CHAPITRE II
LES FACTEURS ANTHROPIQUES
La réalisation de grands ouvrages hydrauliques
s'accompagne toujours d'effets plus ou moins néfastes liés
à l'utilisation des ressources en eau et à la mise en valeur des
terres agricoles. Au niveau de la zone du Gandiolais les facteurs anthropiques
produisant des effets sur la qualité des eaux sont limités
à l'implantation du barrage de Diama et à l'ouverture de la
brèche sur la Langue de Barbarie. Ces deux (2) aménagements ont
fortement joué sur le fonctionnement hydrologique du Gandiolais en
favorisant la dynamique marine et par conséquent une présence
plus accrue de la salinité.
I / : LE BARRAGE DE DIAMA
Le barrage anti-sel de Diama est érigé à
cinquante (50) kilomètres de l'ancienne embouchure du fleuve
Sénégal. Il est fonctionnel depuis novembre 1985 ; mais les
travaux furent complètement achevés en 1986. Sa construction est
consécutive aux années de sécheresse climatologique et
hydrologique que connaissaient le fleuve et son bassin versant. Ces
sécheresses avaient freiné la mis en valeur agricole des terres
au niveau du delta par la salinité des eaux et des sols.
Ce barrage est constitué d'un évacuateur de
crues qui permet la création d'une retenue d'eau entre les cotes +1.5 et
+2.5 m IGN ; elle est aussi doté d'une écluse de
navigation de cent soixante quinze (175) mètres de long sur treize
(13) mètres de large.
La fonction première de cet ouvrage est d'arrêter
l'avancée de la langue salée dans la vallée. Diama a aussi
entre autres vocations, de créer en amont du barrage un lac artificiel
d'une superficie de 235 km2 et d'une capacité de 250
millions de m3 destinés essentiellement à l'irrigation
de quelques 120 000 ha de terres et d'alimenter le Lac de Guiers en eau
douce (Rapport START 01). Le barrage de Diama, sert aussi à
remédier aux difficultés entraînées par la baisse de
la pluviométrie et la sécheresse, a complètement
bouleversé la dynamique naturelle du fleuve.
Mais vus les faibles débits du fleuve en période
de basses eaux, ce qui équivaut à des cotes inférieurs
à +1.5 m, les vannes du barrage sont fermées pour éviter
la remontée des eaux marines. A cette période l'hydrologie de
l'estuaire est totalement soumise à l'action de la dynamique marine.
Cette période étant très longue, plus de six (6) mois
parfois, les eaux
océaniques s'étalent sur tout l'estuaire
(fleuve et cuvettes de dépression) et par l'infiltration alimentent les
nappes des sables Quaternaires les plus répandues dans le Gandiolais. Ce
phénomène induit une salinisation des eaux superficielles et
souterraines. Les eaux douces sont quasi inexistantes dans la zone surtout pour
les villages riverains du fleuve. Ainsi plus qu'on avance dans le continent
moins la salinisation se fait ressentir.
La construction du barrage a limité la progression des
eaux salées. Celles-ci restaient prisonnières entre l'ancienne
embouchure et le barrage et du coût augmentait leur effet sur la
qualité des eaux. L'étroitesse de l'estuaire a été
très décisive dans l'augmentation de la salinisation du
Gandiolais car avant le barrage les eaux salées ne stagnaient pas et
circulaient librement dans le sens aval amont en période de basses eaux
du fleuve.
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