Niveaux de stress
Par contre, le niveau de stress a été
identifié comme un antécédent important des blessures
sportives. La recherche a examiné la relation entre le stress de la vie
courante et les blessures sportives (Anderson et Williams, 1988).Les mesures de
stress portent sur les changements importants dans la vie tels que la perte
d'un être cher, un déménagement vers une autre ville, un
mariage ou un changement de statut socio-économique. On a aussi
étudié les agents de stress moins importants et les
contrariétés quotidiennes telles que la conduite automobile en
circulation dense. De façon générale, la recherche conclut
que les athlètes qui subissent des niveaux élevés stress
dans leur vie quotidienne sont blessés plus souvent.
Par conséquent, les professionnels du sport et de
l'activité physique devraient s'enquérir des sources de stress
dans la vie de leurs athlètes et, lorsqu'ils observent des niveaux
élevés de stress, adapter leur régime d'entraînement
et fournir un soutien psychologique.
La relation entre le stress et les blessures est complexe. Une
étude portant sur 452 étudiants féminins et masculins
d'écoles secondaires (en basket Ball,,lutte et gymnastique),
examine la relation entre les événements stressants de la vie, le
soutien social et émotif de la famille, des amis et des
entraîneurs, les aptitudes à réagir au stress et le nombre
de jours d' absence en sport à cause de blessures (Smith, Smoll et
Ptacek, 1990). Il n'y a aucune: relation parmi ces facteurs au cours d'une
saison scolaire.
Cependant, le stress de la vie courante est associé aux
blessures sportives chez les sous groupes d'athlètes qui jouissent de
peu de soutien social et ont peu d'aptitude à réagir. Ces
résultats indiquent qu'un athlète court un risque accru de
blessure s'il subit des changements importants dans sa vie sans Jouir d'un
soutien social adéquat et sans avoir la capacité de réagir
efficacement au stress. Physiothérapeutes et entraîneurs doivent
être à l'affût de ces individus à risque. Les
résultats de cette recherche sont en accord avec le modèle
d'Anderson et de Williams qui met l'accent sur l'importance d'examiner la
relation entre le stress et les blessures à la lumière de
facteurs psychologiques multiples.
G. Explication de la relation entre le stress et
les blessures
Il est important de comprendre pourquoi un athlète soumis
à un haut
niveau de stress dans sa vie est plus porté à
être blessé, car il est alors plus
facile de planifier des programmés préventifs de
médecine sportive.
Influence du stress sur la
performance
Le stress influence la performance. Cet impact sur le
résultat du sportif sera variable selon que le sujet pourra ou non faire
face au stress.
Le terme « Coping » utilisé en anglais
se réfère « à la somme totale de toutes les
stratégies utilisées par une personne pour palier une menace
envers sa stabilité Psychologique » (Chodoff et al. 1964). La
figure représente l'action du stress sur la performance.
Coping
Stimulus Perception
Performance
Et estimation
Emotion
Feedback
Effet du stress sur la performance
(d'après Lazarus, 1976).
Réaction de peine
La réaction de peine de Kubler-Ross (1969)
est le cadre le mieux reconnu pour décrire la réaction des gens
aux blessures sportives. Les adeptes de l'activité physique et les
athlètes qui se blessent passent souvent par un cheminement de cinq
étapes après la blessure. Ces étapes sont:
1. refus,
2. colère,
3. négociation,
4. dépression,
5. acceptation et réorganisation.
A la suite d'une blessure, la plupart des gens entrent dans
l'étape du refus. En état de choc, ils ne peuvent croire qu'ils
sont blessés et ont tendance à réduire la gravité
de la blessure et sa signification. Après que la réalité
de la blessure s'affirme, suit la colère. Les athlètes s'en
veulent et en veulent aux autres.
Ensuite vient la négociation: l'athlète
blessé tente de rationaliser afin d'éviter la
réalité. Par exemple, un coureur blessé se promet parfois
de s'entraîner encore plus fort ou d'être gentil avec tout monde
s'il récupère rapidement. A la quatrième étape,
l'individu reconnaît la gravité de sa blessure et de ses
conséquences. L'athlète réalise qu'il ne pourra
peut-être plus continuer de participer à plein régime et
connaît la dépression et l'incertitude face à l'avenir. La
dernière étape est l'acceptation. L'athlète sort de sa
dépression et est prêt à se concentrer sur sa
réadaptation et son retour à l'activité.
La plupart des athlètes passent par ces étapes en
réaction à une blessure, mais la vitesse et la facilité de
leurs progrès varient grandement. Pour une personne, le processus peut
exiger un jour ou deux; pour une autre, il est question de semaines ou
même de mois.
Les étapes n'ont pas nécessairement toutes la
même signification pour l'athlète. Par exemple,
une enquête auprès de physiothérapeutes
révèle que les athlètes passent par toutes les
étapes, mais que les étapes de refus et de négociation
sont plus fréquentes que les étapes de dépression et de
colère (Gordon, Milios et Grave, 1991)
H. Autres réactions aux
blessures
(Le Tableau 21.1) énumère d'autres
réactions psychologiques des athlètes et des adeptes de
l'activité physique lorsqu'ils se blessent (Petitpas et
Danish, 1995). La perte d'identité est particulièrement
importante chez les athlètes qui ne se définissent que par leur
sport. Les individus qui doivent mettre fin a leur carrière à
cause d une blessure ont souvent besoin de soins psychologiques particuliers,
parfois à long terme.
Tableau 2.1.1
Perte d'identité
Lorsque des athlètes doivent interrompre leur
participation à cause d'une blessure, ils subissent parfois une perte
d'identité. Autrement dit, ils perdent une partie importante
d'eux-mêmes et leur concept de soi en est gravement affecté.
Crainte et anxiété
Lorsqu'ils se blessent, certains athlètes ressentent
parfois des niveaux élevés de crainte et d'anxiété.
Ils s'inquiètent de ne pas récupérer, d'être
blessés à nouveau et de voir quelqu'un d'autre prendre leur place
de façon définitive au sein de l'alignement. Comme
l'athlète ne peut s'entraîner et prendre part à la
compétition, il a beaucoup de temps pour s'inquiéter.
Manque de confiance
Comme ils ne sont pas en mesure de s'entraîner et de faire
de la compétition et que leur condition physique est diminuée,
certains athlètes perdent confiance après une blessure. Cette
baisse de confiance peut provoquer une baisse de motivation, une performance de
moindre qualité ou une autre blessure car l'athlète compense
trop.
Diminutions de performance
Après leur blessure, certains athlètes subissent
parfois des baisses de rendement en raison d'une diminution du niveau de
confiance et de la perte de temps d'entraînement. .Nombreux sont les
athlètes qui ont de la difficulté à réduire leurs
attentes après une blessure et s'attendent à reprendre là
où ils avaient laissé.
D'après Petitpas et Danish (1995)
Indices d'un ajustement déficient à
une blessure
La plupart des individus vivent les étapes du processus
de la peine sans grande difficulté bien qu'ils aient certaines
émotions négatives. Comment peut-on dire si un athlète
réagit« normalement» à une blessure ou s'il a de
sérieuses difficultés et requiert une attention
particulière?
(Le Tableau 21.2) présente une liste de symptômes
qui constituent des signes avertisseurs d'un mauvais ajustement aux blessures
(Petitpas et Danish, 1995).
Un moniteur de conditionnement ou un entraîneur
qui observe ces symptômes chez un individu devrait en parler à un
spécialiste en médecine sportive et recommander de rechercher
l'aide d'un spécialiste en psychologie sportive.
Tableau 21.2,
Symptômes d'un ajustement potentiellement
problématique
aux blessures sportives
Sentiments de colère et de confusion.
Obsession de l'individu de savoir quand il pourra revenir au jeu.
Refus (p. ex. «Cette blessure n'a aucune importance»).
Retour trop hâtif au jeu à plusieurs reprises et
récurrence de la blessure. Excès de vantardise à propos de
réussites passées.
Insistance sur des plaintes physiques dérisoires.
Culpabilité de laisser tomber l'équipe.
Isolement des autres personnes importantes.
Changements rapides d'humeur.
Énoncés à l'effet qu'on ne
récupérera pas, quoi qu'on fasse.
D'après Petitpas &
Danish (1995)
III. Mise à niveau
i) Rôle de la psychologie sportive
en réadaptation des blessures
Des progrès considérables ont été
réalisés au cours des dernières années dans le
domaine de la réadaptation des blessures associées au sport et
à l'activité physique. La récupération active, les
techniques chirurgicales moins agressives et la musculation comptent parmi les
nouvelles façons de faire. De nouvelles techniques psychologiques
facilitent aussi le processus de récupération dont, notamment,
une approche plus holistique de la guérison de l'esprit et du corps.
j) Psychologie de la
récupération
Dans une étude sur la façon dont les
stratégies psychologiques favorisent la réadaptation d'une
blessure, les chercheurs tentent de voir si les athlètes qui
guérissent rapidement (moins de 5 semaines) de blessures du
deuxième degré au genou et à la cheville, font un
plus grand usage de stratégies et d'aptitudes psychologiques que les
athlètes qui guérissent lentement (plus de 16 semaines) (Ievleva
et Orlick, 1991).
Les chercheurs interviewent des sujets afin d'évaluer leur
attitude et leur perspective, leur stress et leur contrôle du stress, le
soutien social dont ils jouissent, le monologue intérieur positif et
l'imagerie de guérison qu'ils utilisent, les objectifs qu'ils se fixent
et leurs croyances. Les résultats révèlent que les
athlètes qui guérissent plus vite sont ceux qui font le P1us
appel à la fixation d'objectifs, aux stratégies de monologue
intérieur et, à un degré moindre, à l'imagerie de
guérison. Ces résultats indiquent que les facteurs psychologiques
jouent un rôle important dans la récupération d'une
blessure.
Des enquêtes réalisées auprès de
physiothérapeutes confirment cette conclusion. Wiese, Weiss et Yukelson
(1991) demandent à 115 physiothérapeutes d'identifier les
caractéristiques principales des athlètes qui réagissent
le mieux et le moins bien à leurs blessures. Selon les
physiothérapeutes, les caractéristiques qui distinguent les
athlètes qui réagissent bien à leurs blessures sont leur
bonne volonté à obéir au physiothérapeute, le
maintien d'une attitude positive envers la blessure et le processus de
réadaptation et la motivation intrinsèque (auto motivation de
l'individu à récupérer).
Par contre, une autre étude conclut que le refus
d'assumer la responsabilité de sa propre réadaptation, le refus
de la blessure et le non-respect des régimes de réadaptation sont
des signes d'une réaction inadéquate à la blessure
(Gordon, Milios et Grove, 1991). Comme réactions
psychologiques positives à la blessure, les physiothérapeutes de
cette étude mentionnent les actions suivantes: poser des questions au
thérapeute, obéir aux conseils médicaux, collaborer avec
le thérapeute et accepter les restrictions imposées au plan
physique.
k) Conséquences pour le traitement et la
récupération de blessures
Des études descriptives montrent clairement que
le temps est venu d'utiliser une approche plus holistique et de
compléter la thérapie physique par des stratégies
psychologiques afin de favoriser la récupération des blessures.
Les aspects psychologiques de la réadaptation découlent des
réactions à la blessure. Cependant, le simple fait de comprendre
le processus de réaction à la blessure ne suffit pas. Plusieurs
procédures et techniques de psychologie sportive favorisent le processus
de réadaptation:
1. créer une affinité avec la personne
blessée.
2. renseigner la personne sur sa blessure et le processus de
récupération.
3. enseigner des stratégies psychologiques
particulières afin de réagir efficacement.
4. préparer la personne à faire face à
certaines déceptions,
5. encourager le soutien social.
Il appartient au psychologue sportif ou au thérapeute
d'apprendre et de gérer ces procédures selon les exigences de la
situation.
l) Créez une affinité avec la
personne blessée.
Lorsqu'ils se blessent, athlètes et adeptes de
l'activité physique ressentent souvent incrédulité,
frustration, colère, confusion et vulnérabilité. Ces
émotions constituent des obstacles qui rendent parfois difficile
à quiconque de créer une affinité avec la personne
blessée. Il est utile de faire preuve d'empathie - c'est-à-dire
d'essayer de comprendre comment se sent la personne.
De plus efforcez Vous de fournir un soutien social et
d'être indisponible pour la personne blessée.
Rendez-lui visite, appelez-la et montrez-lui votre
intérêt. Ceci est particulièrement important une fois que
la nouveauté de la blessure s'est estompée et que les
athlètes se sentent oubliés. Lorsque vous créez une
affinité avec la personne, faites attention de ne pas vous montrer trop
optimiste quant à la vitesse de la récupération. Il est
préférable de vous montrer positif et de mettre l'accent sur le
travail d'équipe à l'égard de la
récupération. (<<
Quelle malchance, Marie, il faudra travailler fort pour surmonter
cette blessure. Mais je suis avec toi et ensemble nous te remettrons sur
pied»).
m) Renseignez l'individu sur sa blessure et son
processus de récupération.
Il est important de dire à la personne à quoi
s'attendre au cours du processus de récupération, surtout s'il
s'agit d'une première blessure.
Aidez-la à comprendre la blessure en termes pratiques.
Par exemple, si un lutteur souffre d'une fracture de la clavicule, vous pouvez
lui montrer avec une baguette comment se présente sa fracture. Dites-lui
qu'il sera absent de la compétition durant 3 mois. Il est aussi
important de lui dire que son épaule ira beaucoup mieux dans 1 mois.
Dites-lui qu'il sera tenté de reprendre trop tôt ses
activités normales et qu'il pourrait ainsi ralentir sa
guérison.
Il est important de décrire le processus
précis de récupération. Par exemple, le
thérapeute peut indiquer à un lutteur qu'il pourra faire de la
bicyclette stationnaire dans 2 ou 3 semaines, commencer des exercices de
flexibilité dans 2 mois et poursuivre avec un programme de musculation
jusqu'à ce qu'il trouvé la force antérieur à sa
blessure. C'est alors et seulement alors qu'il pourra recommencer à
lutter, d'abord en faisant des éducatifs et en progressant graduellement
vers le contact. (Le processus de la réadaptation progressive est
traité dans l'ouvrage de Tippett [1994] intitulé Progressions
fonctionnelles de réadaptation en sport).
n) Enseignez des stratégies psychologiques
particulières de réaction.
Les stratégies psychologiques les plus importantes en
réadaptation sont:
la fixation d'objectifs,
le monologue intérieur positif,
l'imagerie,
l'entraînement à la relaxation
(Hardy et Crace, 1990 ; Petitpas et Danish, 1995; Wiese
et Weiss, 1987).
Les objectifs peuvent porter sur la date de retour à la
compétition, le nombre de présences hebdomadaires en salle
d'entraînement et le nombre d'exercices de flexibilité, de force
et d'endurance à exécuter au cours des séances de
récupération. Les athlètes très motivés ont
tendance à outrepasser leur prescription thérapeutique et
risquent de se blesser à nouveau s'ils exagèrent. Par
conséquent, il est important d'insister pour qu'ils s'en tiennent aux
objectifs et évitent d'exagérer parce qu'ils se sentent bien
à un moment donné.
Les techniques de monologue intérieur sont importantes
pour contrebalancer.
La baisse de confiance qui résulte parfois d'une blessure.
Les athlètes
doivent apprendre à interrompre les pensées
négatives (<<Je ne me sentirai jamais mieux») et les
remplacer par des pensées réalistes et positives (<< Je
suis déprimé aujourd'hui, mais je suis à jour dans mon
plan de réadaptation - il s'agit d'être patient et tout ira
bien»).
La visualisation est utile de plusieurs façons en
réadaptation. Un joueur blessé peut s'imaginer en
compétition afin de maintenir son niveau d'habileté technique et
de faciliter son retour au jeu. Un individu peut utiliser l'imagerie pour
visualiser la disparition du tissu blessé et la croissance d'un tissu
sain et du muscle et hâter sa récupération (Figure 21.2).
Cela peut paraître tiré par les cheveux pour certains, mais
levleva et Orlick (1991) ont démontré que l'imagerie de
guérison est caractéristique des patients qui guérissent
rapidement de blessures au genou. (L'imagerie de guérison tire son
origine des progrès de traitements non traditionnels du cancer).
L'entraînement à la relaxation est parfois utile
pour soulager la douleur et le stress qui accompagnent habituellement les
blessures graves et la récupération. Les athlètes peuvent
aussi utiliser la relaxation afin de mieux dormir et de réduire la
tension en général.
o) Enseignez les façons de réagir aux
déconvenues.
La réadaptation de blessures n'est pas
une science exacte. Les gens récupèrent à des rythmes
divers et les déconvenues ne sont pas rares. Par conséquent, il
importe de préparer un individu blessé à réagir
déceptions. Au moment où
Figure 21.2 Visualisation
au moyen de l'imagerie et de guérison.
vous créez une affinité avec lui, informez-le
de la probabilité que la récupération ne progresse pas au
rythme désiré à certains moments. En même temps,
incitez-le à conserver une 'attitude positive envers sa
récupération. Les déconvenues sont courantes et il n'y a
pas de raison de paniquer, Il ne faut pas se décourager. ..
De même, il faut évaluer périodiquement
les objectifs initiaux et les redéfinir. Afin de leur permettre
d'acquérir les aptitudes nécessaires à une réaction
efficace, incitez les individus à tenir les personnes de leur entourage
au courant des déceptions qu'ils subissent. En faisant part de leurs
sentiments, ils bénéficieront probablement du soutien social dont
ils ont besoin.
p) Favorisez le soutien social.
Le soutien social s'exprime de diverses façons. Selon
Hardy et Crace (1991, p. 1), le soutien social se définit le mieux comme
«un échange de ressources entre deux individus ou plus qui donne un
résultat bénéfique pour le récipiendaire ». Il
s'exprime parfois sous la forme d'appui émotif des amis et des proches,
d'appui non officiel de la part d'un entraîneur (p. ex. «Tu es sur
la bonne voie») ou de soutien tangible (p. ex. argent des parents).
Les athlètes blessés ont besoin d'aide. Ils ont
besoin de savoir que leurs entraîneurs et leurs coéquipiers
s'inquiètent d'eux et que les gens vont être attentifs à
leurs inquiétudes sans les juger. Ils s'intéressent à la
façon dont d'autres athlètes ont récupéré du
même genre de blessure. C'est une erreur de croire que le soutien social
adéquat est automatique. Comme nous l'avons dit
précédemment, le soutien social semble plus
récupération. Rappelez-vous qu'un soutien social adéquat
est nécessaire tout au long de la récupération.
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