Section3 : Les Mutuelles d'Epargne et de
Crédit (MEC)
Les MEC sont des Sociétés à capitaux
variables, associant des personnes volontairement réunies pour
satisfaire leurs aspirations et besoin économiques, sociaux et culturels
communs au mayen d'une entreprise dont la propriété est
collective et ou le pouvoirs est exercé démocratiquement. Ce sont
des institutions financières du type coopératif qui visent
à améliorer les conditions de vie de ses membres. Elles sont
contrôlées et organisées démocratiquement par ses
membres qui sont propriétaires usagers.
Ces MEC se prolifèrent un peu partout au
Sénégal mais la formation de leur personnel reste une
préoccupation majeure.
3-1/Des MEC sur l'ensemble du territoire national
La population sénégalaise (principalement les
ruraux) s'intéressent de plus en plus aux mutuelles d'épargne et
de crédit. Ces dernières ont pour mission de rendre aux
adhérents des services financiers aux meilleures conditions. Les
adhérents mettent en commun leurs épargnes pour se fructifier et
se procurer mutuellement des services financiers à des termes et
conditions dont-ils conviennent ensemble. Les finalités de ces
sociétés sont de :
i) favoriser l'émergence réseau autonome
d'institutions financières mutualistes capables d'améliorer de
façon significative l'intermédiation financière en milieu
rural et garantir sa pérennité ;
ii) collecter l'épargne, la faire fructifier et
rétrocéder en crédit pour le financement des initiatives
économique de base ;
Les MEC ont pour but de :
i) mettre en commun l'épargne des membres, fructifier leur
épargne en leur consentant des prêts à des conditions
convenables ;
ii) rendre à ses membres des services de bonnes
qualités et adaptables au milieu ;
iii) stimuler l'esprit d'initiative individuel et collectif des
membres ;
iv) travailler d'une façon rentable pour aboutir à
un autofinancement et une prise en charge progressive ;
v) aider les membres à être actifs dans les milieux
socio-économiques respectifs.
Aujourd'hui, on peut trouver, presque dans tous les coins du
pays, des MEC. Une liste de ces structures sera présentée en
annexe mais il parait intéressant de faire le point sur une mutuelle,
comme par exemple MEC AFER Nord, pour avoir un aperçu sur le
fonctionnement de l'ensemble.
Basée à Saint Louis, la Mutuelle d'Epargne et de
Crédit de l'Association des Femmes Entreprises Rurales du Nord (MEC
AFER) a été créée en octobre 2000 par l'Association
des Femmes Entreprises Rurales du Nord.
Depuis sa création, la mutuelle a
bénéficié de l'appui technique et financier de quelques
intervenants du secteur de la microfinance au Sénégal (notamment
Winrock International, Aquadev, etc...) et redistribue essentiellement des
financements octroyés par des programmes de développement
nationaux : FNPJ et FNPEF ; ou internationaux : Chine Petits
Paysans (CPP) et Banque Ouest Africaine de développement (BOAD).MEC AFER
est une institution qui a connu une très forte croissance grâce
son activité importante de redistribution de financements
octroyés par des programmes de développement.
Cependant malgré une gouvernance dynamique et très
impliquée, son organisation interne ne présentent pas la
maturité nécessaire pour assurer un suivi correct de ses lignes
de crédit (le conseil de surveillance a longtemps été
léthargique, le système d'information est essentiellement manuel
et le contrôle interne quasiment inexistant). Ces facteurs internes
allies à d'autres externes (influence des fonds sur le choix des
bénéficiaires des crédits, faible niveau de remboursement
des crédits, invasion acridienne notée en 2004, etc...) ont
été à l'origine des nombreux dysfonctionnements que
connaît aujourd'hui la gestion du crédit de la mutuelle.
Ainsi, des améliorations nécessaires pour atteindre
le minimum requis ne manquent pas et peuvent se résumer en ces
termes :
Ø Diversification des sources de financement
Ø Renforcement des capacités du personnel technique
en microfinance, en comptabilité et analyse financière.
Ø Mise en place de procédures claires et
précises notamment en terme de contrôle interne
Ø Renforcement du système d'information.
Nous pouvons aussi, noter que MEC AFER est membre de
l'Association Professionnelle des Institutions de Microfinance d'Epargne et de
Crédit (APIMEC) du Sénégal.
3-2/La formation du de ces MEC
Les Mutuelles souffrent souvent d'un manque de main d'oeuvre
qualifiée. Et pourtant, chaque jour des diplômes restent à
ne rien faire parce qu'ils ne trouvent rien à faire. Former ces gens
pour qu ils forment à leur tour le personnel des mutuelles serait un
investissement fort rentable (cf. chap.1)
Cette formation leur permettra de :
ü maîtriser les outils de gestion de base (journal de
caisse, gestion de stock, compte de résultat, budget
prévisionnel...) ;
ü élaborer un bon dossier de demande de crédit
et bien gérer un crédit ;
ü mettre en place une gestion administrative de
base ;
ü former un groupe aux connaissances et pratiques
acquises ;
ü définir les étapes d'un plan
stratégique en suivant une approche de marché et les appliquer
à leur institution ;
ü réaliser une étude pour déterminer
qui et où sont les clients ;
ü évaluer leur propre institution, en identifiant ses
forces et ses faiblesses ... ;
La visite de certaines mutuelles nous a permis de constater que
dans la plupart d'entre elles :
-Il n'y a pas d'agents pour établir les états
financiers, procéder au contrôle sur pièce des
opérations et enfin effectuer le suivi des prêts (elles font appel
à des consultants externes pour ces taches) ;
-Il n'existe pas de politique claire de gestion des ressources
humaines avec une définition précise des taches et des
responsabilités des membres du personnel. Les agents ne disposent pas
encore de fiches de poste formalisées.
-Il n'y a pas d'agents de crédit chargé de
l'étude des demandes, du suivi et du recouvrement des prêts. Ce
rôle est souvent joué par les coordinatrices de zone, des
élues qui n'ont pas de compétences en microfinance suffisantes.
Ceci à pour conséquence un suivi du portefeuille parfois
défaillant et une absence d'homogénéité du travail
mené par les différentes coordinatrices de zone.
-Les états financiers sont produits actuellement par un
prestataire externe sur la base du grand livre des comptes. Cependant, ce
dernier ne procède pas systématiquement à la
vérification des données contenues dans le grand livre par un
rapprochement avec les fiches individuelles des clients.
-Le personnel technique manque de formation pour produire et
analyser les ratios de gestion classiques. Il n'y a donc pas d'analyse
financière.
En définitif, le besoin de formation du personnel de ces
structures financières reste un défi à lever. Cependant,
ces manquements sont atténués par les partenariats.
|