CHAPITRE II : Les institutions de microfinance
intervenant en milieu rural
Introduction : Une institution de microfinance peut
être définie comme étant une organisation qui offre des
services financiers à des pauvres à revenus modestes qui n'ont
pas accès ou difficilement accès au secteur financier formel.
Nés dans le contexte de la réforme bancaire , les institution de
microfinance ont connu un essor fulgurant , tout d'abord par l'alternative
qu'il représentent pour les opérateurs économiquement
faibles mais aussi par un appui constant des autorités monétaires
et financières. Ainsi on se propose d'étudier ce présent
chapitre suivant quatre sections :
- Genèse des institutions de microfinance ;
- Les réseaux ;
- Les mutuelles d'épargnes et de crédit
(MEC) ;
- Les partenariats.
- Section1 : Genèse des institutions de
microfinance.
Comme dans la plupart des pays en voie de développement,
les circuits classiques de financement n'ont pas su jouer pleinement leur
rôle .Les services financiers décentralisés (SFD) ont
constitué dans ce cadre, une alternative au système bancaire
classique, parce qu'adaptées au contexte socioculturel et aux
aspirations des populations (rurale en particulier) dans la recherche des
moyens efficaces de lutte contre la pauvreté et de financement
d'activités productives .Il importe ainsi de passer en revu les
insuffisances du système bancaire traditionnel avant de parler de la
genèse des institutions de microfinance.
1-1/Les insuffisances du système bancaire
traditionnel.
Au moment des indépendances,il y a eu l'apparition des
banques de développement , qui avaient pour vocation d'aider l'ensemble
des programmes et des projets de développement, notamment les
infrastructures, l'industrie, l'artisanat,...et l'agriculture .En
réalité la majorité de ces banques se sont peu
intéressées au développement rural et ont souvent fait
faillite .D'ou l'idées de banques spécialisées dans
l'agriculture ,comme << les caisses nationales de crédits
agricole>>, à partir de capitaux provenant de l'Etat ou de
financements extérieurs. La plupart ont rencontré de nombreuses
difficultés et son, t plus ou moins en faillite. Par exemple en Afrique
de l'Ouest « francophone », seules deux banques, au Mali et
au Burkina Faso, par ailleurs très liées aux filières
coton, sont en bonne santé financière. Quatre sont en faillite,
une en survie artificielle (au Sénégal, cf.chap1).
Les banques commerciales, sauf rares exceptions, ne sont pas
intéressées par le financement des petites exploitations
agricoles. Des prêts de faible volume, à une clientèle
dispersée géographiquement, ne présentant pas de garanties
matérielles sont coûteux à gérer (de l'octroi
à la récupération) et sont risqués :
aléas climatiques et économiques, information insuffisante sur
l'emprunteur, etc. Différents programmes ont essayé
d'intéresser les banques à ce nouveau public sans grand
succès à cause de la rigidité du système financier
de ces banques.
A coté de ce système bancaire, il y'avait aussi
le secteur informel. Pendant longtemps, les activités du secteur
« informel » étaient considérer comme
relativement marginales et cantonnées à des « affaires
sociales » : solidarité pour faire face à des
frais de funérailles, de maladie ou de scolarité.
Les tontines ont plusieurs siècles d'existence. La forme
la plus simple repose sur le principe de réciprocité : un
groupe se constitue sur une base sociale homogène du revenu, de
profession, d'origine ethnique.... Chacun cotise à date
régulière ; à tour de rôle chacun reçoit
l'ensemble des cotisations.
Au cours des dernières années, il
apparaît de plus en plus claire que les banques classiques ne sont pas
véritablement intéressées à ce public de petits
exploitations paysannes ou entrepreneurs ruraux et que leurs techniques
financières ne sont pas adaptées pour servir ce segment de
clientèle. Par ailleurs, le secteur informel est
toujours aussi vivant et adapté, mais ses moyens sont limités et
ses services sont souvent coûteux ou risqués. D'où la
nécessité de nouvelles institutions financières, d'un
secteur intermédiaire entre les banques et l'informel, que l'on qualifie
généralement de
« microfinance », parce qu'elle s'adresse
à des petits producteurs, l'immense majorité de la population
comme le monde rural.
1-2/Genèse des institutions de
microfinance
Les institutions de microfinance constituent une alternative au
système bancaire classique parce qu'adaptées au contexte
socio-culturel et aux aspirations des populations dans la recherche de moyens
efficaces de lutte contre la pauvreté et de financement du
développement à la base.
L'évolution des institutions est marquée par deux
périodes :
-une première période caractérisée
par l'émergence du système et la mise en place du cadre juridique
régissant les institutions ; elle se situe entre 1993-1997
-Une deuxième période de consolidation qui a
débutée avec le regroupement certaines structures en vue de se
doter d'institutions faîtières.
L'émergence du système et la mise en place du cadre
juridique 1993-1997 a été marquée par l'adoption d'un
dispositif transitoire relatif à l'organisation, aux conditions
d'agrément et de fonctionnement des structures mutualistes
d'épargne et de crédit (Arrêté N° 1702 du
23/02/1993).
Si ce texte a favorisé l'agrément de beaucoup
d'institutions, il n'avait prévu aucune disposition sur la
reconnaissance des groupements d'épargne et de crédit.
En outre, il ne comporté aucune règle
particulière sur :
· Les infractions et les sanctions ;
· Les organes de gestion et de contrôle ;
· Les normes de gestion financière.
Ces limites peuvent se justifier en raison du caractère
transitoire même du texte. Il est donc normal qu'une loi soit
adoptée deux années plus tard, le 05/01/1995 avec un domaine
d'intervention plus vaste du fait du délai de transition qui devrait
être observé pour faciliter son application ;
l'arrêté a survécu jusqu'à la publication du
décret d'application en novembre 1997.
De 1997 à nos jours, on assiste à une consolidation
qui est caractérisée par :
Le
renforcement des structures,
Le
regroupement significatif de certains institutions en réseaux, et
Le
développement à large échelle du système.
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