinée à
l'alimentation domestique. Ce village, raccordé au réseau de la
SDE de Saint-Louis, se trouve à deux (2) voire trois (3)
kilomètres du premier village Mbambara. Vue la distance assez
éloignée et le mauvais état de la piste, qui est
sectionnée par le petit bras du fleuve, les populations des deux (2)
villages font certaines de leurs tâches domestiques (linge, lavage des
ustensiles de cuisine) à Bountou Ndour avant de s'approvisionner en eau.
Cet approvisionnement est le plus souvent effectué à pied par les
femmes, bassine d'eau ou bidon à la tête. Car l'état de la
piste ne permet pas aux charrettes de passer.
2 / Pour les besoins agricoles
Le maraîchage est la principale activité agricole
des populations du Gandiolais. Mais ce maraîchage n'est pratiquement plus
pratiqué. Avant l'ouverture du canal de délestage, cette
activité se faisait avec les céanes et sous forme de culture de
décrue sur les rivages du fleuve. Aujourd'hui ces activités
tournent au ralenti. Ceci est lié à la salinisation des eaux de
plus en plus élevée et de sa longue durée de
présence. Les enquêtes effectuées auprès des
populations ont révélé qu'avant l'érection du
barrage à Diama elles disposaient d'au moins de dix (10) mois de
présence des eaux douces dans les puits et céanes;
après la mise place du barrage cette durée s'est réduite
à trois (3) quatre (4) mois. Mais l'ouverture de la brèche a
empiré la situation avec seulement un (1) à deux (2) mois pour
pratiquer le maraîchage. Actuellement il n'est pratiqué qu'au
niveau du village de Keur Barka prés de Bountou Ndour. Cette pratique
est rendue possible par la présence de l'exutoire de la station
d'épuration des eaux usées de Saint-Louis qui alimentent la nappe
phréatique et la rende douce. Les maraîchers puisent directement
ces eaux au niveau des céanes pour l'arrosage.
3 / conséquences sur la santé des
populations
Nous n'avons pas fait des enquêtes auprès des
services de santé pour déterminer les franges de la
population qui pâtissent le plus de ce manque d'eau douce. Par contre
nous nous sommes seulement limités sur les affirmations des populations.
Lesquelles populations ont révélé que, du point de vue
santé, se sont les femmes et les enfants qui pâtissent le plus de
ce manque d'eau douce. Aussi les villages les plus atteints sont ceux des
îlots de l'estuaire à savoir Doune Baba Dièye, Dieule Mbame
et Mbambara.
Pour les femmes les principaux problèmes de
santé tournent autour de la fatigue car ce sont elles qui font des
kilomètres à pied pour aller chercher de l'eau. D'après
certaines d'entre elles la plupart des cas d'avortement sont liés
à des travaux pour trouver de l'eau.
Les enfants eux souffrent plutôt des maladies gastriques
comme la diarrhée et la dysenterie. Ces maladies surviennent quand ils
consomment directement l'eau du fleuve ou de l'eau des puits ayant une certaine
teneur de sel.
Enfin la consommation des produits maraîchers
originaires de Keur Barka peut entraîner des maladies. Les
maraîchers de ce village utilisent les eaux usées non
traitées de Saint-Louis pour l'arrosage. Ces produits doivent faire
l'objet d'un bon nettoyage avant la consommation.
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