II / : LE CANAL DE DELESTAGE
Construit à la hâte en octobre 2003 pour
«sauver» Saint-Louis des inondations, le canal de délestage de
la Langue de Barbarie fait craindre tous les dangers. La Langue de Barbarie est
une bande de sable longue d'une trentaine de kilomètres et large d'une
centaine de mètres, qui sépare le fleuve de l'océan. La
zone abrite des campements touristiques, une réserve naturelle où
viennent nicher une multitude d'oiseaux et de tortues marines.
La brèche, qui à l'origine faisait cent (100)
mètres de long sur quatre (4) mètres de large et un mètre
cinquante de profondeur (1.5) mètres, ne cesse aujourd'hui de
s'élargir vers le sud et menace de faire disparaître les
îlots sablonneux abritant une dizaine de petits villages de
pêcheurs (Doune Baba Dièye, Mbambara, Dieule Mbame...).
Au plan hydrologique le canal a accentué la
salinisation des eaux aussi bien superficielles que souterraines. Avant son
ouverture, la remontée de la langue salée se faisait à
partir de l'ancienne embouchure qui se localise à environ trente (30)
kilomètres vers le sud, à Potou dans la Région de Louga.
Maintenant cette brèche s'est constituée en une nouvelle
embouchure, les eaux marines rejoignent aisément l'estuaire car
étant située à sept (7) kilomètres au sud de
Saint-Louis. La brèche a encore réduit la longueur de l'estuaire.
Il s'étend désormais entre cette embouchure artificielle et le
barrage. La dynamique de l'océan se fait de plus en plus sentir avec une
forte pression des vagues déversant des quantités d'eau
importantes au niveau de l'estuaire. Ces eaux salées sont
confinées dans cet espace et agissent fortement sur les eaux douces.
D'après les populations de la localité, la salinisation a
augmenté et a même atteint des zones jusque là
épargnées. Aussi disent-elles la durée de
présence des eaux salées s'est accrue augmentant
du coût le taux de salinité. La mesure du taux de salinité
des eaux, le 17 juillet 2005, a donné les résultats
suivants :
Tableau 4 Taux de salinité dans
certaines localités du Gandiolais Source : El H. I.
THIAM
Localités
|
Lieu de mesure/profondeur
|
Taux de salinité en g/l
|
Gueumbeul
|
céane (1 m)
|
2.2
|
Puits (4 m)
|
2.4
|
Cuvette de Gueumbeul
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Pont Bountou Baat
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39.6
|
Mboumbaye
|
céane (2 m)
|
7
|
Mouit
|
Céane (2 m)
|
1.9
|
Ngaina Lébou
|
céane (1 m)
|
3.8
|
Tougue Peulh
|
Céane (2 m)
|
22.7
|
Les différents aménagements sur le fleuve
constituent les facteurs d'aggravation du manque d'eau douce. Le barrage de
Diama a pour sa part réduit les volumes d'eau écoulés au
niveau du Gandiolais à travers ses différentes phases de
fermeture. L'action du barrage sur les eaux douces est renforcée par
l'ouverture de la brèche sur la Langue de Barbarie qui a augmenté
l'action de la dynamique marine sur le milieu et par conséquent la
modification de la qualité des eaux douces quasi inexistantes.
Photo 1 Le Barrage de Diama à
l'ouverture des vannes cliché : El
H. I. THIAM août 2005
Photo 2 Pont-barrage de Mboubène
sur l'entrée de la Réserve d'eau de Bango
cliché : El H. I. THIAM août 2005
Photo 3 Pont-barrage de Ndiawdoune
à l'entrée de la zone des trois marigots
cliché : El H. I. THIAM août 2005
Photos 4, 5, 6, et 7
Clichés : El H. I. THIAM
août 2005
En haut à gauche : Le canal de
délestage vue de la zone sud
En haut à droite : Erosion de la partie
nord
En bas : Erosion de la partie sud
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